lundi 22 mai 2006, 17h00
WASHINGTON (AP) - Chaque semaine, entre juin 2004 et juin 2005, les centres pénitentiaires américains ont accueilli plus de 1.000 nouveaux détenus. De fait, l’été dernier, 2,2 millions d’Américains se trouvaient derrière les barreaux, soit un sur 136, selon les plus récentes statistiques du Bureau américain de la justice.
Le nombre de prisonniers aux Etats-Unis a ainsi augmenté de 56.428 entre mi-2004 et mi-2005, soit une croissance de 2,6 %.
Cette augmentation de la population carcérale a été principalement absorbée par les prisons locales. Alors qu’elles n’accueillent que le tiers des prisonniers (750.000), elles ont vu leur population croître de 33.539 pensionnaires depuis 1997, soit une progression de 4,7%.
Les 3.365 prisons locales sont en effet de plus en plus bondées alors qu’elles sont appelées à servir d’antichambre aux pénitenciers fédéraux, remplis à capacité.
Autre phénomène, le nombre de détenus en attente de leur procès a aussi explosé.
"La population carcérale est de moins en moins condamnée", explique Allen Beck, responsable des statistiques au Bureau de la justice. "Les juges sont peut-être plus réticents à relâcher les gens en attente de leur procès."
Les centres pénitentiaires fédéraux demeurent néanmoins les plus achalandés, accueillant les deux-tiers des détenus (1,4 million), selon les statistiques du Bureau.
En juin 2005, 738 Américains sur 100.000 croupissaient derrière les barreaux, contre 725 en 2004. Les Etats de la Louisiane et de la Géorgie ont plus de 1% de leur population en prison. Le Texas, le Mississippi et l’Oklahoma complètent la liste des cinq Etats avec les prisons les plus occupées.
A l’opposé, le Maine, le Minnesota, le Rhode Island, le Vermont et le New Hampshire ont le taux de détenus le plus faible.
Selon ces statistiques, les hommes ont de 10 à 11 fois plus de chances de se retrouver en prison, bien que le nombre de femmes incarcérées augmente rapidement.
L’origine ethnique augmente aussi les chances des Américains d’être pensionnaires d’un centre pénitentiaire. Chez les Noirs âgés de 25 à 29 ans, 11,9% étaient en prison durant la période considérée, contre 3,9% des Hispaniques et 1,7% des Blancs du même âge.
Cette année encore, Marc Mauer, le directeur du Sentencing Project, organisation soutenant des formules alternatives à l’emprisonnement, s’est dit troublé par le taux d’incarcération chez les Noirs. "Ce n’est pas le signe d’une communauté en bonne santé quand on en vient à recourir à l’incarcération aussi massivement."