lundi 9 mai 2005, 14h15
AJACCIO (AFP) - Le parquet a fait appel lundi de l’annulation par le tribunal correctionnel d’Ajaccio des poursuites visant six jeunes, interpellés à l’issue d’une manifestation nationaliste pour des violences présumées sur les forces de l’ordre, a indiqué à l’AFP le procureur de la République, José Thorel.
"Nous avons fait appel ce matin, considérant que la procédure des interpellations n’était entachée d’aucun vice et leur cas devrait être évoqué devant la chambre correctionnelle de la cour d’Appel de Bastia dans un délai de quatre à six semaines pour les mêmes délits" qu’en première instance, a déclaré le magistrat.
Le tribunal correctionnel d’Ajaccio a annulé le 4 mai les poursuites pour lesquelles les six hommes âgés de 19 à 32 ans étaient jugés en comparution immédiate, trois jours après une manifestation nationaliste qui avait dégénéré en affrontements très violents entre des dizaines de jeunes gens au visage masqué et les forces de l’ordre.
La présidente du tribunal avait suivi l’avis des avocats des six prévenus et ordonné leur remise en liberté, considérant que l’absence de "procès-verbaux initiaux d’interpellation" constituait un vice de procédure.
Les six jeunes comparaissaient pour des jets présumés de projectiles divers sur les CRS et les gendarmes mobiles. Mais, dans les heurts, quatre femmes policiers avaient été molestées par d’autres hommes qui, eux, n’ont pas pu être interpellés.
Deux avaient été sérieusement blessées, dont une, qui régulait la circulation, projetée à terre et rouée de coups. Elle a dû être opérée le lendemain d’un arrachement du ligament d’un bras.
"En République, on a le droit d’avoir des opinions politiques divergentes, d’en débattre même avec des mots excessifs mais on ne peut lever la main sur un homme à terre et encore moins sur des femmes à terre", s’est ému le préfet de Corse Pierre-René Lemas lundi au cours de la cérémonie annuelle d’hommage aux "policiers morts pour la France".
Il parlait devant les jeunes policières blessées et devant le directeur régional de la Sécurité publique, le commissaire divisionnaire Patrick Aujogue, sérieusement blessé par un des agriculteurs qui tentaient de séquestrer dans son bureau d’Ajaccio le directeur régional de l’Agriculture.
"A une douzaine d’hommes contre un seul, à terre, à des dizaines d’hommes contre quatre femmes à terre, il y a des limites à ne pas franchir, celles qui séparent la Démocratie d’un côté, de la barbarie de l’autre", a estimé le préfet Lemas.