22E jour du procès à Aachen
plaidoiries de la défence et troisième déclaration de Gabriel
A cause de la présence nombreuse d’environ 30 sympathisantEs, à côté d’environ 10 interresséEs « non impliquéEs » et de la présence massive habituelle de divers agents en civil, la séance débuta environ une demi-heure plus tard que prévu. Les contrôles chicaneux habituels semblèrent plus minutieux et les pièces d’identité des spectateurs/trices furent à nouveau photocopiées, pour certainEs même en 5 exemplaires.
Vu que les plaidoiries de la défense ( Poell/Rubarth pour Gabriel, Israel/Wunsch pour José, Lindemann/Franke pour Bart et Gesa Schulz pour Begoñia) se rapportaient l’une à l’autre respectivement et critiquaient massivement les mêmes points de l’accusation, voici un compte-rendu :
Le premier point de toutes les plaidoiries se réfèraient à celle du procureur Geimer ainsi qu’à son reproche du retardement du procès. L’avocat Poell démontra, exemples à l’appui, que Geimer, contrairement à ses déclarations, avait déjà vécu des déroulements de procès semblables et qu’il en avait même mis en scène. Ce serait lui aussi qui imputa à Gabriel, José et Bart une motivation politique pour les évènements de Aachen, alors que ceux-ci déclarèrent à plusieurs reprises que ce n’était pas une action politique. Ainsi, non seulement on perquisitionna à plusieurs reprises son courrier pour en savoir plus sur le fond politique des accusés, mais même les visites des avocats devaient par moment pour José se dérouler avec une vitre de séparation. L’avocat Lindemann accusa Geimer de mettre en scène un « stammheim en miniature » et une mauvaise copie des procès contre les groupes armés des années 70. Ainsi, pour Rubarth, la plaidoirie du procureur passa complètement à côté du sujet et était impreignée de la pure volonté de créer un certain climat. Du côté de la défence on reprocha unanimement à la cour et au procureur de ne s’être quasiment pas occupés du passé de Gabriel et de José alors que cela avait été promis/assuré. Les avis de deux « expertEs », qui, selon leurs propres déclarations, ne s’y connaissaient pas dans les thématiques de la torture et de l’isolation, furent logiquement rejetés par les deux intéressés et n’ont donc pas été pris en considération par la défense. A plusieurs reprises, les concernés s’engagèrent à collaborer si les avis avaient été faits par des experts compétents, mais aucune attention n’y fut prêtée. Le procureur se référa à plusieurs reprises à diverses condamnations en Espagne sans pour autant les éclaircir d’avantage. Selon la défense, sans plus d’explications les évènements devaient être considérés comme « Ersttäterschaft » (première condamnation) en Allemagne, ce qui vaudrait comme circonstance atténuante. En ce qui concerne le sujet de « l’incompréhension »de la part de la population, l’avocat Poell raconta encore qu’après avoir expliqué sa tâche à Aachen, il avait pu prendre un taxi gratuitement ou avec réduction à plusieurs reprises. Dans sa plaidoirie, l’avocat Israel reprocha ouvertement au tribunal son attitude mensongère, l’avocat Lindemann parla même de justice de classe. ToutEs les avocatEs ont attaqué sévèrement la comparution de José et Gabriel les pieds et mains liés comme étant indigne et méprisant de l’être humain. Si l’on prend en compte cela, la comparution de Gabriel en slip est à voir comme une protestation respectable et non comme un manque de respect. L’avocat Franke exprime ici ouvertement sa crainte que dans son verdict le tribunal pourrait plus se laisser guider par sa fierté blessée et par la proximité politique des accusés que par les faits. Dans ce contexte,l’avocat Lindemann revient encore une fois sur les déclarations qui se sont révélées contradictoires sur plusieurs points et qui, partiellement, ont même été démenties par les images vidéo. Pourtant, il ne leur imputa pas de faux témoignages volontaires mais souligna que les témoins en question avaient probablement vraiment perçu la situation comme ça. Les peines exigées par le procureur furent caractérisées comme absurdes et grotesques par toutEs les avocatEs de la défense. L’avocate Wunsch parle ici de « défaillance de l’Etat de droit ». Dans la même optique, l’avocat Lindemann demande à Geimer si sous Stpo (Strafprozessordnung-code d’instruction crimelle) il comprenait code d’instruction criminelle ou code d’instruction spectaculaire.
Au sujet des différents points de l’accusation :
les accusations de tentatives de meurtre et de préméditation de crime ne seraient pas retenables car, manifestement, aucune préméditation n’avait eu lieu et un plan de ville trouvé ne serait rien d’inhabituel. Cela serait prouvé par la vidéo de la station service et par diverses déclarations de témoins. De plus, Gabriel aurait uniquement tiré en l’air ainsi que sur les pneus et le moteur du véhicule de police qui les poursuivait. Et cela à pas d’homme, et non en courant. Le fait que ce point de l’accusation avait été laissé tomber au début du procès pour être repris maintenant sans nouvelles révélations/preuves serait incompréhensible.
l’accusation de vol de voiture serait à transformer en « usage non consenti » ( unbefugte Nutzung), dans ce contexte, on se réfère à un verdict de la Cour de justice fédérale (BGH). Celui-ci indique que pour être considéré comme vol, il faudrait qu’il y ait eu l’intention de faire « changer » le véhicule de propriétaire définitivement ou à long terme. Le véhicule en question à Aachen aurait pourtant été retrouvé quelques centaines de mètres plus loin en pleine rue.
la seule accusation retenable serait la prise d’otages pendant une vingtaine de minutes environ. Selon le paragraphe 20/21, l’état psychologique de Gabriel et de José serait à prendre en considération comme circonstance atténuante. Cet état serait dû aux expériences traumatiques dans les prisons espagnoles et à la perspective de devoir y retourner suite au contrôle à Aachen. Le fait que ce soit pour toutEs la première condamnation en Allemagne serait également à prendre en considération comme circonstance atténuante. De même pour le fait qu’à plusieurs reprises on tenta de calmer les otages et de leur rassurer que rien n’allait leur arriver. Vu le fait que Bart n’ait pas joué un rôle actif durant les événements et que même sans sa présence ils se seraient déroulés de la même manière, on plaida pour son acquittement. Comme circonstance atténuante, seraient aussi à prendre en compte les conditions d’incarcération disproportionnellement dures, surtout dans le cas de José.
Le braquage de banque à Karlsruhe, apparemment perpétré par José, serait aussi impossible à prouver. Les témoins n’ont pas pu l’identifier et l’expertise concernant la comparaison des oreilles avec les images de la vidéo de surveillance n’indique qu’une certaine probabilité.
Begoña devrait être acquittée de l’accusation de recel, car Geimer ne pourrait tout de même pas attendre que Begoña s’informe sur la provenance de l’argent de José. L’accusation de résistance lors de l’arrestation se base uniquement sur les déclarations des policiers, qui sont contestées par Begoña, et sur la vidéo de la station service, on ne peut rien observer qui irait dans ce sens. Son comportement durant le traitement signalétique resulterait uniquement de son arrestation pendant laquelle elle avait été enfermée dans le porte bagage et du fait qu’elle avait été accusée, de façon complètement injustifiée, de tentative de meurtre, etc. Dans ce contexte, il est absolument incompréhensible qu’elle ait dû participer à l’ensemble du procès.
Vu que les avocatEs de José et de Gabriel ne voulaient pas plaider pour un quantum de peines précis illes exigèrent, en considérant les points susmentionnés, une peine légère. Pour Begoña, on exigea la suspension du mandat d’arrêt, un dédommagement pour la détention préventive, ainsi que l’acquittement sur tous les points. Pour Bart, également un acquittement sur tous les points de l’accusation.
Après les plaidoiries et à la suite d’une pause d’une demi heure environ, Gabriel fit sa troisième déclaration qui dura environ vingt minutes ( elle sera publiée sur www.escapeintorebellion.info d’ici peu). Pendant la lecture de celle-ci, le juge Nohl menaça de nouveau de faire évacuer la salle, à la suite de l’applaudissement enthousiaste de la part des sympathisantEs.
Après la fin de la déclaration pourtant, il leva la séance assez vite pour ne pas se retrouver dans la situation pénible de devoir mettre en pratique ses menaces.
Le verdict tombera le 28 septembre à neuf heures dans la salle 339 du Landesgericht de Aachen. Soyons nombreuxEs.