mercredi 4 janvier 2006, 12h02
PARIS (AP) - Dès l’ouverture de son procès mercredi devant la cour d’assises de Paris, Hélène Castel a reconnu avoir participé le 30 mai 1980 à un hold-up contre une agence de la BNP dans la capitale en évoquant la profonde "remise en cause" intervenue après cette "débâcle" vécue il y a plus de vingt ans.
Aujourd’hui âgée de 46 ans, Hélène Castel est accusée d’avoir pris part à cet hold-up contre la BNP rue Lafayette, mais aussi à la prise d’otage qui a suivi. Ayant pris la fuite, elle a été condamnée par contumace le 16 mai 1984 à la réclusion criminelle à perpétuité avant d’être arrêtée le 12 mai 2004 en Mexique, quatre jours à peine avant l’expiration de la prescription.
La cour, présidée par Dominique Coujard, a commencé mercredi matin à entendre l’accusée sur son parcours personnel, notamment son enfance qu’elle a qualifiée de "solitaire", ses parents ayant été trop occupés par leur "activité intellectuelle et sociale" pour s’occuper véritablement de leurs enfants.
"J’ai pris part à cette situation de non-communication", a analysé Hélène Castel, une petite femme brune, aux cheveux courts, enveloppée dans un large châle couleur prune. "L’annonce de la mort de ma mère (le 30 mai 1984, NDLR) et l’impossibilité d’être là et l’accompagner a fait que plein de suggestions de mon enfance ont resurgi", a raconté l’accusée, soudainement la voix brisée, en larmes.
Dans son exil mexicain, elle a alors entamé un "travail de deuil intense". Devenue psychothérapeute, elle a également eu une fille, Maria, qui sera entendue dans l’après-midi par la cour, tout comme le père d’Hélène Castel, le sociologue Robert Castel, et son frère.
L’accusée est également revenue sur la période juste avant les faits, quand elle avait laissé tomber ses études pour vivre dans un squat, attirée par cette "solidarité", cette "fratrie", ce "projet commun" d’empêcher les expulsions et les démolitions. "C’était devenu une espèce de leitmotiv de savoir que faire pour changer les choses", a noté Hélène Castel. Et d’évoquer leur "besoin de sous" pour construire quelque chose.
Le 30 mai 1980, sept jeunes marginaux pénètrent, armés, dans une agence de la BNP rue Lafayette (IXe arrondissement). Lors de l’arrivée de la police, ils prennent en otage des employés de la banque et un client pour couvrir leur fuite. L’un des braqueurs est tué au cours de la fusillade qui a suivi, trois sont arrêtés et trois autres réussissent à prendre la fuite, dont l’un n’a jamais été identifié.
Le 20 janvier 1984, la cour d’assises de Paris a condamné trois d’entre eux à des peines comprises entre cinq et dix ans de prison. Un quatrième complice, condamné par contumace comme Hélène Castel, a été arrêté en octobre 1985, puis acquitté. Ces anciens complices qui souhaitent désormais garder l’anonymat doivent être entendus jeudi.
Le verdict est attendu vendredi soir. Accusée de vol à main armée, prise d’otages et séquestration, Hélène Castel n’encourt plus la perpétuité, mais vingt ans de réclusion.