mercredi 25 janvier 2006, 18h14
PARIS (AP) - La lettre de dix détenus de la centrale de Clairvaux (Aube) réclamant le rétablissement de la peine de mort pour eux-mêmes ne constitue pas "une interpellation" qui incite le garde des Sceaux Pascal Clément à faire changer le "traitement carcéral" dans cette prison qu’il a qualifié d’"humaniste".
Interrogé en marge d’un déplacement à Colmar, le ministre de la Justice a estimé sur France Info qu’il s’agit d’"une manipulation". "Très honnêtement, il n’y a derrière pas d’interpellation qui puisse me faire considérer qu’il faut changer le traitement carcéral de Clairvaux", a souligné le ministre.
Pour lui, Clairvaux est une prison "tout à fait standard" et ce qui se fait de "plus humaniste au niveau mondial". Clairvaux est "une centrale qui offre des activités toute la journée, soit d’emploi, soit de sport", a insisté M. Clément, rappelant que les détenus le souhaitant ont droit à des parloirs "tous les jours" et "tous les week-ends".
Dans une lettre du 16 janvier, rendue publique mardi, adressée "à ceux de l’extérieur affirmant que la peine de mort est abolie", dix condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité ont réclamé le rétablissement de la peine de mort pour eux-mêmes, préférable à une "perpétuité réelle" (...) "sans aucune perspective réelle de libération à l’issue de (leur) peine de sûreté".
La maison centrale de Clairvaux, installée dans une ancienne abbaye cistercienne, est l’une des prisons les plus sécuritaires de France. Elle accueille environ 170 détenus, tous condamnés à de longues peines.
La France est régulièrement critiquée au niveau international pour l’état de ses prisons et la surpopulation carcérale. Récemment, le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Álvaro Gil-Robles, a dénoncé dans un rapport l’état déplorable des prisons françaises qui arrivent dernières en Europe derrière la Moldavie.