Les unités féminines "Suthanthirap Paravaikal" / « Oiseaux de la Liberté ».
Adele Ann - 1990
Les femmes Tamoules (un peu plus de 50 % de la population tamoule) ont été longtemps sujettes à une oppression provenant d’une double origine. D’un côté elles ont dû lutter contre l’oppression nationale provenant des politiques chauvines du Sri Lanka, d’autre part, les femmes ont été sujettes à une forme interne d’oppression sociale de la part des hommes Tamouls. Cette forme d’oppression conservatrice était renforcée par les traditions et certaines normes culturelles inhérentes à la communauté du Tamil Eelam.
L’oppression des femmes est forte dans le secteur des plantations où elles forment la moitié de la main-d’oeuvre. De plus, l’oppression de caste y trouve son expression la plus virulente.
Cependant ce bref article traitera notamment de l’aspect et de l’impact de la guerre sur les femmes du Tamil Eelam. En particulier, il retracera le développement des "Oiseaux de la liberté", l’aile militaire des femmes du LTTE.
Le rôle des femmes dans le combat militaire a été dépeint en termes confus dans le Puranas Tamoul. Sathyabama et Kaikeyi ont activement participé aux batailles aidant leurs maris Krishna et Dasaratha, mais Bheeshma, dans le Mahabharatha, refuse de combattre Sikandi parce qu’il est en réalité une femme, Ambai, transformé en mâle.
La littérature du Tamil Eelam ne souligne pas la participation active des femmes dans le combat. Au lieu de cela, elle souligne l’aspect de la maternité. La mère dans le Puranas qui décrit son utérus comme une caverne et son guerrier de fils comme un tigre en est un exemple.
Il y a également la mère héroïque d’après la perte du père, du mari et du frère et qui envoie son fils à la guerre. Informée que son fils a été blessé dans le dos elle en a honte, supposant qu’il avait fuit, et elle se rend sur le champ de bataille où en fin de compte elle s’aperçoit qu’il a combattu et est mort en héros.
L’oppression nationale croissante a cependant provoqué une situation où les femmes Tamoules ont pris les armes. Les modèles classiques de vie ont alors subi une transformation rapide.
Au commencement les recrues militantes étaient des filles animées par le feu des visions romantiques ou venant des familles cruellement touchées par la guerre. Dans certains cas, une expérience personnelle était un facteur de motivation.
Les « Oiseaux de la liberté » ou "Suthanthirap Paravaikal" étaient au commencement quelque chose comme une unité paramilitaire. Un grand soin avait été pris pour ne pas déranger les valeurs culturelles de la société dans son ensemble. Les premières tâches leur étant réservées étaient par exemple la cuisine. Elles ont néanmoins également obtenu d’effectuer une formation militaire.
Au fil du temps, les « Oiseaux de la liberté » ont commencé à également participer au combat. L’invasion indienne a été comme un facteur déclenchant. L’armée indienne était en effet chauvine, brutale et machiste. Les viols et violences diverses ont produit un impact fort.
Bien que des militantes féminines des Tigres aient été blessés au combat avec les forces du Sri Lanka, les premiers décès ne se sont produits que contre l’armée indienne. 24 femmes sont mortes jusqu’à présent (février 1990).
La première chef de la brigade des femmes, Vasanthi dit Sothia, est morte en 1990 à cause d’une méningite.
La lutte armée au Tamil Eelam dure depuis plus de 17 ans (en 1990). La période de la lutte armée de femmes date elle de moins de sept ans. Les répercussions du pogrom anti Tamouls de 1983 et l’oppression armée continue ont inspiré beaucoup de jeunes Tamouls à rejoindre les rangs des militants. La contribution des femmes était proportionnellement faible en raison des barrières culturelles mais des femmes ont fait parties des premières cellules militantes qui ont été formées dans divers endroits du Tamil Eelam.
En 1985, les diverses cellules militantes féminines ont été façonnées en un seul corps : la division d’armée de femmes des LTTE. Pour la première fois dans l’histoire contemporaine du Tamil Eelam, les femmes ont obtenu une formation militaire et ont constitué une unité révolutionnaire de combat autonome.
Les organismes de femmes se sont livrés à beaucoup de travail politique et de propagande parmi les femmes. Afin de soulever la conscience parmi les femmes au sujet de l’oppression nationale et de la lutte de libération de la femme, un journal appelé "Suthanthirap Paravaikal" ("Oiseaux de la liberté") a été édité. Le premier numéro date de décembre 1984. Bientôt, ce nom a été adopté pour désigner l’unité des femmes.
Quand la péninsule est devenue une zone semi libérée, les activités de la division des femmes se sont largement intensifiées. Les « Oiseaux de la liberté » ont intégré et ont coordonné leurs activités avec d’autres organismes de femmes, des syndicats, des centres de formation, des centres de santé, et des centres primaires d’éducation. En même temps les combattantes se sont engagées dans le combat direct contre l’armée sri lankaise à Mannar et Vavuniya.
Les militantes féminines ont été des combattantes actives dans le combat d’Adamban le 12 juin 1986 où Victor (héros des LTTE) a été tué. Des femmes ont été impliquées dans les efforts pour s’emparer du plein contrôle des zones de Jaffna et de Killinochchi. Elles ont également participé aux attaques du camp de Mayiliathanai, du camp de Kurrumpucity et aux attaques célèbres de Nelliadi .
Après la signature de l’entente Indo-Sri Lankaise, la division des femmes s’est engagée dans la propagande. Leur tâche était de supprimer le faux sentiment de confiance que les gens portaient en l’Inde. Le boycott, les marches de protestation, les blocus routiers, etc. ont été réalisés grâce à elles qui ont sût mobiliser les femmes pour ces actions.
L’action conjointe et la cohabitation des femmes au foyer et des militantes révolutionnaires ont permis la prise de conscience des premières.
Quand la tentative a été faite de capturer Jaffna, les femmes ont combattu avec grand courage. L’opération militaire préliminaire contre l’IPKF (Force de Paix indienne) a été menée par des cadres féminins. La première perte des Tigres dans la guerre contre l’Inde était une femme, la 2nd.Lt. Malathi. Elle était également la première perte féminine parmi les Tigres. Trois autres Kasthuri, Thaya et Ranji sont également mortes dans ses combats préliminaires.