Les avocats d’Yvan Colonna ont lancé une offensive médiatique pour défendre leur thèse, selon laquelle l’assassin présumé du préfet de Corse Claude Erignac en 1998 est victime d’une "erreur judiciaire commanditée".
Mes Gilles Simeoni, Pascal Garbarini et Antoine Sollacaro ont tenu une conférence de presse à Paris avec la soeur du suspect, Christine, au siège de la Ligue des droits de l’homme, qui les soutient.
Les avocats du berger de Cargèse estiment que le dossier Erignac s’apparente à l’affaire de pédophilie d’Outreau, où l’acquittement de 13 personnes a provoqué une crise du système judiciaire.
"Le contexte a changé. Il y a une réflexion de fond en cours sur l’institution judiciaire après l’affaire Outreau. Et puis, au plan particulier de l’antiterrorisme, des événements ont montré que cette institution fonctionnait sur des bases dangereuses", a dit aux journalistes Me Simeoni.
Jean Castela et Vincent Andriuzzi, deux enseignants qui étaient présentés comme les commanditaires de l’assassinat du préfet, ont été acquittés en appel le 22 février après un procès qui a remis en cause les méthodes de la police antiterroriste.
Les avocats d’Yvan Colonna estiment que le postulat de sa culpabilité, évoquée en garde à vue en mai 1999 par les membres du commando de tueurs du préfet Erignac, aujourd’hui condamnés, a été repris trop vite par la justice, qui s’est basée sur sa fuite pour s’en convaincre.
Or, disent les avocats, il n’a pris la fuite que pour "se préserver de l’injustice" et non parce qu’il était l’auteur du crime. Les dépositions initiales des membres du commando de tueurs ne se recoupent pas et ont été rétractées avant l’arrestation du berger de Cargèse en juillet 2003, soulignent-ils.
Un des condamnés, Pierre Alessandri, s’est depuis auto-accusé d’être l’auteur des coups de feu.
Des témoins démontreraient qu’Yvan Colonna se trouvait à Cargèse le soir du meurtre, le 6 février 1998, et la justice ne dispose pas à son encontre de preuves matérielles comme pour les autres suspects, qui ont utilisé leurs téléphones portables sur les lieux, disent les avocats.
Ils demandent la remise en liberté du suspect, dans l’attente de son procès qui devrait se dérouler l’an prochain devant la cour d’assises spéciale de Paris. "Dans une démocratie, un homme ne peut pas être condamné au terme d’une procédure pareille", déclarent les amis d’Yvan Colonna.