Le chef historique d’Iparretarrak est sorti mercredi de la centrale de Clairvaux. Il avait été incarcéré en 1988 pour le meurtre de deux CRS et d’un gendarme
Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour les meurtres de deux CRS et d’un gendarme, Philippe Bidart, figure historique du mouvement indépendantiste basque Iparretarrak (IK), a été libéré mercredi après 19 ans de détention.
Bidart, 53 ans, qui bénéficie d’une libération conditionnelle, est sorti de la centrale de Clairvaux dans l’Aube, en demandant que « le Pays basque puisse vivre ».
Vif, souriant, « Patxi » (son surnom) est sorti à 7 heures sous les applaudissements d’une dizaine de proches dont ses deux filles et son frère.
Incarcéré depuis 1988, Philippe Bidart a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, en 1992 pour le meurtre de deux CRS à Saint-Etienne-de-Baïgorry et en 1993 pour le meurtre d’un gendarme à Biscarrosse. La Justice lui a aussi infligé 20 ans de réclusion en 2000 pour une fusillade au cours de laquelle un gendarme avait été tué et un autre blessé à Leon.
L’ex-chef d’Iparretarak a tenu un discours en langue basque, traduite par un sympathisant : « Comme Iparretarrak le disait, il faut que le Pays basque puisse vivre », a-t-il déclaré, parlant à deux reprises d’un « processus de paix » qu’il fallait « enclencher » au Pays basque français.
Il a fait allusion à ses « quatre camarades qui sont encore en prison ici à Clairvaux », aux « 600 prisonniers politiques [basques] dans les prisons », françaises et espagnoles et à Inaki de Juana [détenu basque de l’ETA] « en grève de la faim et toujours en prison » en Espagne.
« Ma joie n’est pas complète parce que l’Etat français ne reconnaît pas le Pays basque. Ma joie n’est pas complète parce que c’est la fête des amoureux aujourd’hui, que j’aime le Pays basque, et que je ne peux pas y rentrer », a-t-il ajouté.
Interdit de séjour dans plusieurs départements - dont les Pyrénées-Atlantiques, selon son avocat -, Bidart doit pour sa réinsertion travailler pendant sept ans à Béziers (Hérault), dans un centre d’aide aux demandeurs d’asile de la Cimade.
Sa demande de libération conditionnelle avait été acceptée le 1er février par la chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Paris.
Le parquet général de cette cour s’est pourvu en cassation à l’encontre des modalités d’application de sa libération conditionnelle, un pourvoi non suspensif de cette libération.