19 janvier 2006
L’évasion du violeur multirécidiviste Markus Wenger (49 ans) n’a duré qu’une journée, jeudi dernier à Lenzbourg (AG), mais le procédé utilisé inquiète les autorités carcérales. Non pas parce que ce dangereux détenu s’est caché sous un camion, mais à cause du téléphone mobile qui l’a mis en contact avec un complice qui l’a conduit à Saint-Gall. Le directeur du pénitencier, Marcel Ruf, réclame une installation de brouillage des ondes, une démarche entreprise aussi à Champ-Dollon (GE).
Un test de brouillage a été réalisé l’an dernier à Lenzbourg, à Genève et à Regensdorf (ZH). Dans la prison ultramoderne zurichoise, cette expérience pilote a échoué, les communications ayant été perturbées dans toute l’agglomération. A Champ-Dollon, par contre, où des évadés ont utilisé des mobiles interdits en 2001 déjà, le succès du test mené sur un étage a donné de l’appétit aux autorités pénitentiaires : une concession et un crédit d’un million seront demandés pour une installation de brouillage.
Un million ? Pourquoi les câbles rayonnants coûtent-ils si chers ? « Il faut brouiller les fréquences des téléphones mobiles, mais pas dans le bâtiment administratif et pas les infrarouges des télécommandes TV. Et encore moins les talkies-walkies du personnel de surveillance ! » explique Constantin Franziskakis, directeur de l’office pénitentiaire genevois. La nécessité d’un tel investissement ne fait aucun doute pour lui : « Les natels ne sont pas détectés dans les portails magnétométriques. »
Les fouilles corporelles des visiteurs ne suffisent pas pour intercepter des mobiles introduits parfois en pièces détachées : « L’imagination des complices est sans limites, par exemple lorsqu’ils creusent la semelle de leurs chaussures », rapporte Constantin Franziskakis. Et pas question pour lui de supprimer tout contact physique entre détenus et visiteurs : « Lorsqu’un père peut serrer ses enfants dans ses bras, c’est un facteur d’apaisement. »