PARIS (AFP) - La juridiction de la libération conditionnelle de Pau a ordonné la remise en liberté du terroriste Georges Ibrahim Abdallah, condamné à la réclusion à perpétuité, mais le parquet a immédiatement fait appel de cette décision à la demande du ministre de la Justice, Dominique Perben.
Agé de 52 ans, l’ex-chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) en Europe, détenu depuis 1984, reste emprisonné au centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) jusqu’à l’examen de l’appel.
Initialement, la juridiction de la libération conditionnelle de Pau avait fixé au 15 décembre sa sortie de prison, mais l’appel du parquet est suspensif. Il reviendra désormais à la juridiction nationale de la libération conditionnelle de statuer, le 16 janvier prochain, sur le cas d’Abdallah.
Dans sa décision, la juridiction de Pau a notamment posé comme condition à la remise en liberté du terroriste qu’il exécute "l’interdiction définitive du territoire prononcée par le tribunal de Lyon le 7 juillet 1986", c’est-à-dire qu’il quitte définitivement la France, indique-t-on de source judiciaire.
En mars 2002, il avait essuyé un rejet d’une première demande de libération.
Abdallah avait été condamné le 28 février 1987 pour sa complicité dans l’assassinat, en 1982 à Paris, de deux diplomates, l’américain Charles Robert Ray et l’israélien Yacov Barsimantov, et de complicité de l’assassinat en 1984 du consul américain à Strasbourg, Robert Onan Homme.
Durant les années 1980, une vague d’attentats dans les grands magasins, les transports ou les édifices publics avait ensanglanté la France dans le but d’obtenir sa libération, ainsi que celle de deux autres terroristes, Anis Naccache et Varoujian Garabedjian.
L’intimidation avait failli payer car à son procès, le parquet général de Paris avait requis une peine légère : "La mort dans l’âme, je vous conjure, je vous supplie, je vous demande de ne pas prononcer contre Abdallah une peine supérieure à dix ans de réclusion criminelle", avait dit l’avocat général Pierre Baechlin, soulevant une vague d’indignation dans le pays.