vendredi 23 décembre 2005, 19h19
PARIS (AFP) - La vente de carburant au détail a été interdite pendant la période des fêtes de fin d’année dans plusieurs départements français afin de prévenir d’éventuelles répliques des émeutes de l’automne.
Des mesures semblables avaient alors été employées pour lutter contre les violences qui embrasaient les banlieues.
Déjà en vigueur dans certains départements, ou sur le point de l’être, ces mesures de restriction prises par arrêtés préfectoraux resteront dans leur majorité en application jusqu’au lendemain du réveillon du 31 décembre.
Elles concernent la vente et le transport de carburant - utilisé pendant les émeutes dans la fabrication de cocktails Molotov ou pour incendier des véhicules - dans tout récipient, tels que bidons ou jerricans.
Ces mesures interviennent alors que le calme est revenu dans les banlieues. Mais les fêtes de fin d’années, notamment la nuit de la Saint-Sylvestre, traditionnellement marquée par de nombreux incendies de voitures, sont pour les préfets propices à une recrudescence des violences.
"Considérant la survenance répétée de troubles graves à l’ordre public à la fin du mois d’octobre et dans le courant du mois de novembre (...) il s’agit de réglementer à nouveau la vente au détail lors des fêtes de fin d’année", dispose ainsi l’arrêté pris par la préfecture de Seine-et-Marne.
Les autres départements de la région parisienne sont, hormis Paris et les Yvelines, également concernés. En Seine-Saint-Denis, point de départ de la crise, l’interdiction avait été décidée pendant les émeutes et n’a pas été levée depuis.
En province, des arrêtés ont été pris dernièrement par les préfets des Bouches-du-Rhône, de la Seine-Maritime et de la Sarthe tandis que le dispositif était déjà en place depuis les émeutes dans l’Eure, depuis le 9 novembre, et la Gironde, depuis le 18 novembre sur les 27 communes de la Communauté urbaine de Bordeaux.
Sans avoir pris de mesures de restrictions, plusieurs préfectures n’ont pas exclu d’y avoir recours, comme dans le Loiret, "si la situation le demande", ou dans la région Midi-Pyrénées, qui avait été particulièrement touchée par les émeutes, à Toulouse.
Dans le Rhône et la Loire, un tel dispositif n’est "pas d’actualité".
Dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, l’interdiction de la vente d’essence au détail aux mineurs est interdite toute l’année depuis plusieurs années.
La série de 21 nuits de violences urbaines avait été provoquée par la mort le 27 octobre de deux adolescents de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), électrocutés dans un transformateur EDF où ils s’étaient réfugiés par peur de la police. Les troubles s’étaient ensuite étendus dans la région parisienne, avant de gagner la province et l’état d’urgence avait été décrété, puis prolongé jusqu’au 21 février.
Selon le ministère de l’Intérieur, le bilan des émeutes est de "10.000 véhicules détruits et plus de 200 bâtiments publics incendiés", quelque 120 policiers et gendarmes blessés, plus de 3.200 personnes interpellées.