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Septembre 1971 : la révolte d’Attica (Novembre 2005)

Plus de trente longues années se sont écoulées depuis ce matin bruineux du 13 septembre 1971 où les troupes fédérales prirent d’assaut la prison d’Attica dans l’Etat de New York. Notre collaborateur Dénètem propose une analyse cultivée, riche et critique de cette révolte, une des plus signifiantes des populations carcérales américaines, porteuse d’une contestation profonde du système de légitimation US. Après avoir saisi les prisons américaines dans leur triple dimension de zoo, d’usine et de camp de concentration, il décrypte la dimension révolutionnaire qu’a pu incarner une insoumission de taulards qui étaient en passe de produire une contre-culture, un centre formation pour une jeunesse rejetée qui aspirait à un autre monde.

« Search and destroy »

On ne peut comprendre la révolte d’Attica et sa portée politique sans se référer au contexte de quasi guerre civile dans lequel elle se produisit. « On peut décrire le fonctionnement du système judiciaire américain comme une « mission de localisation et de destruction » (« search and destroy ») de la jeunesse noire » (Les prisons de la misère, Wacquant). Le harcèlement policier voire militaire (en 1965, à Los Angeles : violence de la répression du soulèvement noir du ghetto de Watts) de la jeunesse noire américaine débuta vraiment dans les années 60, au moment de la montée des mouvements d’émancipation noirs.

Les assassinats politiques du pasteur Martin Luther King et de Malcolm X ne doivent pas faire oublier le fait que ce furent les membres du Black Panthers Party qui furent la cible privilégiée de la répression policière. Le cas de Mumia Abu-Jamal, ancienne panthère noire toujours coincée dans le couloir de la mort, témoigne de cet acharnement. Face à la brutalité policière et aux violences racistes, les Panthères Noires se considéraient comme des résistants : leur veste en cuir noire et leur béret faisaient clairement référence à la résistance française.

Au niveau de leurs références idéologiques, ils puisaient autant dans le livre rouge de Mao que dans l’existentialisme de Sartre ou Les Damnés de la Terre de Frantz Fanon. Dans la pratique, ils mirent en place non seulement des groupes d’autodéfense armée (contre les violences policières) mais aussi toute une politique sociale et culturelle : des « programmes de survie communautaire » et des services gratuits comme les dispensaires, les écoles, les transports vers les prisons etc. Et surtout, ce parti se distinguait des autres organisations noires (parfois très nationalistes et sexistes comme Nation of Islam) par sa volonté d’agir en association avec d’autres groupes progressistes comme les pacifistes (contre la guerre du Vietnam), les mouvements gay et féministes (voir les écrits de la panthère Angela Davis) etc.

Devant le danger de l’émergence d’une vaste coalition de mouvements de gauche radicaux, en 1969, Edgar Hoover, le directeur du FBI, décréta le Black Panthers Party ennemi public numéro un et mit au point une opération de contre-espionnage, baptisée COINTELPRO qui dura dix ans : des dizaines de Panthères furent tuées lors de fusillades provoquées par la police, des centaines de membres et de sympathisants furent emprisonnés. Par la force des choses, les Black Panthers furent donc en première ligne dans les luttes carcérales.

« La lutte dans les prisons est devenue un front nouveau de la révolution » (cité par Michelle Perrot in Les ombres de l’histoire) affirmait George Jackson, l’un des leaders des Panthers. Le cas de Jackson est emblématique, condamné à vie en 1961 pour un vol de 70 dollars dans une station d’essence, il se forma en prison, à la lecture de Karl Marx, d’Adam Smith, de Frantz Fanon et d’autres penseurs. Les jeunes qui comme lui n’avaient pu accéder ni à l’éducation ni à l’emploi, ceux qui avaient été forcés à s’auto-éduquer en prison, il les appelait, dans ses écrits, les « intellectuels du lumpenprolétariat » (chômeurs, délinquants, marginaux...).

Les prisons étaient devenues en effet pour les jeunes noirs américains de véritables centres de formation politique. Des livres comme le Manifeste communiste ou le Livre rouge de Mao étaient réécrits à la main dans un langage simplifié et utilisés dans des groupes d’alphabétisation de base. Des journaux, toute une littérature de prison étaient produits par les détenus, on faisait parvenir clandestinement les manuscrits à des éditeurs extérieurs. Le livre même de Jackson, Les Frères de Soledad (Folio, intro de Jean Genet), circulait de main en main dans les prisons américaines où on se l’arrachait.

La libération des esprits devait devenir une arme contre l’oppresseur, Jackson mettait toute son énergie à faire en sorte que la mentalité des jeunes paumés noirs se transforme en mentalité de révolutionnaires noirs, en conscience politique. « J’étais révolté. J’étais en prison et je regardais autour de moi pour découvrir quelque chose qui pourrait vraiment faire enrager les matons. J’ai découvert que rien ne les faisait autant enrager que la philosophie ». Le 21 août 1971, prétextant une tentative d’évasion, les « matons » de la prison californienne de Saint Quentin abattirent froidement Georges Jackson. Il était temps de bâillonner ce foyer de dissidence...

« Entendre le grondement de la bataille » (in Surveiller et punir)

La mort de George Jackson suscita dans l’ensemble des prisons américaines un grand vide, une vive émotion, un sentiment de révolte. Alors que cette mort était survenue en Californie, de l’autre côté des Etats-Unis, elle déclencha presque aussitôt une grève de la faim spontanée, suivie par un grand nombre de détenus, dans la prison new-yorkaise d’Attica.

Le 9 septembre 1971, les 1500 détenus du block cellulaire D décidèrent d’aller plus loin en organisant une mutinerie : ils prirent en otage 40 surveillants et s’assurèrent rapidement le contrôle général des bâtiments. La situation dans le pénitencier fédéral d’Attica était depuis longtemps explosive. Attica, c’était le dernier cercle de l’enfer carcéral américain : surpeuplement, régime ultra-disciplinaire et punitif, conditions d’hygiène atroces, soins médicaux inexistants etc. La mort de Jackson joua donc le rôle de l’étincelle qui met le feu aux poudres. Ce qui révèle le caractère déterminé, réfléchi et, d’une certaine manière, légitime de la rébellion des détenus de cette prison, c’est bien le ton et le contenu de la déclaration que fit le Comité de Libération d’Attica :

« Nous, prisonniers d’Attica, cherchons à mettre fin à l’injustice dont souffrent tous les prisonniers, quelle que soit leur race, leur confession, leur couleur. La préparation et le contenu de ce document ont été établis grâce aux efforts unifiés de toutes les races et de toutes les catégories sociales de cette prison. Il est établi, et de notoriété publique, que l’administration pénitentiaire de New York a transformé des institutions initialement prévues pour corriger socialement des individus en ces camps de concentration que l’on trouve dans l’Amérique actuelle. Compte tenu du fait que la prison d’Attica est l’une des institutions les plus classiques de cruauté organisée exercée sur les hommes, la liste de revendications qui suit a été adoptée. Nous, les prisonniers d’Attica, nous vous disons à vous les bien-pensants de la société : le système carcéral que vos tribunaux ratifient est la grimace terrifiante du tigre en papier, du pleutre au pouvoir.

Manifeste respectueusement présenté à la société à titre de protestation contre les marchands d’esclaves, abjects et corrompus : le gouverneur de l’État de New York, le département pénitentiaire de l’État de New York, l’assemblée législative de l’État de New York, les tribunaux de l’État de New York, les tribunaux des États-Unis, le département des libérations conditionnelles de l’État de New York. Et ceux qui soutiennent ce système d’injustice. Cette liste de revendications va vous être présentée. Nous essayons d’agir selon la voie démocratique. Nous avons le sentiment qu’il n’est pas nécessaire de dramatiser ces demandes. » (extrait de Au pied du mur, éd. L’Insomniaque) Suivent 26 revendications concernant : le droit à l’éducation, la journée de travail de 8 heures, les droits syndicaux, la possibilité de se doucher régulièrement, une nourriture digne de ce nom, l’accès aux soins...

Un mouvement de soutien populaire s’organisa à l’extérieur. Le Comité de Solidarité avec les Prisonniers, un groupe fondé l’année précédente par les Youth Against War And Fascism (Jeunes Contre la Guerre et le Fascisme), rassembla de l’argent et loua des cars pour que les familles de détenus puissent se rendre à Attica. Le Comité de Solidarité fit en sorte également que les détenus puissent bénéficier d’une aide juridique en faisant appel à des avocats et juristes. Des membres du mouvement des droits civiques, des Black Panthers et d’autres groupes contestataires comme le Young Lords Party (groupe révolutionnaire de Porto Ricains d’origine) se rassemblèrent autour de la prison pour mener diverses actions : manifestations de soutien aux rebelles, sensibilisation de l’opinion publique, interpellations des hommes politiques etc. Les négociations devaient débuter le 13 septembre.

Mais le jour J l’Etat envoya près de mille hommes, des fédéraux, des gardes nationaux, des sections d’assaut, qui par une opération coup de poing d’une extrême violence (armes automatiques, lance-grenade, hélico...) réussirent à reprendre la prison en moins d’une heure. L’assaut fit 43 morts, dont dix otages, et 200 blessés. Les autorités pénitentiaires prétendirent que les détenus avaient égorgé les dix otages. Mais les autopsies des médecins légistes révélèrent que les otages n’étaient pas morts la gorge tranchée mais des suites des blessures infligées par les tirs des forces de l’ordre ; ce qui fut confirmé par la commission d’enquête McKay de l’Etat de New York...

Malgré sa répression sanglante et la tentative de la criminaliser (en lui imputant la mort des dix otages), la révolte d’Attica provoqua une véritable onde de choc aussi bien dans les prisons américaines (vague de révoltes) que dans les prisons françaises.

En France, grâce à l’action du Groupement d’Information sur les Prisons (GIP fondé par Foucault, Vidal-Naquet et Domenach), le gouvernement autorise en 1971 l’entrée dans les prisons de la presse quotidienne et des radios : « Donc, en juillet 1971, on permet aux détenus de lire les journaux. En septembre 1971, ils apprennent la révolte d’Attica ; ils s’aperçoivent que les problèmes qui sont les leurs et dont ils se rendent compte qu’ils sont de nature politique, et pour lesquels ils sont soutenus de l’extérieur, que ces problèmes existent dans le monde entier. (...) Cela a conduit à une forme de révolte totalement différente.

En décembre 1971, deux mois après Clairvaux, deux mois et demi après Attica, quatre mois après l’autorisation des journaux, un an après la fondation du GIP, une révolte a éclaté à Toul, comme on n’en avait plus connue depuis le XIXème siècle : une prison entière se révolte, les prisonniers montent sur les toits, ils jettent des tracts, déploient des banderoles, font des appels au mégaphone et expliquent ce qu’ils veulent » (« Prisons et révoltes dans les prisons », Dits et écrits I, Quarto Gallimard, Foucault). Certes, l’ « Animal factory » américaine a réussi à éliminer physiquement George Jackson, mais son esprit et celui des Panthères Noires lui ont longtemps résisté...

• Quelques films autour d’Attica et du contexte politique de la révolte :

Attica de Cinda Firestone (1973) Black panthers, d’Agnès Varda (1968) ; Black panthers de Van Peebles (1997) ; Attica de Marvin J. Chomsky ; Punishment Park de Peter Watkins, 1970 ; Un après-midi de chien de Sydney Lumet, 1975


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