Paris 21 juin 2005
Hier, dimanche 19 juin 2005, l’organisation armée basque ETA annonçait la fermeture du front des actions menées contre les élus des partis politiques espagnols. Cette nouvelle, accueillie de façon positive par la majorité des partis, démontre une fois de plus la volonté d’ETA de mettre toute les chances du côté de l’instauration d’un processus pouvant mener à une paix stable et durable.
Depuis le 14 novembre 2004 et la proposition de paix présentée par Batasuna (« Orain herria, orain bakea »), l’organisation armée a répété sa disposition à s’inscrire dans un processus tel que celui décrit par la parti de la gauche indépendantiste.
Aujourd’hui, après la rupture du Pacte Antiterroriste, après l’échec de la politique d’illégalisation et les pas importants accomplis dans le but de parvenir à une solution dialoguée, elle a décidé de faire un geste fort, en annonçant avoir fermé, depuis le 1er juin, le front des actions contre les élus des partis politiques espagnols.
Nous, Solidaires du Peuple basque en lutte - Paris, tenons à saluer ce geste qui démontre une fois de plus que la résistance basque a la volonté de mettre tous ses atouts dans la recherche d’une solution politique dialoguée. Nous partageons l’enthousiasme de celles et ceux qui voient les choses évoluer vers la mise en place des deux tables de négociation auxquelles appelle Batasuna depuis le 14 novembre : une table réunissant ETA et les Gouvernements, visant à parvenir à un accord sur la démilitarisation du conflit, sur la situation des prisonnier(e)s politiques basques et sur les victimes du conflit ; et un table rassemblant les acteurs politiques, sociaux et syndicaux pour un accord politique sur l’avenir du Pays basque, accord qui devra s’articuler autour du droit d’autodétermination du peuple basque.
Cependant, comme beaucoup de Basques en ce moment, nous attendons aussi des gestes forts, notamment de la part du Gouvernement espagnol. Le Mouvement de Libération National Basque, depuis de nombreux mois, ne se contente pas de proposer, mais fait des pas qui témoignent de sa volonté. Qu’en est-il du Gouvernement espagnol ?
Bien que, il y a quelques jours, les députés espagnols ont votés une motion donnant au Gouvernement l’aval du Congrès pour entamer le dialogue avec ETA, rien n’indique que ce dialogue a commencé. Quand est-ce que Madrid passera des belles paroles aux actes ? Quand est-ce que Rodriguez Zapatero fera un pas significatif montrant que sa volonté ne se limite pas à de la parade ?
Parmi les gestes forts que Madrid doit envisager, il y a fin des politiques d’éloignement et de dispersion des prisonnier(e)s politiques basques. Ils sont de plus en plus nombreux à évoquer un changement sur ce point comme un pas décisif pour le processus.
Les Solidaires du Peuple basque en lutte - Paris rappellent que si l’État espagnol est le concepteur de l’éloignement et de la dispersion des membres du Collectif des Prisonnier(e)s Politiques Basques, ces politiques carcérales sont tout autant appliquées par l’État français. C’est donc à Paris, aussi, de saisir les chances naissantes. A Paris, aussi, de suivre de près l’actualité d’un conflit dont le Gouvernement français est aujourd’hui un acteur à part entière. Car si les choses continuent à évoluer de façon positive de l’autre côté des Pyrénées, le peuple basque ne tardera pas à tourner son regard vers la capitale française.
Pour la fin des politiques de dispersion et d’éloignement des prisonnier(e)s politiques basques !
Pour un processus menant à une paix stable et durable au Pays basque !
Pour le respect du droit du peuple basque à disposer de lui-même !
Autodétermination !
SOLIDAIRES DU PEUPLE BASQUE EN LUTTE - PARIS / SPBL- PARIS
*******
Solidaires du Peuple basque en lutte - Paris est un groupe internationaliste basé sur la région parisienne et dont l’objectif est de contrecarrer le silence médiatique pesant sur le conflit basque et la lutte du peuple basque pour le respect de ses droits individuels et collectifs, au premier rang desquels figure le droit d’autodétermination.
Nous ne faisons pas partie du Mouvement de Libération National Basque, mais essayons, dans la mesure de nos moyens, d’apporter notre soutien à ce mouvement, en rediffusant des textes et traductions qui en émanent, en soutenant le Collectif des Prisonnier(e)s Politiques Basques dans leurs initiatives, et en apportant une aide concrètes à leurs familles.
SOLIDAIRES DU PEUPLE BASQUE EN LUTTE - PARIS
SPBL - PARIS
10, RUE DE PANAMA
75018 PARIS
spblparis@aol.com
Voici le texte intégral du communiqué d’ETA reçu le 18 juin 2005 par Euskadi Irratia, traduit par EiTB24.com de la langue basque au castillan, et traduit par les Solidaires du Peuple basque en lutte - Paris du castillan au français.
L’annonce faite par ETA vient, une fois de plus, témoigner de la volonté de l’organisation armée basque de parvenir à une solution politique et démocratique au conflit.
Communiqué de Euskadi Ta Askatasuna (ETA) adressé au peuple basque
Euskadi Ta Askatasuna, organisation socialiste révolutionnaire basque de libération nationale, veut faire connaître le contenu de la réflexion qu’elle a menée par rapport à la situation politique que vit le Pays basque et par rapport au changement politique, et veut aussi annoncer au peuple basque la décision qu’elle a prise.
Réflexion d’ETA
Comme nous l’avons récemment signalé dans notre communiqué, le Pacte Antiterroriste a échoué. Ce Pacte, créé pour détruire la gauche indépendantiste, pour soutenir la répression du Pays basque, s’est défait. Et, dans le même temps, la politique d’illégalisation a échouée dans ses objectifs politiques.
Entre autres choses, à la base de cet échec, il y a la capacité de continuer de l’avant dont la gauche indépendantiste a fait preuve dans les moments les plus difficiles. Au fil des ans, et comme preuve du fait que la gauche indépendantiste s’est renforcée, les autorités espagnoles ont eu en face d’elles la force de la libération basque lors des élections de la Communauté Autonome Basque.
Dans le même temps, le Pays basque mène de nombreuses tentatives pour apporter une solutin démocratique au conflit que nous vivons avec l’Espagne et la France, et la référence la plus claire à cela réside dans l’Accord Démocratique de Base.
Dans cette situation, de plus en plus d’agents acceptent l’idée que la solution du conflit viendra par le dialogue, la négociation et l’accord, sachant que même les personnes qui le niaient parviennent maintenant à cette conclusion.
Ces faits ont introduits de nouveaux changements dans la situation et l’évolution de la situation politique du Pays basque.
L’action d’ETA
Au sein de la lutte que mène ETA pour libérer le Pays basque, plus d’une fois, elle a agit contre les responsables politiques espagnols. Depuis le Franquisme, les élus franquistes et responsables politiques du régime franquiste, principales références de la répression vécue par le Pays basque, ont été son objectif. Sans oublier l’attentat contre Carrero Blanco.
Avec les années, au travers de la démocratie de l’Espagne, l’État a mis sont personnel civil en première ligne du conflit, avec la participation des forces armées.
En 1994, ETA a décidé d’élargir le domaine de ses actions contre les responsables politiques d’Espagne, répondant ainsi au Pacte d’Ajuria Enea et à d’autres pactes contraires à la gauche indépendantiste et mettant de cette façon un terme à l’impunité de la répression menée contre le Pays basque.
En 2000, quand le PP et le PSOE ont formé le Pacte Antiterroriste, ETA a décidé d’élargir son chemin et d’agir contre tous les groupes politiques signataires.
ETA a mis a exécution cette décision et, en fonction de la situation politique du moment, l’a adaptée.
À tout moment, nous avons travaillé en accord à la responsabilité que nous avons acquise pour repondre à la politique des partis politiques qui vont à l’encontre des droits du Pays basque.
La ligne développée contre les responsables politiques espagnols a eu une large influence au sein de ces partis politiques, et les responsables politiques qui soutiennent la répression menée contre le Pays basque ont reçu un message :
Ils ont senti et ont connu les résultats que l’obtient lorsqu’on prêche la négation du Pays basque depuis sa tribune.
Ceux qui ont soutenu l’élargissement du conflit ont compris qu’ils doivent faire face aux conséquences de l’affrontement. Puisqu’ils nient les droits du Pays basque et punissent, avec l’aide des forces armées d’Espagne, ceux qui les défendent, il n’est pas licite de défendre « la démocratie espagnole ».
On ne peut pas mener la répression contre le Pays basque sous les sigles de l’impunité.
Nouvelle situation
Sous la protection du Pacte Antiterroriste, ils ont imposé l’état d’exception au Pays basque, et nous avons vu le PP et le PSOE, autant l’un que l’autre, organiser la répression contre le Pays basque, supprimant toutes les limites de la persécution du peuple basque, jusqu’à transgresser les plus importantes libertés démocratiques : l’illégalisation d’organisations et partis politiques, l’illégalisation de listes électorales, la fermeture de locaux, la dispersion et l’isolement, la torture, l’occupation des rues... se sont transformés en un plan quotidien de la réalité que vit le Pays basque. Et cette répression politique n’a pas connue de pause jusqu’à maintenant. Les citoyens basques ont souffert d’une violence brutale de la part des États, assortie de la négation de notre identité.
Mais le Pacte Antiterroriste a échoué. Et les failles de la force de l’Espagne sont à découvert.
En ce sens, le Gouvernement du PSOE devrait sortir du chemin ouvert pour revivre les stratégies répressives du Pacte d’État.
En apprenant du passé, le PSOE de Zapatero a maintenant la possibilité de ne pas répéter le cycle des négations avec de nouvelles inventions répressives.
Dans le même temps, la conscience opposée à l’imposition franco-espagnole établie au Pays basque s’est diffusée au sein du peuple basque.
Au cours des derniers mois, s’est multiplié le nombre de citoyens impliqués dans les activités et les dynamiques qui visent à répondre à la situation d’exception que nous vivons, tentant d’unir les forces pour répondre à la dite situation.
Décision d’ETA
Face à l’échec du Pacte Antiterroriste, créé pour détruire la résistance basque, face à l’échec de la stratégie d’illégalisation et devant la phase qui se construit pour apporter une solution politique et démocratique au conflit, voici la décision prise par Euskadi Ta Askatasuna :
A partir du 1er juin 2005, fermeture du front contre les élus des partis politiques d’Espagne et, de ce fait, fermeture des actions armées contre ce collectif.
Avec cet accord, Euskadi Ta Askatasuna veut lancer un appel au peuple basque pour continuer à élargir la dynamique en faveur des droits démocratiques et pour démontrer un comportement favorable à une solution juste et démocratique du conflit, en renforçant la pression du peuple.
Donner une réponse positive à la volonté manifestée par ETA au cours des derniers mois appartient aux autorités d’Espagne et de France.
GORA EUSKAL HERRIA ASKATUTA !
GORA EUSKAL HERRIA SOZIALISTA !
JO TA KE INDEPENDENTZIA LORTU ARTE !
Pays basque, juin 2005
Euskadi Ta Askatasuna
E.T.A.