RAIPUR, Inde (Reuters) - Un attentat attribué à des rebelles maoïstes a fait au moins cinquante-cinq morts et une vingtaine de blessés dans l’Etat indien du Chattisgarh (centre), annonce la police indienne.
L’attentat, qui intervient à la veille de la visite d’Etat du président américain George Bush en Inde, est l’un des plus meurtriers attribués aux rebelles maoïstes au cours de ces trente dernières années.
Pour plusieurs spécialistes de l’Inde, il démontre que New Delhi ne peut plus prendre à la légère la menace maoïste, qui serait aujourd’hui plus grave que le séparatisme musulman au Cachemire indien.
L’attentat s’est produit dans la région de Darmagura, à un demi-millier de kilomètres au sud de Raipur, la capitale régionale.
"Les maoïstes ont fait exploser une mine antipersonnel au passage d’un camion, faisant 55 morts", a précisé S.K. Paswan, un haut responsable de la police, ajoutant que les cibles visées rentraient d’une réunion antimaoïste organisée par les autorités locales.
Le parti nationaliste Bharatiya Janata (BJP), au pouvoir au Chattisgarh, a créé l’an passé des groupes locaux d’autodéfense, financés sur fonds publics, pour lutter contre la guérilla dans les zones démunies et sous-développées de l’Etat.
Des centaines d’agents de police ont été déployés en renfort dans la région pour rechercher les auteurs de l’attentat.
"GROSSIÈRE ERREUR DE JUGEMENT"
Darmagura, dans l’Etat du Chattisgarh, est un bastion du mouvement maoïste qui dit combattre au nom des paysans sans terre et, selon les services du ministère de l’Intérieur, serait fort d’une dizaine de milliers d’hommes.
Mais, relève Ajai Sahni, directeur de l’Institut de gestion de conflits basé à New Delhi, le pouvoir indien ignore la gravité de la menace que ces rebelles représentent.
"C’est une grossière erreur de jugement et le pays en paiera le prix pendant des dizaines d’années", poursuit-il en soulignant que les maoïstes sont présents dans 165 des 602 districts administratifs du pays et neuf des 29 Etats de la fédération.
Le gouvernement fédéral, dit-il, ne doit pas laisser aux polices régionales la responsabilité de la lutte et former au contraire une force de police moderne et bien équipée pour relever ce défi.
La semaine dernière, le ministère fédéral de l’Intérieur a fait état de 892 morts en 2005 dans les violences imputées aux maoïstes, contre 653 l’année précédente.