AFP 02.12.05 | 18h18
La possibilité de l’implication de membres du personnel de la prison de Moulins-Yzeure (Allier) dans la préparation de la triple tentative d’évasion en février 2003 a été soulignée vendredi par des défenseurs des quatre personnes qui comparaissent pour complicité.
Michel Ghellam, 46 ans, qui purge actuellement des peines de réclusion pour des braquages et son évasion en 1992 de la centrale de Clairvaux (Aube), où un surveillant avait été tué, comparaît avec Jean-Christophe Pédron, braqueur de 36 ans, et Régis Schleicher, 48 ans, ancien d’Action directe, pour cette tentative.
A leurs côtés, accusés de complicité et/ou association de malfaiteurs, se trouvent l’ancienne avocate de Ghellam, Françoise Luneau, son ex-épouse, Marie-Laure Pettegola, et deux comparses présumés, Houcine Nigro et Fouad Negreche.
Pour tenter la belle, les trois complices avaient utilisé des explosifs et un pistolet automatique, sans que l’on sache comment ces armes avaient pu entrer en prison.
Les avocats ont donc eu beau jeu de souligner que l’enquête s’était focalisée sur les complicités extérieures, délaissant les éventuelles pistes en prison.
Défenseur de Françoise Luneau, dépeinte par l’accusation comme une femme fascinée par Ghellam avec qui elle aurait eu une relation amoureuse, Me Frédéric Monneret a reconnu que sa cliente avait commis des "fautes", notamment en conversant avec son client sur des téléphones portables interdits en prison. Il a cependant demandé la relaxe pour cette femme qui a déjà passé un an en préventive.
Mais il a aussi rappelé que les chiens policiers avaient trouvé des traces d’explosifs dans les baffles de la salle de spectacle de la prison, une pièce où "on ne peut pas accéder sans gardien".
"Par quelle espèce de miracle, huit kilos d’explosifs sont-ils entrés à la maison d’arrêt ?", s’est aussi interrogé Me Amar Bouaou, défenseur de l’ex-femme de Ghellam et de Fouad Negreche, pour lesquels il a aussi demandé la relaxe.
Et de relever que sur quelque 50 gardiens de prison interrogés lors de l’enquête, un seul s’était vu poser la question de la provenance des explosifs, ce à quoi il avait répondu : "je ne sais pas".
"Il y a de tout en prison", avait déjà sobrement expliqué Ghellam la semaine dernière. "Il suffit de payer", avait alors ajouté Me Jacques Vergès, défenseur de Schleicher.
Le jugement devrait être rendu dans plusieurs semaines.