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La fausse alternative entre néolibéralisme et néoréformisme (Gant - 19 juin 1999)

Déclaration lors de la journée internationale des prisonniers révolutionnaires

La fausse alternative entre néolibéralisme et néoréformisme Gand, 19juin 1998

Nous saluons tous les camarades présents aujourd’hui à Gand lors du rassemblement pour la "journée internationale du prisonnier révolutionnaire". En particulier le réseau ABC qui s’est joint cette année à l’initiative. Nous savons combien, au cours des ultimes décennies, il a démontré sa solidarité sans faille avec les révolutionnaires emprisonnés en Grande Bretagne et aux USA. Cette journée du 19 juin commémore le massacre de centaines de camarades péruviens. Elle est devenue un acte international. Chaque année, nos rangs grossissent. Aujourd’hui, cette initiative est un des rendez-vous importants des mouvements de résistance. En son nom, des centaines de camarades prennent la parole dans les réunions publiques organisées sur notre continent et ailleurs. C’est une voix collective qui résonne en milliers d’échos. Elle parle de lutte, d’internationalisme prolétarien et de guérilla.

Elle affirme notre volonté, à travers des situations souvent différentes, de nous affronter à l’ennemi commun : le capital et les grands monopoles des puissances impérialistes. Elle questionne les expériences des luttes passées et actuelles pour saisir quels sont à notre époque les meilleurs moyens et les orientations les plus correctes pour agir.

Ainsi l’année dernière, lors de la réunion de Bruxelles, notre déclaration s’achevait sur des interrogations nous paraissant encore fondamentales : "Comment agir aux intérêts généraux du prolétariat international, à sa recomposition comme classe révolutionnaire et à son sujet antagoniste présent : le prolétaire précaire ? Comment créer des relations vivantes et constructives avec les expressions révolutionnaires de ce prolétariat dans les pays de Tricont ?

Comment travailler à une organisation sociale adéquate à l’affrontement historique actuel ?

Comment affronter la conjoncture générale des contradictions du capitalisme ? Comment affronter la contradiction entre les trois pôles concurrentiels impérialistes les USA, le Japon et L’UE ? Comment oeuvrer à l’unité des révolutionnaires sur notre continent et au sabotage du militarisme et de la guerre économique ? Comment dépasser les cadres de la contre-révolution permanente des régimes bourgeois du centre ? Comment critiquer et briser les miroirs de l ’illusion de ces régimes autoritaires ? Comment s’opposer au processus de fascisation qu’ils matérialisent et perpétuent dans la déconnexion toujours plus grande entre les pouvoirs formels (partis, parlements...) et les pouvoirs réels (les pouvoirs concentrés dans l’économique, dans le capital financier) ?"

Forcément, ce sont des questions. Les réponses s’établissent dans la lutte collective. Elles ne peuvent être des solutions toutes faites quels que soient la provenance et les auteurs.

En la matière, l’affirmation n’est rien sans le questionnement. Trop nombreux sont ceux qui croient encore et sincèrement défendre la révolution en dressant de vieux modes à penser éculés, déformés ou rabougris dans leur liturgie. Si par le passé les luttes les avaient forgés, c’est parce qu’elles en avaient besoin dans des circonstances précises. Une fois ces circonstances éteintes, ces modèles ont fini par devenir des entraves, participant même à l’ordre qu’ils sont censés combattre. A l’inverse, les questions réactualisent l’affirmation révolutionnnaire. Elles font surgir la synthèse de la perspective née des luttes. Sans elles, l’engagement communiste renonce à vivre comme perspective du projet de libération dont la nécessité se fait sentir quotidiennement pour le prolétariat mondial. Ces hommes et ces femmes, dépossédés de la richesse qu’ils produisent, doivent se soumettre à une organisation sociale qui les exploite, opprime et avilit. Leur force de travail est leur seul capital, et sa dévalorisation est assujettie aux décisions des détenteurs de capitaux. "Au choix", ils sont chômeurs et chômeuses, précaires et exploité(e)s. Déterminée par la nouvelle qualité d’une division du travail mondialisé, la précarité est aujourd’hui au coeur de l’exploitation des prolétaires. Dans un même mouvement, d’un bout à l’autre de la planète, leurs conditions ne font qu’une et se concurrencent à l’extrême sous le même talon de fer. Comme classe pour soi, ce prolétariat, sujet historique, est déterminé par le rapport à l’organisation sociale existante : garantir son aménagement, pacifié sous la schlague du rapport de force existant, ou la bouleverser de fond un comble parce qu’elle est irréformable tout autant qu’insupportable.

Actuellement sur notre continent, la conflictualité dans les entreprises insiste contre tout projet de précarisation supplémentaire. Et de nouveaux mouvements sociaux surgissent. Du mouvement des Sans Papiers au mouvement des chômeurs, les racines de ces luttes plongent profondément dans les contradictions du système. Ils portent les germes d’une mise en cause globale du mode de produire actuel. ils en relient ainsi deux marques essentielles : la croissance mondialement exponentielle de l’armée de réserve que le chômage a toujours constituée pour le Capital et les migrations comme composante essentielle de cette armée de réserve.

Cette connexion reflète une conscience réelle et très concrète de ce que la précarité est toujours plus au centre du système. En cela, cette conscience est un souffle d’espérance pour la qualité de ces mouvements. Pour autant, ce sont avant tout les effets de cette précarisation qui sont dénoncés. A quelques exceptions près, elle n’est pas vue comme le produit de la lutte féroce que se livrent la bourgeoisie impérialiste et l’ensemble du prolétariat mondial. Et moins encore, elle est projetée dans la résolution révolutionnaire de l’avenir que contient cette lutte des classes globale. Par-là, cette mise en cause semble toujours plus insérée dans les cadres même du système. Du moins, tel est le cas en France où, plus facilement qu’ailleurs, nous pouvons être à l’écoute de ce qui s’y joue. En soi, aussi à partir de l’expérience des années mitterrandieunes l’existence de ces mouvements sous la férule d’un gouvernement social-démocrate est un enjeu. il rend d’autant plus inquiétant que, dans l’ensemble, les cadres dans lesquels ils s’organisent, soient dominés par le réformisme : la "gauche plurielle" aurait besoin d ’être poussée par une "gauche de la gauche", associée à une "gauche morale".

Ces "nouvelles gauches" en appellent à la refonte de l’Etat protecteur, à des mesures de salarisation sociale, à la conciliation social-démocrate sans mettre sur le tapis la question révolutionnaire de la division mondiale du travail. Elles parlent de "conquête du temps libre" et autres temps "libérés du travail" sans vouloir interroger le rapport capital/travail. Elles parlent de répartition moins inégalitaire des richesses mais ne disent rien de l’appropriation privée de la richesse socialement produite qui est le fondement du système. Elles dénoncent la précarité comme une donnée du modèle néolibéral mais ne veulent surtout pas la rattacher à la qualité globale de la domination du capital. Bref, toute une litanie de présupposés "démocratiques" enterrant l’expérience que les classes exploitées et opprimées ont de ce jeu là. Il s’agirait de retrouver les "valeurs de la République" et autres citoyennetés perdues dans le malstrom de la mondialisation. Comme si ces mots pouvaient encore être déliés du sens que leur a donné et leur donne encore le masque de la dictature bourgeoise depuis 150 ans ! Lavés du sang des crimes coloniaux commis au nom de ces mêmes valeurs, nettoyés des cadavres des ouvriers de juin 1848, des Communards, des insurgés de toutes couleurs qui avaient osé ne pas reconnaître les bienfaits de la "Civilisation française"...

De fait, en prétendant remédier à l’aggravation des marques du système par des revendications sans contenu de classe, le réformisme ne s’oppose en rien à la déconnexion croissante entre pouvoirs réels et pouvoirs formels. Au contraire, refusant de poser la question du pouvoir à partir des termes réels de l’affrontement entre bourgeoisie et prolétariat, il encense et sanctifie la dictature de classe de la bourgeoisie. Et c’est précisément ce que montre jusqu’à la caricature le goût actuel pour les anciennes citées. Pire encore, il en aggrave la qualité autoritaire en contournant les termes réels du combat. De ces représentations éculées, il peut seulement surgir une consolidation du pouvoir des monopoles. Moins que jamais, l’exploitation renforcée, la croissance de la surpopulation relative, l’extension de la misère, la gestion hallucinée par le profit des ressources indispensables à la vie peuvent être mises en cause dans le cadre même du système qui les développe. Comment ne pas voir à quel point, ce système ne donne une miette ici qu’en pillant un peu plus ailleurs ? Non seulement, c’est ce qu’il fait depuis son avènement comme mode social dominant, mais cette réalité constitutive est encore empirée à travers la circulation ultrarapide des capitaux et les concentrations qu’elle alimente.

Contre cela, les plus tiers-mondistes de nos réformateurs proposent une taxe de 0,1 % sur les flux de capitaux et culpabilisent gentiment sur la responsabilité des pays impérialistes vis-à-vis d’un ordre aussi visiblement injuste. "Idéale", elle ne porterait pas atteinte aux flux de capitaux et assainirait un système financier que même le président du FMI renonce à expliquer. La nature des Etats censés répartir cette "manne" n’est pas non plus interrogée. Et pourquoi le serait-elle d’ailleurs ? La question n’est surtout pas de défaire le rapport impérialiste.

Et le plus grave est qu’en trimbalant ces mythologies d’une amélioration graduelle du système, et plus encore celles d’une amélioration localisée au coeur du système, on participe à l’avancée du processus de fascisation. De nos jours, un tel processus, c’est la concentration des pouvoirs économiques, financiers, politiques, militaires et culturels dans la métropole ; c’est l’autoritarisme sans égal des pouvoirs usurpés par ces monopoles gigantesques, c’est le spectaculaire dissimulateur des régimes démocratiques, les comédies électorales, et les grands traités internationaux (la dernière tentative, l’AMI, fut particulièrement significative de la réalité de ce processus). Comme il est, encore et avant tout, ce monopolisme condamnant 95 % du prolétariat mondial à l’insécurité de l’existence. C’est la gestion planifiée du sacrifice de milliers d’exploités et d’opprimés chaque année. C’est le moloch du rrarché mondialisé requérant toujours plus de vies. Or, les fausses unités populaires, auxquelles appelle la mythologie réformiste désarment les prolétaires. Demi-solutions, liées à des sujets exclusivement métropolitains, elles sont doublement dangereuses. D’une part, le processus de fascisation a toujours été marqué par cette dissymétrie profonde. Alors que la bourgeoisie passe à l’offensive dans une politisation à l’extrême de son action, les forces prolétariennes, dominées par les vieilles méthodes, se recroquevillent sur le local et les luttes économiques en rejetant les principaux aspects de leur politique révolutionnaire. D’autre part, dans le même temps où la misère se généralise, la différence de condition entre les prolétaires de la périphérie et des métropoles s’accroît. Ainsi en niant, aux prolétaires, leur réalité de classe centrale à une véritable transformation du rapport de force, on les subordonne d’autant plus sûrement à d’autres classes. Précisément, on les subordonne à la petite et moyenne bourgeoisie, qui, historiquement, se sont toujours projetées dans des solutions plus autoritaires encore quand elles se sentaient menacées.

Et ce ne sont pas les appels oecuméniques à de prétendus rassemblements antifascistes qui y changeront quelque chose. Car si l’on refuse de porter jusqu’au bout la critique des conséquences de la paupérisation des prolétaires, de l’apartheid global, de ses millions de morts annuels, l’antifascisme est un slogan creux. Le vieux principe, selon lequel qui parle d’antifascisme sans parler anti-impérialisme ferait mieux de se taire, n’a jamais été aussi essentiel. Les exemples ne manquent pas de combien cet "antifascisme" là est le masque derrière lequel une partie de la bourgeoisie essaye de présenter su dictature comme le nec plus ultra de la démocratie. En d’autres termes, un antifascisme qui sert uniquement à ficeler les véritables forces antifascistes à un "front républicain" bourgeois ici, à une constitution "démocratique" là, a une autre terminologie ronflante ailleurs. Toujours et encore, il s’agit de maquiller le rapport complètement déséquilibré entre pouvoirs réels et pouvoirs formels, dans un système de représentation fondé sur l’exclusion radicale des masses de tout centre de décision et dont les marques ne cessent de se caricaturer elles-mêmes. Ainsi, chaque fois que l’antifascisme croit pouvoir se contenter d’une critique superficielle des conséquences du capitalisme au stade impérialiste, il se livre pieds et poings liés à ses ennemis. Ceux qui avec leurs soupes politicardes l’utilisent pour mieux essayer de conserver une légitimité à leurs fonctions de gestionnaires. Professionnds de la politique politicienne et autres promoteurs du spectacle oppositionnels. Ensemble, ils gèrent localement le processus de fascisation des monopoles. Ensemble, ils font le grand théâtre de marionnettes, indispensable à la façade du régime dont les présupposés démocratiques servent seulement à dissimuler la réalité de ce processus. Ce sont eux qui bafouent les "idéaux démocratiques" dont ils se prévalent. Eux encore qui, face à la crise de désorganisation capitaliste, ordonnent une organisation toujours plus autoritaire du travail. Eux toujours qui assignent, d’une manière toujours plus ferme et violente, les prolétaires à leurs chaînes.

En France aujourd’hui, les aspects les plus réactionnaires de la politique du gouvernement Jospin sont promulgués au nom de la montée électorale du Front National. Les "arguments" font flores. "Il faut renvoyer les immigrés chez eux sinon le FN va s’en servir comme arme contre la démocratie. Il faut sécuriser les quartiers, ratonner les jeunes, donner plus de moyens aux flics et aux juges, réprimer plus sévèrement les mineurs délinquants, mieux contrôler les familles pauvres..." Bref en un mot, si le régime se blinde, ce serait pour couper l’herbe sous le pied du FN ! Certes, les entreprises "les plus respectables", parfois nationalisées, financent les syndicats et autres satellites du même FN. Elles ont parfaitement conscience que le processus de fascisation pourrait, le moment venu, nécessiter un état d’exception et donc avoir recours à de telles politiques. Certains patrons de groupes importants affirment haut et fort qu’ils ne voient pas d’objection aux alliances récemment concoctées entre certaines fractions de la droite traditionnelle avec le FN.

Certes, une ville comme Lyon voit se multiplier les agressions fascistes. La plus réccnte contre le centre de planning familial de Villeurbanne. Dans ce "quartier sensible" que d’habitude les flics savent si bien boucler en un temps record quand l’agitation sociale s’y développe, le commando a eu tout le temps de rendre les installations inutilisables et de se replier. Tandis que le conseil régional est justement géré par une majorité droite/FN. Certes, on pourrait comparer la clémence de la justice vis-à-vis des commandos anti-avortement avec sa sévérité pour d’autres perturbateurs de la "paix républicaine". Parler de la manière dont les réunions du FN sont protégées par la police nationale d’éventuelles interventions antifascistes radicales. Tandis que, si sa milice ne trouble pas l’ordre républicain, les menaces de criminalisation sont le lot de ceux et celles qui, au départ des avions et des trains, cherchent à empêcher les expulsions de Sans Papiers.

Cependant, c’est bien par la grâce des gouvernements successifs de l’alternance droite/gauche que progresse la militarisation de l’espace public. Elle atteint des proportions jamais égalées jusqu’ici dans le cours normal d’une démocratie parlementaire. Depuis, les attentats-massacres de 95, après bien d’autres sauts dans le renforcement sécuritaire, il était devenu une habitude de voir passer dans les métros, les gares, des escouades de l’armée, pistolets mitrailleurs en bandoulière. Le Mondial aura été l’occasion de les déployer plus encore dans les quartiers tandis que d’autres sont postées dans des endroits stratégiques comme les centres de distributions d’EDF. Il est facile de prévoir que, pas plus que lors des sauts prcédents, une fois ce cirque terminé, on ne reviendra tout à fait à l’état antérieur de militarisation courante.

Dans les citadelles impérialistes, les travailleurs étrangers et de couleurs sont devenus les gibiers de l’ordre. On traque le clandestin. Aux frontières, on fait intervenir l’armée et des procédés technologiques sans précédent. Là encore, il s’agit d’un aspect de la lutte des classes qui se livre aujourd’hui. Une lutte violente, au cours de laquelle on meurt et on assassine. Entre 1993 et 1996, au moins 1 200 travailleurs étrangers ont trouvé la mort en cherchant à franchir la barrière entre le Mexique et les USA, des centaines d’autres dans le détroit de Gibraltar et en mer Adriatique. Une loi essentielle du capitalisme est celle poussant les miséreux à suivre les mouvements des capitaux, de la campagne vers la ville, des régions pauvres vers les régions riches, des pays dépendants vers les pays impérialistes. Cet exode de prolétaires paupérisés s’intensifie encore avec la globalisation et la circulation ultrarapide des capitaux qui voit chaque crise des investissements multiplier les expulsions de travailleurs migrants. Récemment encore, c’était la Malaisie renvoyant en masse les Indonésiens. Des centaines de millions de pauvres sont jetés sur les routes, alors que les capitaux accaparés mondialement convergent vers les centres impérialistes. Les migrants qui tentent la dangereuse aventure des frontières de l’Europe forteresse ne sont qu’une infime partie des réfugiés, fuyant la misère et les conflits en Afrique, Asie et au Moyen-Orient. Alors que ces conflits sont les répercussions d’une concurrence acharnée que se livrent les monopoles, quand ce n’est pas une conséquence directe comme ce fut le cas dans l’ex-Zaïre ou au Congo-Brazaville. Et les conflits ethniques et religieux se dynamisent encore de ces répercussions ; quand ils ne sont pas directement instrumentalisés par elles. La bourgeoisie intensifie sa guerre. Il n’est pas question pour elle de désarmer. Face à cette réalité, il est complètement illusoire de penser lui opposer une société civile qui n’existe que dans la tête de ceux ayant oublié ou voulant oublier, que l’Etat est la matérialisation d’un rapport irréconciliable entre les deux principales classes antagonistes. Tout ce vocabulaire interclassiste enchaîne le prolétariat à l’éternel recommencement de révolutions nationales bourgeoises qui ne sont pas les siennes.

A partir de cette réalité, il est parfaitement juste qu’on se batte pour la régularisation des Sans Papiers, qu’on les aide à avoir un toit. Mais la lutte des classes qui produit leur précarité ne peut se satisfaire de la charité métropolitaine, ni de demi-solutions, aussi sympathiques soient-elles. Les problèmes de régularisation des étrangers et de l’emploi, reviennent et reviendront sans cesse sur le tapis. Ils sont la révélation de l’épuisement du mode de production actuel et l’exigence d’une solution révolutionnaire. Les protestations contre la violation du droit d’asile ne peuvent pas répondre à cette exigence révolutionnaire. N’y répond pas non plus le simple rappel de la responsabilisation des pays impérialistes dans les déséquilibres économiques et sociaux, les guerres, les dictatures et les violences qui poussent ces réfugiés à tout abandonner. Pour être dynamique, la solidarité commence par la conscience de l’unité de notre classe par delà les conditions qui sont les siennes, et de l’unité du processus politique qu’il faudra accomplir pour sa politisation. Et les questions de s’enchaîner sur comment oeuvrer à l’organisation et à la conscience des forces internationales capables de donner le coup de grâce à l’oppression impérialiste. Comment travailler à briser la répression ? Comment dynamiter le flux des expulsions au-delà des mobilisations ponctuelles et parfois efficaces pour les empêcher ? Et parce que pour nous en Europe, cela exige une résolution immédiate au niveau de la zone géopolitique Europe-Méditerranée-Moyen Orient, nous devons nous demander, comment établir la ligne de front sur cet espace ?

Les liaisons qui s’esquissent dans les mouvements dans les usines, sur d’autres lieux de travail et de vie entre travailleurs et travailleuses surexploité(e)s, chômeurs et chômeuses et Sans Papiers sont un début. Elles rassemblent la classe autour de la question de la précarité. Elles tissent en une réalité subjective le fil rouge des intérêts communs objectifs. Et ce début renforce encore le questionnement. Sans lui, au mieux, ces connexions resteront dans les ornières du gradualisme de l’accumulation des forces en vue d’un hypothétique grand soir.

Le cours des luttes de résistance ne peut conduire à lui seul au dépassement qualitatif des problématiques. L’idéologisme ou le spontanéisme ne leur permet pas de sortir de la défensive. Sous leur emprise, les luttes se reproduisent sans perspective. Alors que l’affirmation de ces luttes exige la résolution subjective de nombreux questionnements et une responsabilité historique des révolutionnaires. La recherche de solutions politiques et organisationnelles, correspondant à la conjoncture, assume une urgence et une potentialité décisives.

Comment construire et renforcer une subjectivité révolutionnaire qui crée les espces d’une nouvelle offensive ? Comment lui donner la force et la conscience de constituer la rupture décisive ? Cette rupture doit avoir pour base la recomposition de la classe prolétarienne autour du prolétaire précaire. Elle doit être un moment du combat pour le pouvoir de cette classe, un moment de sa guerre révolutionnaire de libération. C’est ce que nous savons. Le hic, c’est que ce savoir est dérisoire face à la question essentielle : comment agir concrètement à cette recomposition mondiale ? Comment briser les chaînes nationales et institutionnelles du spectacle "démocratique" ? Comment rompre avec les "solutions" articulées à la gestion de l’apartheid mondial ? Comment interroger concrètement ici les rapports de production ? Comment détruire et subvertir ici les rapports de la régulation impérialiste qui tuent tant et tant "là-bas" ? Comment faire pour que les luttes ici contribuent à armer ailleurs les prolétaires dans l’unité politique recomposée ? C’est en y répondant que l’autonomie contenue dans les luttes spontanées du prolétariat peut commencer à reconquérir toute la politique révolutionnaire de cette autonomie.

Or, désormais, il est plus clair que jamais combien toute subordination de cette autonomie est antinomique à serait-ce seulement l’espérance de bloquer la perspective totalitaire que nous promet par tous les bouts le processus monopoliste. Pour changer la donne, les prolétaires ne peuvent compter que sur leurs seules forces, leurs seules capacités à développer une politisation de leurs résistances. C’est dans ce mouvement pour reconquérir l’offensive qu’ils mettront un terme à la dissymétrie profonde qui caractérise le processus de fascisation.

Tant que les forces prolétariennes se recroquevillent sur les luttes économiques, c’est la bourgeoisie qui mène la danse. Pendant ce temps, l’économisme le plus "raisonnable" envahit toute la pensée et l’action d’un prolétariat que le réformisme agit à dépolitiser, à désarmer de sa mémoire, de ses expériences et de ses potentialités. Si nous avons trouvé utile d’esquisser aujourd’hui cette problématique d’un réformisme envahissant, c’est en pensant au patrimoine de luttes, dont sont issus nombre de révolutionnaires incarcérés dans les métropoles. Nous pensons en effet que, dans ce patrimoine, se trouvent déjà certaines réponses ou des voies à explorer pour enrayer cette dépolitisation.

Ainsi, on peut citer le sens de l’internationalisme, l’analyse théorique et praxique de la lutte entre les principales classes antagonistes comme une véritable guerre, des pistes pour rompre avec les cadres du système. De là où nous sommes, il est difficile de trier les erreurs et faiblesses avérées du bon grain. Mais nous partons du principe que c’est en reconquérant la mémoire de ses luttes que le prolétariat peut vaincre. C’est aussi l’une des raisons d’être d’une telle journée. Une mémoire de lutte, une mémoire en lutte. A toutes et tous les camarades réunis ici, à tous les prisonniers et prisonnières révolutionnaires qui sont présents à travers eux, nous disons à bientôt. Cela suffira pour dire nos espoirs et désirs de ce que le monde bouge. Tant que les révolutionnaires travailleront en conscience à la réalisation de leurs rêves, observant attentivement la vie, comparant leurs observations à leurs espoirs et désirs, le projet émancipateur continuera d’être le fantôme qui hante le monde.

Collectif des prisonnier(e)s d’Action Directe


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