Le 25 avril 2002, le Collège du personnel de la prison de Louvain examinera une nouvelle fois le dossier de Pierre Carette. Cet examen fait suite au renvoi à six mois décidé par la Commission de libération conditionnelle le 17 septembre 2001.
Pierre Carette est le dernier militant des Cellules Communistes Combattantes détenu. Il a effectué seize ans et quatre mois de prison. Il est libérable depuis septante-six mois ! Il n’a jamais connu que des conditions de détention spéciales. Même aujourd’hui il reste interdit de visite, son courrier est l’objet d’un espionnage illégal, il ne bénéficie pas de congé pénitentiaire, etc. Aucun prisonnier dans le pays n’a jamais connu une détention aussi longue et brutale à la fois. Toutes les mesures le concernant, systématiquement restrictives, sont prises par un comité occulte, une structure installée en dehors de tout cadre légal au sein du ministère de la justice.
L’acharnement judiciaire contre Pierre Carette (comme celui contre ses camarades hier) s’explique d’une seule façon : c’est un authentique militant communiste. Un révolutionnaire que la répression n’a pas réussi à briser, un homme qui reste fidèle à la cause des exploités et des opprimés. On exige de lui des déclarations de reniement politique, on ne cesse de poser de nouvelle conditions à toute prétendue avancée dans l’examen du dossier (dernièrement, on a exigé qu’il se soumette à des enquêtes dirigées par des psychiatres) - toutes manœuvres qu’un militant politique ne peut que rejeter avec mépris. Voilà longtemps que Pierre Carette n’est plus en prison pour ce qu’il a fait hier, mais pour ce qu’il pense aujourd’hui.
Deux ans après la libération des autres prisonniers des Cellules Communistes Combattantes, libération survenue dans le cadre d’une procédure et de conditions qu’il accepterait comme ses camarades les ont acceptées, il est flagrant que le maintient en détention de Pierre Carette n’est plus rien d’autre qu’une prise d’otage.
L’examen de son dossier par le Collège de la prison de Louvain n’a en lui-même aucune importance. Ce dossier est connu, légalement complet, présentant plus d’éléments favorables que dans la majorité des cas. Depuis plusieurs années déjà, la prison reconnaît qu’elle est illégalement exclue de la procédure de libération concernant ce prisonnier : elle remet chaque fois sur ordre des avis négatifs, mais assortis des délais de report les plus brefs afin de retarder au minimum les comparutions devant la Commission de libération. Le directeur principal, interrogé par la Commission, l’a confirmé ouvertement.
Aujourd’hui, même ces délais les moins longs sont devenus intolérables. On ne remet pas d’avis contraire à une libération par incapacité à se prononcer réellement. Un avis négatif doit être argumenté et justifié en tant que tel. Puisque le comité occulte du Ministère de la Justice a, par ses manigances d’exception, dépossédé la prison de toutes ses prérogatives concernant le prisonnier (une demande de permis de visite soutenue par la direction a même encore été rejetée en février), il est temps que la prison n’accepte plus d’ajouter gratuitement, en toute irresponsabilité, des mois et des mois à un emprisonnement politique déjà démesuré.
Puisque la direction de la prison reconnaît qu’elle est mise hors-circuit, qu’elle ait au moins le courage de ne pas trop servir les basses œuvres de sa hiérarchie. Le Secours Rouge/APAPC attend donc de la direction de la prison de Louvain qu’elle renvoie immédiatement Pierre Carette devant la Commission de libération, en précisant que l’avis positif ainsi rendu par le collège est la seule solution honorable à sa disposition. Le Secours Rouge/APAPC attend de tous les révolutionnaires et de tous les démocrates conséquents des prises de positions résolues en faveur de la libération immédiate de Pierre Carette, car tout silence est complice : soit l’on fait partie du problème, soit l’on fait partie de la solution.
Bruxelles, le 20 avril 2002
Secours Rouge/APAPC (BP 6, Saint Gilles 1, 1060 Bruxelles)