Le JPB > Pays Basque
2005-12-14
J-F. Lefort : "J’ai passé un an en prison pour rien"
·Le porte-parole d’Askatasuna, en liberté après un an de détention, est
rentré hier
Jean-François Lefort, porte-parole de l’association pour la défense des
droits des prisonniers politiques basques, remis en liberté lundi après
une année de détention provisoire, est arrivé hier soir à la gare
Bayonne, où il était reçu par plus de deux cents personnes et par un
aurresku [danse d’honneur]. À peine a-t-il posé le pied à Bayonne qu’il
s’est adressé à la presse pour dénoncer l’attitude de l’Etat français
envers le Pays Basque.
"J’ai été aussi surpris de ma libération que j’ai été surpris de mon
incarcération. J’ai passé un an en prison pour rien. Tout a été un
montage policier pour discréditer le mouvement de solidarité envers les
prisonniers politiques basques", a-t-il déclaré tout en ajoutant qu’il
ne s’agit pas d’un cas isolé. Il a évoqué dans ce sens l’opération
policière de juin dernier au cours de laquelle seize personnes du
mouvement de solidarité envers les détenus et leurs familles ont été
entendues.
Paris fait partie de la solution
"Mais, au-delà de cette dynamique de répression, l’Etat français
s’attaque aussi à d’autres secteurs de la société basque, comme au
mouvement des jeunes Segi, aux élus ayant soutenu la démarche d’Euskal
Herriko Laborantza Ganbara, aux mairies qui ont subventionné
l’initiative du Département basque, ou encore au mouvement des Démos".
Très amaigri après 22 jours de grève de la faim, dont les deux derniers
de la soif, le porte-parole d’Askatasuna a regretté l’attitude de Paris
concernant le conflit basque, car "d’une part l’Etat français se refuse
à admettre qu’il fait partie du conflit, alors que de l’autre il
n’arrête pas de renforcer la répression.
Selon Jean-François Lefort, tant que l’Etat français n’assumera pas sa
participation directe en tant qu’acteur du conflit basque, celui-ci ne
pourra trouver d’issue démocratique, puisque, "s’il fait partie du
problème, comme il le démontre dans sa pratique, il doit aussi faire
partie de la solution". Dans le même sens il a évoqué la situation des
700 prisonniers basques, dont 20 en situation d’isolement dans des
centres pénitentiaires français. "Ils étaient 19, mais ma mise en
liberté a laissé Juan Carlos Subijana en situation d’isolement". C’est
en compagnie de ce militant que Jean-François Lefort a mené une grève
de la faim, pour dénoncer l’attitude de la direction de la prison. "ça
a été dur", a-t-il avoué, "mais nous avons obtenu une partie de nos
revendications. Pourtant, rien n’est réglé : les prisonniers meurent
dans les prisons et leurs familles sur les routes", a-t-il souligné
devant les journalistes, venus nombreux à la gare.
Jean-François Lefort est sous contrôle judiciaire. Il est obligé de se
présenter tous les lundis au commissariat, il ne peut pas quitter le
département et il lui est interdit de rencontrer un certain nombre de
personnes indiquées par le juge d’instruction.