mercredi 9 novembre 2005, 13h41
PARIS (AP) - Les violences urbaines ont baissé d’un cran dans l’Hexagone, malgré une 13e nuit de troubles. Le directeur général de la police nationale a fait état d’une "forte décrue des actes d’hostilité" dans le pays au cours de la nuit de mardi à mercredi.
Michel Gaudin a précisé que 617 véhicules avaient été brûlés (150 en Ile-de-France et 467 en province) contre 1.173 véhicules la nuit précédente, soit une baisse de 47%. Cent quatre vingt-seize communes ont été touchées (67 en IDF et 129 en province), contre 226 la nuit précédente. Dix bâtiments publics ont été détruits.
Lors d’une conférence de presse au ministère de l’Intérieur, Michel Gaudin a ajouté qu’au cours de la nuit, la police avait procédé à 280 interpellations, contre 330 la nuit précédente. Un seul policier a été blessé.
Le ministre de la Justice Pascal Clément a fait savoir pour sa part que depuis le début des violences, 1.124 personnes avaient été placées en garde à vue. Dans un communiqué, il a précisé que 213 personnes (174 majeurs et 39 mineurs) avaient été écrouées.
Au total, 208 majeurs ont fait l’objet de comparutions immédiates. Sur les 174 mandats de dépôt prononcés par les tribunaux pour des majeurs, 130 ont donné lieu à des condamnations à de la prison ferme. Et sur les 194 mineurs présentés à un juge des enfants, 39 ont été placés sous mandat de dépôt.
La nuit dernière, 11.500 fonctionnaires de police et gendarmes étaient mobilisés, soit 1.000 de plus que la nuit précédente. Deux cents fonctionnaires de la réserve de la police nationale ont aussi été mobilisés pour venir appuyer ces forces.
Concernant la possibilité pour les préfets de mettre en place un couvre-feu, il a déclaré qu’il s’agissait d’"un outil supplémentaire qui nous permettra d’être plus efficace". "Il y a des secteurs dans lesquels nous ne pouvions plus aller", a ajouté M. Gaudin.
Sur le plan des enquêtes menées, Michel Gaudin a répété qu’il n’y avait "sans doute pas d’organisation structurée au niveau national, mais probablement un système plus organisé au niveau local". Il a ajouté qu’un travail policier avait été engagé par rapport "aux preuves relevées sur place, photographies et exploitations de blogs".
Christian Gaillard de Lavernée, directeur de la Défense et de la sécurité civiles, a expliqué pour sa part que les interventions des pompiers avaient diminué de 30%, et que la baisse était "extrêmement nette pour l’Ile-de-France".
A Amiens, où la préfecture de la Somme a pris un arrêté de couvre-feu mardi soir pour les mineurs de moins de 16 ans, leur interdisant la circulation sur la voie publique entre 22h et 6h du matin en l’absence d’une personne majeure, deux jeunes ont été contrôlés et remis à leurs familles. Deux voitures ont été brûlées, contre six la nuit précédente, a précisé Patrick Hamon, du service de presse de la Direction générale de la police nationale (DGPN). Les patrouilles de police ont été renforcées à Amiens.
La liste des zones concernées par l’application de la loi de 1955 sur l’état d’urgence a été publiée mercredi au Journal Officiel. Au total, 25 départements y figurent, couvrant sept régions et plus d’une trentaine de villes dont Paris, Lyon, Marseille, Nice, Toulouse et Lille. Les préfets y ont la possibilité d’y décréter le couvre-feu, s’ils le jugent nécessaire.
Dans le Rhône, le trafic des transports en commun lyonnais (TCL) a repris partiellement mercredi matin, après notamment le jet d’un cocktail Molotov dans une rame de métro à Lyon la veille au soir. Des journalistes russes ont également été molestés et leur véhicule dégradé, selon la cellule communication de la DGPN.
A Nice (Alpes-Maritimes), un homme était dans un "état critique" après avoir été grièvement blessé à la tête par un haltère lancé depuis un immeuble dans le quartier des Moulins. Toujours dans les Alpes-Maritimes, à Grasse, un entrepôt de journaux du quotidien "Nice-Matin" a été volontairement incendié. Les dégâts sont importants.
A Toulouse (Haute-Garonne) des affrontements ont opposé des émeutiers aux forces de l’ordre. A Bassens, près de Bordeaux (Gironde), un bus sans passager roulant au GPL a explosé après avoir été la cible de jets de cocktails Molotov. Le chauffeur n’a pas été blessé.
Dans le Jura, à Dôle, neuf bus ont été incendiés dans un entrepôt, ce qui a entraîné l’évacuation d’un immeuble d’habitation voisin.
Dans le Pas-de-Calais, deux magasins But et Saint Maclou ont été incendiés et pillés à Arras, et un feu a été signalé sur un parc de stationnement à Outreau.