Kurdistan Report #16 - Octobre/Novembre 1993
Le quotidien indépendant Ozgur Gundem a réalisé en 1993 une interview avec 4 internationalistes allemands - deux hommes et deux femmes - qui combattaient au Kurdistan comme membres de la guérilla de l’ARGK (Armée de Libération du Peuple du Kurdistan).
Les 4 Allemands, qui ont pris des noms de guerre kurdes, tiennent à préciser qu’ils ne sont pas des aventuriers en vacances mais qu’ils sont complètement dévoués à la cause et déterminés a mené la lutte aussi longtemps que nécessaire.
Les 4 ont été amenés à connaître les kurdes et leur lutte par le biais de leur engagement au sein d’activités anti-impérialistes et anti-racistes en Allemagne. Au lieu de croire tout ce qui était dit dans les média, ils ont fait l’effort de trouver par eux-mêmes la vérité sur le Kurdistan et le PKK.
Tous ont fait la démarche d’apprendre à parler le kurde ou le turc. Ce n’est qu’après une longue période de travail culturel et solidaire, et des discussions politiques avec les Kurdes d’Allemagne qu’ils ont pris la décision de se dévoués entièrement à rude et dangereuse lutte de guérilla.
Ils ont été impressionnés par la force de la conviction socialiste du PKK alors que beaucoup un peu partout la déclare déclinante ou morte. Haki explique : « Quand une grande campagne de haine commença contre le PKK en Allemagne en 1987, j’ai commencé à analyser le PKK. Plus je progressais, plus je l’aimais. Plus je fréquentais ses membres, plus ma sympathie pour eux grandissait, et finalement j’ai évolué jusqu’à rejoindre leur lutte. La meilleur place pour le faire est ici. Je voulais rejoindre la guérilla ».
Tout ce qu’ils ont vu depuis qu’ils sont arrivés au Kurdistan n’a fait qu’augmenter la détermination de ses jeunes internationalistes. Cedkar, qui a auparavant servi dans les brigades de récolte du café au Nicaragua, décrit son expérience. « Le spectacle des villages brûlés et détruits au Kurdistan, m’a fait une forte impression. Dans un village j’ai vu des petites chaussures d’enfants calcinées. Il y avait des traces de balles sur les murs des maison et tout cela m’a vraiment mis en colère. Voir tout cela m’a convaincu que la seule manière de mettre fin à cette barbarie était de mener la lutte armée. E ne pense pas que le peuple kurde puisse gagner son indépendance sans le PKK. J’ai rejoint l’armée de guérilla de l’ARGK car elle défend la dignité humaine ».
La vie spartiate d’un combattant de la guérilla est, bien sûr, une épreuve difficile pour les jeunes Allemands, mais ils disent que vivre au milieu des merveilles naturelles du Kurdistan est une compensation considérable.
Haki compare ceci avec les terrains vagues urbains de son pays d’origine. « Les villes allemandes sont devenues de plus en plus comme des déserts dont les habitants ont le cerveau mort. Ne vous méprenez pas, il y a des bons et des mauvais gens de partout, mais le système pervertis les gens. Dans notre soit disante démocratie les gens s’affrontent les uns les autres ce qui fait en sorte que le système reste en place ».
Haki poursuit : « La lutte du PKK dans cette période troublée est une avancée pour toute l’humanité. La lutte dans cette région a une signification spécifique pour moi. Ce n’est pas seulement une lutte pour les Kurdes - c’est une lutte qui produit de nouvelles valeurs humaines ».
Il conclue : « La fait que personne ne puisse vivre au milieu de cette magnifique nature, sur ce sol si fertile, car il est constamment bombardé, me rend triste et encore plus proche des guérillas... J’appelle tous ceux qui dénigrent ce mouvement de venir ici et de voir la situation par eux-mêmes. Ce n’est que ainsi que l’on peut juger de la légitimité d’une lutte ».
Une leçon peut-être pour tous les socialistes en pantoufles de ce pays dont le seul fait de « solidarité » a été de dénoncer la lutte armée et de dénigrer le pkk.