mardi 10 mai 2005, 22h39
BASTIA (AFP) - Un attentat à l’explosif a visé mardi soir une annexe du palais de justice de Bastia, provoquant des dégâts peu importants mais commotionnant légèrement deux CRS, a-t-on appris auprès de la police qui venait d’effectuer les premières constatations.
L’engin, qui a explosé vers 20h50, a "provoqué de légers dégâts" à la porte du bâtiment, deux CRS en faction non loin de là ont été "légèrement commotionnés par l’effet de souffle" et ont dû être conduits à l’hôpital "en observation", a indiqué à l’AFP un collaborateur du préfet de police Christian Lambert, qui a quitté immédiatement Ajaccio en hélicoptère pour se rendre sur place.
Cette annexe se trouve à l’arrière de l’imposant bâtiment principal du palais de justice de Bastia, en plein centre-ville. Elle était vide au moment de l’explosion mais abrite la journée les bureaux du tribunal des enfants et une petite salle d’audience du TGI.
L’attentat n’a été ni signé ni revendiqué. Il intervient quasiment un an après un attentat qui avait visé le 22 mai 2004 cette même annexe, un acte revendiqué le 10 juin 2004 par l’un des deux principaux mouvements indépendantistes clandestins corses, le FLNC dit "du 22 octobre".
De plus, ces derniers jours, les nationalistes multiplient les critiques très vives à l’égard de ce qu’ils appellent la "justice coloniale de l’Etat français".
Ils s’insurgent notamment contre les verdicts très lourds de la cour d’assises spéciale de Paris dans le procès des responsables du double attentat de la DDE et de l’URSSAF d’Ajaccio en 1999, contre les réquisitions dans le procès pour malversations financières du leader nationaliste Charles Pieri et 21 co-accusés à Paris (jugements le 20 mai). Mais aussi contre le maintien en détention provisoire de trois agriculteurs soupçonnés d’avoir passé à tabac un commissaire divisionnaire de police lors d’une tentative de séquestration du directeur régional de l’Agriculture à Ajaccio il y a dix jours. Enfin, ils dénoncent l’interpellation de six jeunes militants soupçonnés d’avoir lancé des pierres et des engins explosifs sur les forces de l’ordre à l’issue d’une manifestation nationaliste à Ajaccio le 30 avril.
Ces six jeunes gens, âgés de 19 à 32 ans, avaient été remis en liberté le 3 mai après que le tribunal correctionnel d’Ajaccio a annulé les poursuites contre eux pour un "vice de procédure", l’absence de procès-verbaux d’interpellation. Mais lundi, le parquet a interjeté appel et les six prévenus seront finalement jugés par la cour d’appel de Bastia dans un délai de quatre à six semaines.