LUYNES (AFP) - Trois figures du banditisme varois et marseillais, dont Franck Perletto, passible des assises, ont réalisé lundi une évasion spectaculaire de la maison d’arrêt de Luynes, à bord d’un hélicoptère détourné par deux complices.
Au cours d’une audacieuse opération éclair de deux minutes, Franck Perletto, 41 ans, Eric Alboreo, 39 ans, et Michel Valero, 46 ans, ont réussi à grimper, à 15H40, à bord d’un hélicoptère en vol stationnaire au dessus de la prison, située dans la campagne aixoise. L’appareil de la société Eurocopter avait été détourné par deux complices, qui avaient contraint son pilote à les prendre à bord sur un terrain de la Fare-les-Oliviers, à l’ouest d’Aix-en-Provence.
A l’arrivée de l’appareil au dessus du quartier d’isolement, un complice encagoulé a découpé à la disqueuse le treillis métallique de protection, une "première" selon le directeur de l’administration pénitentiaire Didier Lallement, attendu sur place mardi. L’appareil a alors embarqué Perletto et Alboreo avant de se déplacer vers la cour de promenade principale, où, profitant d’un espace entre les filins de protection, Valero a pu être hissé, selon une source judiciaire.
L’administration pénitentiaire a expliqué qu’en raison du "manque partiel de visibilité" et pour ne pas mettre en danger la vie du pilote, les agents du mirador n’avaient pas tiré. Puis l’hélicoptère s’est posé sur un stade près d’Aix-en-Provence, où un autre complice les attendaient à bord d’une Golf GTI grise. Pendant tout ce périple, deux hélicoptères d’Eurocopter avaient pris les malfaiteurs en chasse, donnant des indications aux policiers. Le plan Epervier a été immédiatement déclenché pour retrouver les évadés, réputés particulièrement dangereux.
Franck Perletto devait comparaître avec son frère Pascal, considéré comme le nouveau parrain du Var, et onze autres accusés, le 5 mai devant la cour d’assises spéciale de Marseille pour un important trafic de résine de cannabis entre le Maroc et la France, via l’Espagne et un autre trafic de cocaïne entre le Brésil et la France. Il devait également comparaître en juin dans le dossier Topaze, une autre affaire de trafic de cocaïne.
Eric Alboreo et Michel Valero ont été condamnés en décembre 2002 à vingt ans de réclusion pour l’attaque d’un fourgon blindé devant la Banque de France de Salon-de-Provence, en novembre 1997, dans laquelle un convoyeur avait été tué par balles.
Eric Alboreo avait été interpellé à Paris en janvier 1999, avec Pascal Payet également recherché dans l’affaire du fourgon blindé. Pascal Payet s’était déjà évadé par hélicoptère de la maison d’arrêt de Luynes le 12 octobre 2001, avec un autre détenu, Frédéric Impocco, condamné à perpétuité pour meurtre. Les enquêteurs privilégiaient lundi la piste selon laquelle Payet serait le cerveau de cette nouvelle évasion.
Une source policière s’interrogeait sur le fait de savoir comment ces trois hommes dangereux avaient pu se retrouver ensemble à Luynes, qui compte 800 détenus pour moins de 600 places, selon une source syndicale. Les syndicats ont mis en cause la surpopulation carcérale dans cette affaire. "Il n’y a guère de parade mais si le numerus clausus avait été respecté, on ne serait pas obligés de regrouper les promenades", dénonçait Bruno Gerara, responsable SNEPAP-FSU.
M. Gerara a rappelé qu’après la première évasion, il avait "alerté l’administration pénitentiaire sur les dangers que faisait peser la surpopulation carcérale sur la sécurité de la prison". L’UFAP dénonçait pour sa part "la chienlit" régnant dans les prisons.
Il s’agit de la troisième évasion d’une prison française en moins de six semaines. Joseph Menconi, repris de justice notoire, s’était évadé le 7 mars de la prison de Borgo (Haute-Corse) avant d’être repris le 31 suivant à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Le 12 mars, un commando lourdement armé à fait évader de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) Antonio Ferrara, autre détenu dangereux.