mercredi 15 juin 2005, 10h17
LONDRES (Reuters) - Les gouvernements occidentaux enfreignent des règles qu’ils se sont eux-mêmes fixées et sont responsables de graves violations des droits de l’homme en vendant des armes et du matériel militaire au Népal, pays en proie à une guerre civile, accuse Amnesty International dans un rapport.
L’organisation affirme notamment que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Inde ont vendu des milliers de fusils aux autorités népalaises, tandis que la Belgique leur a fourni des mitrailleuses et que l’Afrique a vendu des équipements de communication.
"Vu les risques d’escalade de ce conflit, une poursuite de l’assistance militaire serait un acte irresponsable", écrit Amnesty dans son rapport, qui appelle à un moratoire sur les exportations d’armes vers le Népal.
"Les armes ne devraient pas être exportées quand le risque existe qu’elles soient utilisées pour commettre de graves violations des droits de l’homme", a déclaré Purna Sen, qui dirige les programmes d’Amnesty pour la région Asie-Pacifique.
Au moins 12.000 personnes ont péri au Népal depuis le début du soulèvement maoïste il y a neuf ans.
Selon Amnesty, l’Inde a envoyé 25.000 fusils au Népal qui ont notamment servi en 2003 à tuer des rebelles. Delhi aurait en outre vendu des hélicoptères qui ont été utilisés pour attaquer des villages où les rebelles avaient organisé des réunions.
L’ONG affirme par ailleurs que les Etats-Unis ont vendu 20.000 fusils M16 et fourni 29 millions de dollars d’aide militaire au Népal depuis 2001.
Elle accuse Londres d’avoir fourni 7.000 fusils et de nombreuses cargaisons d’armes légères, ce qui constitue une violation du Code de conduite de l’UE sur les exportations d’armes.
Ce texte adopté en 1998 prévoit que les Etats membres de l’UE ne "délivreront pas d’autorisation d’exportation s’il existe un risque manifeste que le bien dont l’exportation est envisagée serve à la répression interne".
Il exhorte les Etats membres à "faire preuve (...) d’une prudence toute particulière en ce qui concerne la délivrance d’autorisations aux pays où de graves violations des Droits de l’Homme ont été constatées".
Le ministère britannique de la Défense a démenti dans un communiqué toute violation de ce Code.