BELFAST (AFP) - Denis Donaldson, un ancien haut responsable de Sinn Féin qui avait reconnu en décembre avoir espionné pendant 20 ans au profit des services de renseignement britanniques, a été retrouvé tué par balles mardi dans le nord ouest de l’Irlande, a affirmé le gouvernement irlandais.
"Il s’agit d’un meurtre brutal", a insisté le Premier ministre Bertie Ahern dans un communiqué.
"C’est un acte d’une barbarie affligeante", a précisé de son côté dans un communiqué le ministre britannique à l’Irlande du Nord Peter Hain.
Denis Donaldson, 55 ans, a été retrouvé mort par balles à son domicile, dans le lieu-dit de Dochlry, près du village de Glenties, dans le comté du Donegal, dans le nord-ouest de l’Irlande. M. Donaldson avait fui Belfast et l’Irlande du Nord après ses révélations explosives de décembre.
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Dès l’annonce de cette mort, mardi en fin d’après-midi, les soupçons se sont aussitôt tournés vers les groupes républicains, que ce soit l’Armée républicaine irlandaise (IRA) ou les groupes dissidents opposés au processus de paix.
Mais Gerry Adams, président de Sinn Féin, l’aile politique de l’IRA, a immédiatement condamné ce meurtre. "Je condamne cet acte sans réserve", a déclaré le leader du principal parti catholique en Irlande du Nord : "Je veux me dissocier de cet acte, en mon nom et en celui de tous les républicains qui soutiennent le processus de paix".
Denis Donaldson avait été exclu du Sinn Féin aussitôt après avoir reconnu avoir espionné pour le compte de Londres pendant des années au sein du mouvement catholique.
Ces révélations avaient littéralement fait l’effet d’une bombe, vu le rôle important qu’avait occupé M. Donaldson au sein de Sinn Féin, au parlement semi-autonome nord-irlandais du Stormont mis en place après les accords d’avril 1998.
M. Donaldson avait ainsi été impliqué dans une affaire d’espionnage supposé au sein du parlement du Stormont en octobre 2002, au profit de l’IRA. Cette affaire avait provoqué la chute de l’assemblée et du gouvernement semi-autonomes d’Irlande du Nord créés par ces accords de 1998, dits du "vendredi saint".
Cette mort tombe au plus mauvais moment pour le processus de paix en Irlande du Nord, à deux jours d’une rencontre prévue jeudi entre le Premier ministre britannique Tony Blair et son homologue irlandais Bertie Ahern jeudi, à Armagh, en Irlande du Nord.