mardi 31 janvier 2006, 15h01
PARIS (AP) - Le garde des Sceaux Pascal Clément, en visite à la centrale de Clairvaux (Aube), a estimé mardi qu’il ne fallait "pas confondre les assassins et les victimes" après que dix détenus, condamnés à la perpétuité, ont réclamé la semaine dernière la peine de mort plutôt que d’être "emmurés vivants" jusqu’à la fin de leurs jours.
"J’ai tenu à emmener des représentants de la presse pour qu’ils se rendent compte eux-mêmes que la France n’a pas honte de cette centrale et que les conditions de vie sont tout à fait compatibles avec des critères du Conseil de l’Europe et que, franchement, il ne faudrait peut-être pas confondre les assassins et les victimes", a-t-il déclaré à l’issue de ce déplacement.
Dans une lettre du 16 janvier, rendue publique mardi dernier et adressée "à ceux de l’extérieur affirmant que la peine de mort est abolie", dix condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité ont réclamé le rétablissement de la peine de mort pour eux-mêmes, préférable à une "perpétuité réelle" (...) "sans aucune perspective réelle de libération à l’issue de (leur) peine de sûreté".
"Les conditions de vie sont tout à fait compatibles avec des critères du Conseil de l’Europe", a assuré M. Clément qui, dans un discours, a tenu à "répéter avec solennité que les condamnés ont vocation dans notre système pénal à être un jour libérés".
Une mesure qui concerne "les condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité dès lors que les magistrats estiment qu’ils présentent des gages suffisants", a poursuivi le ministre.
Entre le 1er janvier et le 30 novembre 2005, 5.382 libérations conditionnelles ont été accordées, dont 221 pour des personnes condamnées à plus de dix ans. Au 1er octobre 2005, les centrales comptaient 519 condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité et 1.399 personnes condamnées entre vingt et trente ans de réclusion criminelle.
La maison centrale de Clairvaux, installée dans une ancienne abbaye cistercienne, est l’une des prisons les plus sécuritaires de France. Elle accueille environ 170 détenus, tous condamnés à de longues peines.