Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais emprisonné en
France
depuis 1984, a été hospitalisé d’urgence en soins intensifs mardi 3
avril. Son
avocat, ayant appris la gravité de sa maladie (un pneumothorax), a
décidé
d’aller rapidement le voir à l’hôpital. Il lui faudra batailler avec
l’administration pour obtenir l’autorisation de rencontrer son client.
Georges
Abdallah n’a pas de famille en France qui puisse lui rendre visite.
Georges Abdallah a fini de purger la période de sûreté assortie à sa
peine et
est donc légalement libérable depuis 1999. En novembre 2003, la
juridiction
régionale de libération conditionnelle de Pau autorisait sa libération.
Sur
ordre du ministre de la Justice de l’époque, Dominique Perben, le
procureur
général faisait appel de cette décision. La juridiction nationale de
libération
conditionnelle rendait son verdict le 15 janvier 2004, décidant le
maintien en
prison de Georges Ibrahim Abdallah. Depuis, chaque demande de
libération est
systématiquement rejetée. Il est manifeste que les décisions prises par
la
justice française dans ce dossier sont de nature exclusivement
politique A
l’approche du quart de siècle d’emprisonnement de Georges Ibrahim
Abdallah,
qu’est-ce qui peut justifier son maintien en détention ? Rien... si ce
n’est la
volonté de plaire aux sionistes et aux impérialistes étatsuniens.
« Peine de mort en prison : crime d’État ! ». Ce slogan, répété
inlassablement
le premier jeudi de chaque mois devant la direction de l’Administration
pénitentiaire à Paris, lors des rassemblements demandant la libération
des
militants d’Action directe, n’est que le constat d’une sinistre
réalité.
Joëlle Aubron est ainsi décédée le 1er mars 2006, après plus de 17 ans
d’incarcération, d’un cancer trop tardivement soigné. Lors de sa
détention,
elle a subi une hospitalisation quasi clandestine sans que sa famille
ne soit
informée, attachée par des menottes au lit d’hôpital. Alors que le
pronostic
vital était probablement déjà engagé, une première demande de
suspension de
peine au titre de la loi Kouchner lui fut refusée. Il fallut une forte
mobilisation extérieure (avec notamment l’occupation du siège de
l’Ordre des
médecins) et malheureusement un état de santé se détériorant, pour
qu’enfin la
suspension de peine lui soit accordée. Quelques semaines avant son
décès,
Pascal Clément, ministre de la justice osait déclarer : « Quand
j’entends que
d’anciens terroristes non repentis font leurs courses sur les marchés,
alors
qu’ils étaient, disait-on, à l’article de la mort..., cela m’est
insupportable.
» A propos de l’application de la loi Kouchner, il ajoutait : « Pour
moi, cela
concerne avant tout les personnes dont l’espérance de vie ne dépasse
pas
quelques semaines. »
La mort de Joëlle Aubron a-t-elle assouvi le désir de vengeance de ces
commis de
l’État ? Non !
Nathalie Ménigon, emprisonnée depuis plus de vingt ans, a été victime
de
plusieurs accidents vasculaires cérébraux. Deux, trois ? Nul ne sait.
La «
médecine » carcérale n’a jamais su se prononcer. Pour Joëlle Aubron,
c’est un
médecin légiste qui avait été nommé expert pour statuer sur la gravité
de son
cancer ! Quoi qu’il en soit, pour la justice Nathalie Ménigon est trop
handicapée pour travailler et donc pour bénéficier d’une libération
conditionnelle et pas assez handicapée pour bénéficier d’une suspension
de
peine.
Pour l’État, prison à perpétuité signifie prison jusqu’à ce que mort
s’ensuive.
L’acharnement de l’État contre les prisonniers révolutionnaires est
insupportable, comme est insupportable son indifférence criminelle pour
les
prisonniers malades, comme est insupportable la violence de sa
vengeance à
l’encontre des longues peines.
Les dictatures fascistes répriment violemment à visage découvert. Les
démocraties bourgeoises, elles, se camouflent derrière un soi-disant
respect
des droits de l’homme. Mais leur toute-puissance au service de leur
haine est
sans retenue contre ceux qui s’attaquent à leur ordre. Action directe
justifiait ses actions en affirmant qu’il ne fallait pas laisser le
monopole de
la violence à l’État. Aujourd’hui l’État vainqueur, pour un temps, se
venge à
perpétuité contre les prisonniers révolutionnaires.
Ne laissons pas faire ! Sans relâche, nous devons dénoncer ce crime
d’État
qu’est la nouvelle peine de mort lente en prison pour les condamnés à
perpétuité et agir pour que cesse cette infamie.
Paris, le 11 avril 2007
Collectif « Ne laissons pas faire ! » (nlpf@samizdat.net)
Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah
(liberonsgeorges@no-log.org)