(AFP, 6 décembre 2005)
Le procès de onze membres présumés du DHKP-C (Front révolutionnaire de libération du peuple) résidant en Belgique s’est ouvert mardi dans des conditions de sécurité exceptionnelles devant le tribunal correctionnel de Bruges (ouest). Ils sont jugés six ans après avoir été interpellés près de Knokke avec des armes, des faux cachets, des faux papiers et leurs archives.
Ils sont accusés "d’association de malfaiteurs à visée terroriste", de "faux en écriture", de "détention illégale d’armes" et de "recel".
Deux d’entre eux, qui étaient responsables du bureau de liaison du DHKP-C à Bruxelles en 2004, sont poursuivis en vertu de la nouvelle loi belge antiterroriste.
Les juges et le ministère public sont arrivés au tribunal à bord de voitures blindées, tandis que les avocats de la défense ont dû se soumettre à un détecteur de métal. Les avocats se plaignent d’avoir dû retirer leur ceinture et leurs chaussures devant les caméras de télévision.
Parmi les accusés figure Fehriye Erdal, une jeune femme soupçonnée d’avoir livré des informations ayant servi à une attaque à main armée qui a coûté la vie en 1996 à un homme d’affaires turc, Ozdemir Sabanci, et deux autres personnes de son groupe automobile, Sabanci Holding.
Un tribunal de Bruges avait estimé en juin que la justice belge n’était pas compétente pour juger ce triple meurtre. La famille de la victime a introduit un pourvoi en cassation qui est en cours.
Absente du tribunal mardi, Fehriye Erdal est depuis plusieurs années assignée à résidence à une adresse tenue secrète en Belgique, Bruxelles ayant refusé de l’extrader comme le réclamait Ankara, arguant que la jeune femme y risquait la peine de mort.
Mercredi, les avocats ont réclamé que les 11 accusés soient jugés par le jury populaire d’une cour d’assises, seule juridication compétente en Belgique pour les délits politiques, et non par les juges du tribunal correctionnel.
Cette demande a été refusée par le tribunal, qui a fixé au 10 janvier une nouvelle audience de procédure et au 23 janvier l’ouverture des débats sur le fond. L’Etat turc s’est quant à lui constitué partie civile dans ce dossier devant le tribunal correctionnel de Bruges.