mercredi 14 septembre 2005
PARIS (AP) - Nathalie Ménigon, ancienne membre d’Action Directe, s’est vue refuser mercredi sa demande de libération conditionnelle par la cour d’appel de Douai (Nord), tandis que le parquet de Tarbes (Hautes-Pyrénées) s’est opposé à une requête similaire de son ancien compagnon de lutte, Jean-Marc Rouillan, incarcéré à Lannemezan.
La tribunal d’application des peines de Tarbes se prononcera le 19 octobre.
Nathalie Ménigon, 48 ans, et Jean-Marc Rouillan, 53 ans, ont été condamnés, avec les autres membres de ce groupe terroriste d’extrême gauche, à la réclusion criminelle en 1989 pour l’assassinat trois ans plus tôt du PDG de Renault, Georges Besse. En 1994, ils ont à nouveau été condamnés à perpétuité, notamment pour l’assassinat en 1985 de l’inspecteur général de l’armement, René Audran.
"C’est une décision plus politique que juridique", a réagi l’avocat de Nathalie Ménigon, Me Jean-Louis Chalanset, au refus de la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai. Nathalie Ménigon est incarcérée à Bapaume (Nord).
Mercredi, le tribunal d’application des peines et le procureur de Tarbes se sont déplacés à la centrale de Lannemezan où Jean-Marc Rouillan est détenu. A l’issue de ses 18 ans de période de sûreté, il pouvait formuler une demande de libération conditionnelle. Comme Nathalie Ménigon.
"Le parquet doute de son projet de réinsertion, mais surtout, on exige de lui qu’il condamne non seulement son action mais aussi ses opinions", a indiqué à l’AP son avocat, Me Christian Etelin, soulignant que ce refus du parquet de Tarbes était similaire à ceux du ministère public pour les autres détenus d’AD encore incarcérés.
Les éditions Agone, qui ont déjà publié certains de ses écrits, lui ont proposé un emploi de rédacteur en cas de libération.
Par deux fois, Nathalie Ménigon a essuyé un refus de suspension de peine pour raisons de santé. Elle est partiellement hémiplégique à la suite d’accidents vasculaires cérébraux.
Jean-Marc Rouillan "reconnaît avoir commis une erreur en allant dans la lutte armée dans le contexte de l’époque, mais il refuse d’abjurer son idéal révolutionnaire et d’être un renégat", a ajouté Me Etelin.
"Je sais bien que si nous nous repentions, nous serions soudainement adulés par la bonne société, mais ce n’est pas notre vision de la responsabilité politique. Notre engagement n’est pas à vendre ni à échanger contre un peu de liberté", a dénoncé dimanche Jean-Marc Rouillan dans une interview au "Journal du Dimanche".
Joëlle Aubron, 44 ans, ex-d’Action Directe, a bénéficié d’une suspension de peine en juin 2004 après 16 ans de détention. AP