Mertxe TXIBITE BERANGO
Prisonnière Politique Basque
MAF de Fleury-Mérogis
91705 Ste Geneviève des Bois
à
L’Observatoire International des Prisons
40 rue d’Hauteville
75010 Paris
Fleury-Mérogis, le 24-03-2004
Madame, Monsieur,
Par ce témoignage je vous informe des mesures exceptionnelles et des
humiliations que j’ai subi à l’hôpital d’Evry lors d’une opération d’un
kyste sur l’ovaire gauche.
J’ai été hospitalisée à Evry le mercredi 16 mars 2005.
A peine arrivée on m’a fait rentrer dans une chambre dont la porte est
restée continuellement ouverte. Tout le temps j’étais menottée au lit et
tout le temps j’étais entourée de policiers autant à l’extérieur qu’à
l’intérieur de la chambre. Pour aller aux toilettes même chose, menottée
et en compagnie de policiers jusqu’à l’intérieur. Pour la douche toujours
pareil, en présence de 2 policiers.
Pour l’opération ils ne voulaient pas sortir et ils disaient que je devais
être menottée ; quand ils ont su qu’il y avait une anesthésie générale ils
continuaient d’insister pour qu’au moins un policier soit présent et
assiste à l’opération à l’intérieur du bloc opératoire. Finalement je ne
sais pas comment cela s’est déroulé (j’étais endormie) mais il me semble
qu’ils ne sont pas rentrés et qu’ils m’avaient enlevé les menottes.
L’opération terminée ils m’ont reconduit à la chambre et même si j’étais
encore « sonnée » les mesures exceptionnelles ont continué mais cette fois
ci je n’avais qu’une seule main menottée au lit (sur l’autre bras j’avais
une perfusion).
A un moment, je ne me souviens si c’était avant ou après l’opération, une
infirmière m’a injecté un produit pour éviter des « thromboses » vu que je
ne pouvais pas bouger.
Vu que la porte de la chambre était continuellement ouverte, j’avais droit
aux commentaires et aux regards de tous ceux qui passaient au couloir,
comme au zoo.
Tout le temps (jour et nuit) les policiers faisaient énormément de bruit
m’empêchant de dormir.
A un moment un policier m’a dit que toutes ces mesures d’exception avaient
été ordonnées par la prison de Fleury-Mérogis et c’est pour cela que j’ai
porté plainte contre la Maison d’Arrêt.
Je suis sortie de l’hôpital le jeudi 17 mars 2005 à 17 heures ; terminées
les continuelles humiliations.
De retour à la prison j’ai vu le médecin, le Docteur Lecu, qui m’a
prescrit des anti-inflammatoires ainsi que des séances de kiné.
L’opération s’est bien déroulée mais suite au menottage (tout le temps)
j’ai des douleurs dans tout le corps, j’ai des problèmes pour marcher
ainsi que pour écrire.
Voilà mon témoignage. Témoignage que je mets dans vos mains pour que vous
puissiez l’utiliser ou le publier, avec tout mon accord.
En souhaitant avoir attiré votre attention,
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, mes salutations amicales.