BRUXELLES, 4 sept (AFP) - Le ministre turc des Affaires étrangères, Sina Gurel, a demandé mercredi une nouvelle fois à la Belgique l’extradition de la militante d’extrême gauche turque Fehriye Erdal, assignée à résidence en Belgique, a-t-on appris mercredi auprès du ministère belge des Affaires étrangères.
Le chef de la diplomatie turque a fait cette demande lors d’une rencontre à Bruxelles avec la ministre belge déléguée aux Affaires étrangères, Annemie Neyts.
Le ministre turc doit d’autre part s’entretenir jeudi avec le commissaire à l’Elargissement, Guenter Verheugen, a-t-on appris de source communautaire.
"M. Gurel a indiqué que, suite à l’abolition de la peine de mort au mois d’août en Turquie, les autorités turques avaient introduit un nouveau dossier d’extradition pour Mme Erdal", a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères, Didier Seeuws.
Mme Neyts "a pris note" de cette demande et "indiqué que les instances judiciaires belges allaient l’examiner", a-t-il ajouté.
Ferhiye Erdal a été arrêtée en septembre 1999 à Knokke (ouest de la Belgique), lors d’une descente de police dans un appartement. Les forces de l’ordre y avaient découvert des armes, des munitions, des documents et des ordinateurs.
La jeune femme a été inculpée pour association de malfaiteurs, détention d’armes illégale, recel et faux en écriture.
Fehriye Ergal est soupçonnée en Turquie d’avoir livré des informations ayant servi à une attaque à main armée qui a coûté la vie en 1996 à un homme d’affaires turc, Ozdemir Sabanci, et à deux autres personnes de son groupe automobile, Sabanci Holding.
La Belgique a jusqu’à présent refusé l’extradition de Mme Erdal en Turquie, sans pour autant lui accorder l’asile politique.
"Le changement de loi ne change pas les pratiques en Turquie. Si elle est rapatriée, il y a des risques qu’elle soit torturée ou qu’elle n’ait pas un procès équitable. Sur ces points, rien n’a changé, et, selon moi, la Belgique doit à nouveau refuser l’extradition", a déclaré mercredi à l’AFP l’avocat belge de Mme Erdal, Raf Jespers.
Les députés turcs ont adopté début août un train de réformes cruciales, dont l’abolition de la peine de mort et l’octroi de droits culturels aux Kurdes, dans l’espoir de satisfaire aux conditions posées par les Quinze pour que leur pays rejoigne l’Union européenne.
La demande d’Ankara d’obtenir de l’Union européenne (UE), au sommet de Copenhague en décembre, une date d’ouverture pour les négociations d’adhésion, figurera sans nul doute au menu de l’entretien de M. Gurel avec M. Verheugen.
Le commissaire européen s’était montré très réservé la semaine dernière sur cette possibilité, estimant que la Turquie ne bénéficierait pas en décembre prochain d’un "bilan suffisant" pour que l’Union puisse juger de la réelle mise en oeuvre des réformes en Turquie.
Lors de sa rencontre avec M. Gurel, Mme Neyts a indiqué qu’il ne "fallait pas s’attendre à des réponses précises sur ce point avant le 16 octobre, date à laquelle la Commission doit rendre public un rapport sur ce sujet", selon le ministère belge des Affaires étrangères.