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Qui était Mansoor Hekmat ?

par Hamid Taghvaie

La vie de Mansoor Hekmat (Zhoobin Razani), le grand penseur marxiste et leader du Parti communiste-ouvrier et du mouvement communiste-ouvrier, est inséparable de leur histoire, aux meilleurs comme aux pires moments. Ceci est à la fois une biographie et, en même temps, une histoire du marxisme révolutionnaire et du communisme ouvrier en Iran.

Zhoobin Razani est né en 1951 à Téhéran. C’est là qu’il a été à l’école, avant d’étudier l’économie à l’université de Shiraz. A Londres, où il est venu poursuivre ses études, il se met à la lecture du Capital et des autres œuvres de Marx. C’est dans le marxisme que son esprit critique, alerte et curieux, trouve une réponse aux questions fondamentales sur ce monde injuste et inhumain, et la manière de le transformer. L’humanisme profond et sans compromis, l’amour de la liberté du jeune Zhoobin se mêlent à la critique radicale du capitalisme de Marx. Mansoor Hekmat et son marxisme étaient nés. Celui-ci n’avait aucune forme de parenté avec les marxismes existants. Les communismes russes et chinois, la guerre de guérilla, la social-démocratie et le trotskisme étaient eux-mêmes, pour lui, des sujets de critique. En contraste avec ces versions distordues du marxisme, il commença directement par Marx, pour rendre au marxisme son humanisme et son radicalisme. Le marxisme d’Hekmat était une critique implacable du nationalisme, de la religion, de la démocratie, du libéralisme et du réformisme. Les tendances de la gauche qui étaient imbues de ces conceptions n’échappaient pas à sa critique incisive. Par-dessus tout, il fallait critiquer, par ce marxisme revivifié, une gauche qui avait réduit le marxisme a des prescriptions pour réformer le système existant.

La révolution iranienne de 1979 et l’avènement du marxisme révolutionnaire

Les premiers écrits de Mansoor Hekmat, maintenant considérés comme des classiques du marxisme en Iran, traitaient des problèmes soulevés par la révolution iranienne de 1979. La révolution critiquait et rejetait dans la rue les idées traditionnelles de la gauche. Les théories de la guérilla, le maoïsme et le tudehïsme étaient critiquées et réfutées par la pratique sociale révolutionnaire. Le mouvement des travailleurs et la gauche révolutionnaire, cependant, avaient besoin de générer une théorie indépendante. Les premiers écrits de Hekmat répondaient à cette nécessité ; ils ont ainsi rapidement été acceptés au sein de la gauche comme parmi les meneurs ouvriers.

Les différents rameaux de la gauche traditionnelle en Iran mettaient tous l’accent sur le sous-développement du capitalisme en Iran. Certains pensaient même que l’économie iranienne était féodale ou semi-féodale, considéraient du même coup certaines fractions de la bourgeoise iranienne comme progressive et révolutionnaire. Pour des organisations comme la guérilla populaire Feddayin ou le parti Tudeh - qui considéraient l’Iran comme un pays capitaliste - certaines fractions de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie étaient progressistes et révolutionnaires. Toutes les organisations de la gauche traditionnelle - indépendamment de leurs différences - représentaient en réalité un mouvement qui, au mieux, dénonçait les défauts du capitalisme, et non l’exploitation capitaliste elle-même. Les forces qui se réclamaient du marxisme à cette époque en Iran étaient, en réalité, comme Hekmat l’a montré plus tard en développant le communisme ouvrier, l’aile gauche du mouvement nationaliste-religieux anti-Shah. Elles n’avaient rien à voir avec le mouvement ouvrier ou avec la critique communiste ouvrière du capitalisme. On pouvait observer clairement, non seulement dans leur peu d’intérêt pour le communisme et la critique communiste de l’exploitation capitaliste, mais aussi dans toutes leurs attitudes envers les questions politiques et sociales soulevées chaque jour par la situation révolutionnaire. Cette gauche n’avait rien à dire sur les droits des travailleurs et leurs revendications, les droits civils, la libération des femmes, la critique active de la religion et du nationalisme, et même les revendications sociales les plus urgentes de la population. Quoique le problème de cette gauche ne soit pas dans sa théorie, mais dans ses idéaux et des objectifs non-ouvriers, le marxisme en Iran devait d’abord être établi sur le plan théorique. Pour organiser un véritable mouvement socialiste ouvrier, il était nécessaire de sortir de le sortir de ce tas de décombres. C’était devenu une nécessité immédiate, car la classe ouvrière iranienne était entrée dans une grande bataille révolutionnaire. Dans ce contexte, le mouvement des travailleurs avait besoin de sa propre théorie et de sa propre politique, indépendante. Le marxisme et le communisme devaient revenir au mouvement ouvrier ; Mansoor Hekmat a rempli cette nécessité historique.

Dans ses écrits publiés en 1979-82, Hekmat a montré, avec une clarté, une consistance et une clairvoyance éclatante, que la « bourgeoisie nationaliste progressiste » était un mythe, que la classe capitaliste iranienne tout entière avait intérêt à la dictature du Shah, dont la raison d’être était l’extraction de la plus-value produite par la classe ouvrière iranienne. Il montrait que l’Iran était une société capitaliste, que la cause de la liberté en Iran était inextricablement liée avec la lutte des travailleurs contre le capitalisme. Il exposait clairement pourquoi les forces nationalistes, religieuses ou religieuses-libérales étaient incapable de promouvoir cette cause. Dans ses écrits, il expliquait la signification de la libération, de la liberté et de l’égalité, et les moyens de les atteindre. Tous ses écrits de cette période, particulièrement les brochures « Le mythe de la bourgeoisie nationale et progressiste en Iran », « Le mouvement paysan après la solution impérialiste de la question agraire en Iran », « La perspective de la destitution et la théorie marxiste des crises », « Les trois sources et les trois composantes du socialisme populiste », démolissaient intégralement le système théorique de la gauche non-ouvrière, posant les bases d’un système marxiste cohérent et radical en Iran, qui allait être connu sous le nom de Marxisme révolutionnaire. Ses essais politiques de cette période, comme « Deux fractions de la contre-révolution bourgeoise-impérialiste », « Combattre les réalisations du socialisme populiste », « Guerre, théorie et théorie de la guerre » et « Le populisme dans un cul-de-sac », sont en fait l’application des théories marxistes révolutionnaires pour l’analyse du nouveau régime islamique. Ils constituaient en même temps une critique de l’inconsistance de la politique de compromis adoptée par la gauche traditionnelle à son égard. Ces écrits étaient des proclamations, des bannières pour les travailleurs socialistes dans le contexte d’une révolution accaparée par les autres classes, par le nouveau régime et par une opposition non-ouvrière fort timorée.

Les écrits d’Hekmat étaient clairs, incisifs, cohérents et profonds, son style lucide et vivant. Il restait intelligible même lorsqu’il se penchait sur les questions les plus théoriques. Sa prose, comme le contenu de ses écrits, était sans précédent dans la littérature politique iranienne. Durant la période révolutionnaire, la société iranienne était en ébullition, allant d’un tournant critique l’autre. A chaque fois, le gouvernement islamique réactionnaire qui avait pris le pouvoir au nom de la révolution faisait un pas de plus pour éradiquer le mouvement révolutionnaire ouvrier et populaire. Les forces nationalistes-religieuses restées en dehors du gouvernement, tout comme la gauche traditionnelle, défendaient le nouveau gouvernement, à des degrés divers, ou, en tout cas, ne se levaient pas contre lui. Dans ces circonstances, c’est le marxisme révolutionnaire de Mansoor Hekmat qui représentait, théoriquement et politiquement, la révolution et le mouvement des travailleurs. Aux moments essentiels comme la guerre Iran-Iraq, l’occupation de l’ambassade américaine à Téhéran, le mouvement à Turkman Sahra ou au Kurdistan, les attaques du régime contre les femmes, les chômeurs, les universités, les conseils ouvriers, etc., et les luttes de fractions au sein du régime, l’analyse marxiste d’Hekmat faisait éclater la vérité et guidait les travailleurs et les autres forces révolutionnaires. Le marxisme révolutionnaire avait surgi de la puissante critique marxiste du capitalisme et des nombreux problèmes soulevés par la révolution en cours en Iran.

La signification du marxisme révolutionnaire n’est pas, au demeurant, limitée à l’Iran. Les vues originales de Hekmat allaient contre celles qui prévalaient parmi les courants marxistes au niveau mondial. Sa critique du socialisme populiste démolissait non seulement les systèmes théoriques de ses pôles internationaux, les communismes russes et chinois, le guerillerisme, mais visait également - dans la mesure où elles sont liées à la critique du capitalisme de Marx et mettent l’accent sur le socialisme - des tendances comme le trotskisme et la social-démocratie, qui n’étaient pas représentés en Iran. Son marxisme révolutionnaire avait un caractère international car il analysait les questions sociales et les problèmes de la révolution iranienne dans une perspective de critique ouvrière du capital. Il critiquait le capitalisme, non seulement en Iran, mais aussi dans ses formes les plus avancées en Europe occidentale et aux USA. Ces idéaux de libération de l’exploitation, de liberté et d’égalité auxquels il pensait pour les travailleurs iraniens étaient les même que ceux de la classe ouvrière tout autour du globe. C’était son point de départ et sa méthode qui donnaient à ses vues, quel que soit le sujet traité, un caractère international. Le marxisme révolutionnaire était écrit en Perse et en relation avec la révolution iranienne, mais il ramenait Marx au monde contemporain. Le marxisme révolutionnaire est le royaume de la lutte pratique.

Le marxisme révolutionnaire n’était pas seulement une tendance théorique. Dès le commencement, et parallèlement à la publication des écrits de Mansoor Hekmat, lui et ses camarades se sont engagés dans un travail pour organiser une intervention active dans les développements révolutionnaires sociaux en cours.

En 1979, Hekmat et quelques camarades formèrent un cercle communiste nommé Sahand, et plus tard, une organisation du nom d’Union des militants communistes (UMC) ; Cette dernière initia la publication d’un journal « vers le socialisme ». La publication de « Vers le socialisme », qui contenait la totalité des écrits d’Hekmat, eu pour résultat de gagner un groupe parmi les communistes révolutionnaires les plus avancés et des leaders syndicaux au marxisme révolutionnaire et aux rangs de l’UMC. Parmi les premières activités de l’UMC, il y avait l’engagement dans les luttes de chômeurs et la publication d’un bulletin d’organisation, « Contre le chômage » ; l’organisation d’action de protestation contre l’empiétement de la contre-révolution islamiste sur les droits civils et l’agitation, dans le même temps, pour des droits politiques et civils inconditionnels pour tous, à l’encontre de la revendication de la gauche traditionnelle de tels droits exclusivement pour « le peuple » ; la défense des droits des femmes en opposition à l’imposition par le régime du voile Hijab obligatoire, également en opposition aux forces gauchistes qui ne considéraient pas ces protestations de « femmes de la haute » digne d’être défendues ; organiser de groupes de lecture du Capital parmi les leaders syndicaux ; et l’agitation pour les conseils ouvriers.

Poser les bases d’un programme communiste et construire le parti communiste étaient dès le départ des objectifs pour l’UMC. Un aspect majeur d’activité dans cette période initiale fut de faire sentir aux autres organisations de gauche la signification d’avoir un programme, comme elles ne voulaient ni n’étaient capables de déclarer leurs objectifs et leur politique dans le cadre d’un programme. En 1980, Hekmat rédigea le brouillon du programme de l’UMC, qui fut soumis au vote des membres et finalement publié comme programme de l’organisation. Il formulait les objectifs socialistes de la classe ouvrière, les caractéristiques de l’état qu’elle voulait, et les revendications immédiates de la classe ouvrière pour elle-même et pour le peuple au sens large.

Un trait caractéristique de la pensée d’Hekmat était la relation qu’il avait forgée entre réforme et révolution. Il était un révolutionnaire idéaliste, consistant et sans compromis, qui pensait révolutionner la société capitaliste et libérer l’humanité de son joug politique, social et économique. Il était, dans le même temps, un praticien de la révolution, un leader pratique, qui appréciait la valeur, et se battait pour la moindre amélioration de la vie du peuple. Dans son système de pensée, il n’y avait non seulement aucune contradiction entre réforme et révolution, mais il les considérait comme deux aspects inséparables d’une seule et même lutte. Il critiquait ces marxistes qui, par « révolutionnarisme », soient voyaient les changements comme impossible au sein de la société capitaliste et préféraient ne pas se « salir » les mains avec les luttes quotidiennes, ou ceux qui, comme les sociaux-réformistes européens, se lavent complètement les mains du socialisme et limitent leurs idéaux à des réformes partielles. Hekmat était un marxiste d’un autre genre. Il pensait à la fois l’abolition du capitalisme et, en même temps, les plus petites améliorations dans les conditions de vie de la classe ouvrière et du peuple au sens large, au sein d’un même système. Cette conception particulière entre réforme et révolution apparaît de façon particulièrement claire dans le programme de l’UMC. Le programme proclamait - en même temps que l’abolition du système capitaliste et l’établissement du socialisme comme but immédiat des communistes - une série de revendications concrètes, urgentes, visant à améliorer les conditions concrètes de la toutes les fractions de la population. Il plaçait les luttes pour ces revendications dans l’agenda immédiat, parce qu’elles allaient à al fois améliorer les conditions concrètes de la vie des gens et faciliter la lutte de la classe ouvrière pour le socialisme. Cela constitue un fil qui traverse tous les programmes de partis qu’il a écrit, jusqu’au programme actuel du Parti communiste-ouvrier. La publication du programme de l’UMC attira l’attention. Les organisations de gauche le rejetait à la fois comme « réformiste », « gauchiste » et « trotskiste ». Cependant, il gagna rapidement en popularité à la base. Un membre du parlement islamique fit référence à ce programme comme « l’un des petits groupes contre-révolutionnaires », le déclarant dangereux parce qu’il formulait des revendications « illusoires et impossibles » qui allaient soulever des attentes dans la population. Ses craintes étaient justifiées. Une partie de ce programme « dangereux » - comme les revendications de la liberté inconditionnelle d’organisation et d’expression, et la séparation de la religion et de l’état - se généralisaient, ses revendications populaires étaient adoptées par de nombreuses organisations d’opposition. Une parie du programme d’Hekmat apparaissait maintenant sur les banderoles populaires dans les luttes contre le régime islamique d’Iran.

Comme l’influence du marxisme révolutionnaire croissait dans la société la plus large, des fractions sympathisantes avec l’UMC apparaissaient au sein des organisations de gauche. Le tournant dans la montée en influence du marxisme révolutionnaire fut quand l’Organisation révolutionnaire du peuple ouvrier du Kurdistan (Komala), une véritable organisation de masse menant une lutte armée radicale contre le nouveau régime islamique, y adhéra. Komala, une organisation populiste, qui devait faire face aux problèmes concrets quotidiens posés par les lutes des masses au Kurdistan, était arrivée dans une impasse. Elle réalisait la stérilité de ses vues populistes et trouvait une issue dans le marxisme révolutionnaire. C’est comme si Hekmat avait écrit « Le mouvement paysan après la solution impérialiste de la question agraire en Iran » et « Le mythe de la bourgeoisie nationale et progressiste en Iran » en réponse aux problèmes auxquels avaient à faire face la gauche révolutionnaire au Kurdistan. Finalement, Komala accepta les conceptions et la politique de l’UMC lors de son second congrès, en avril 1981. Quelques mois plus tard, une partie de la direction de Komala rentrait celle de l’UMC à Téhéran. L’été de la même année, Mansoor Hekmat, qui n’avait pas encore choisi son nom de plume, - il était connu sous le prénom de Nader au sein de l’organisation - se rendit au Kurdistan et se trouva impliqué dans les discussions internes de Komala. La direction et les cadres de Komala réalisèrent bientôt que Nader, ce jeune homme modeste, sincère et plein d’humour, avaient des vues originales, fracassantes, proposant non seulement des conceptions théoriques, mais aussi des réponses aux questions pratiques du mouvement révolutionnaire au Kurdistan. Cette année-là, il retourna au Kurdistan une seconde fois Finalement, en avril 1982, au moment de l’assaut gouvernemental massif contre la gauche révolutionnaire, Hekmat et le reste de la direction de l’UMC décidèrent de faire retraite pour bénéficier de la sécurité des zones libérées du Kurdistan.

Dans l’histoire iranienne récente, le 20 juin 1981 marque un tournant du développement politique en général, et dans l’histoire du mouvement de gauche en particulier. Le nouveau régime qui avait jusque là échoué dans ses efforts pour défaire complètement la révolution, lança une attaque radicale, sanglante, sans précédent dans l’histoire récente par sa sauvagerie et sa criminalité. L’expansion du marxisme révolutionnaire dans le mouvement de gauche tourna court. Dans la période entre février et 1979 et juin 1981, il existait dans la société, grâce à la révolution et en dépit du régime contre-révolutionnaire qui était parvenu au pouvoir au nom de la révolution, un climat semi-démocratique qui favorisait le marxisme révolutionnaire, représenté par Hekmat, donnant l’opportunité de croître et de gagner des forces. Au même moment, la gauche traditionnelle commençait à s’émietter. Le parti Tudeh, l’Aksariayyat (Majorité), les maoïstes tiers-mondistes, et les trotskistes se joignaient à telle ou telle fraction du régime, et les organisations populistes-socialistes comme le Peykar ou le Razmandegan plongeaient en crise et, comme Komala, arrivaient dans l’impasse. Le socialisme populiste, sous toutes ses formes, révélait sa stérilité, et laissait le marxisme révolutionnaire s’étendre dans le mouvement de la gauche révolutionnaire iranienne tout entière. L’assaut qui commença le 20 juin 1981 mis un terme à cette tendance. Cela rendit le processus de fondation du parti communiste plus lent et plus dur pour le marxisme révolutionnaire, sans parvenir à le contrecarrer. Le chemin de l’accomplissement passait par le Kurdistan, où vivait la révolution.

Dans la même période, l’UMC commença la publication de son journal politique « l’ouvrier communiste ». Le nom de « Mansoor Hekmat » apparu pour la première fois dans son quatrième numéro, dans une interview sur les pré-recquis de la fondation du parti communiste. Jusque là, suivant une tradition de la gauche iranienne, ses écrits avaient été publiés de manière anonyme. La publication d’articles portant la signature de l’auteur était l’un des résultats de la critique des pratiques de la gauche iranienne, dont les leaders avaient pour règle de rester anonyme. Dans l’éditorial de Vers le socialisme n° 5 (première série), en février 1982, Mansoor Hekmat expliquait que cette coutume d’effacement dans la gauche iranienne, ne pouvait être reconnue comme une méthode de parti, une méthode dans notre mouvement. Il disait : les leaders, les penseurs et les auteurs de notre mouvement doivent pouvoir être reconnus au sein de l’organisation et dans la société, de manière à pouvoir établir une ligne spécifique de pensée et d’action qui puisse être critiquée ou acceptée. Il rejetait le concept de leadership derrière des portes closes. Il expliquait que la classe ouvrière devait être capable de reconnaître ses menteurs comme ses menteurs. Cet argument faisait, en fait, partie d’une discussion plus complète, sur « Le parti et les personnalités », qui allait être exposée quinze ans plus tard dans le Parti communiste-ouvrier d’Iran.

La fondation du parti communiste d’Iran

La nécessité de construire un parti occupait la priorité maximale dans l’esprit d’Hekmat et l’ordre du jour de l’UMC. Dans le cadre de pensée de la gauche non-ouvrière, organiser le parti communiste était devenu, comme de nombreuses autres questions pratiques marxistes, un problème énigmatique et insoluble. Elle était généralement réluctante envers la construction du parti. Ses théories sur ce point n’étaient rien d’autre qu’une série de conceptions mises en avant pour justifier pourquoi il n’était pas possible, dans ’n’importe quelle circonstance, de construire le parti et pourquoi ils ne pouvaient pas le faire. Pour l’UMC, d’un autre côté, c’était une tâche vitale et urgente.

Durant l’automne 1982, le premier congrès de l’UMC se tenait dans les régions libérées du Kurdistan. C’est dans ce congrès que Mansoor Hekmat appliqua sa critique du national-populisme à la pratique, et posa les fondations positives d’une méthode de travail communiste. C’était, en fait, le premier tournant de l’UMC en direction de la construction du parti communiste. En conséquence, il écrit le premier brouillon du programme du parti. Ce texte fut soumis au vote et adopté à la fois par les organisations de l’UMC et de Komala.

Cet hiver 1982, dans un séminaire au Kurdistan, plus tard connu sous le nom de Séminaire du nord, Hekmat proposa ses thèses sur la théorie du parti et les façons concrètes de l’établir dans les conditions concrètes de la gauche iranienne. Il y critiqua les conceptions gauchistes traditionnelles comme la « théorie de la fusion ». Il définissait le parti communiste comme l’incorporation de l’indépendance de la classe ouvrière dans la théorie, de la politique et de la pratique, et expliqua que le marxisme révolutionnaire pouvait et devait se donner pour tâche urgente pour l’organisation du parti. Cela constituait la vision sous-jacente de la construction du Parti communiste d’Iran.

En septembre 1983, l’UMC, Komala et les fractions marxistes révolutionnaires d’autres organisations, et des marxistes révolutionnaires indépendants, fondèrent finalement le Parti communiste d’Iran. C’était un acte historique, un tournant décisif dans l’histoire de la gauche iranienne. La classe ouvrière iranienne était pour la première fois armée d’un parti représentant son programme indépendant, déclarant le socialisme comme son but immédiat.

La fondation du parti communiste était un accomplissement significatif pour le marxisme révolutionnaire et la gauche en général, dans les circonstances particulières dans lesquelles elle se déroulait. Alors que les attaques brutales contre la révolution et les révolutionnaires n’avaient pas cessé après juin 1981, alors que les communistes se trouvaient eux-mêmes coincés et leurs perspectives encore plus sombres dans d’autres parties de l’Iran, le marxisme révolutionnaire, non seulement n’était pas mis en déroute ou réduit au silence. Qui plus est, il fondait le parti au Kurdistan, et lançait le processus de contre-attaque sur un nouveau front immense.

La fondation du parti communiste en soi, la simple nouvelle de celle-ci, initia une nouvelle vague d’espoirs, d’encouragement et de confiance en soi dans la gauche. Elle atteint les prisonniers communistes et révolutionnaires sous la lame des exécutions et leur redonna de la force. Ils se saluèrent mutuellement à cette occasion. Avec la fondation du Parti communiste, le marxisme révolutionnaire ouvrait un nouveau chapitre dans l’histoire de la gauche iranienne et la revitalisait.

Dans le Parti communiste d’Iran, Hekmat avait des choses nouvelles à dire sur de nombreux aspects, depuis la lutte armée jusqu’à l’agitation politique et la propagande, jusqu’aux relations avec les forces et les partis nationalistes. Il rédigea des résolutions et des plans d’action sur des questions telles que l’organisation des travailleurs et l’avancée de la lutte dans les villes, déterminant les étapes et les objectifs de la lutte armée dans le pays, les formes d’organisation des forces Pishmarga, les tournées politiques et militaires (Gashts), l’amélioration des conditions de vie dans les villages des régions libérées, l’organisation des femmes comme Pishmargas et l’assurance de droits égaux à tous les niveaux dans l’organisation, et ainsi de suite. Dans une déclaration intitulée « Les droits fondamentaux des travailleurs au Kurdistan », il exposait leurs droits légaux fondamentaux et les revendications sociales. La publication de cette déclaration fut une autre étape sur la voie de la critique pratique des traditions nationalistes de luttes, des traditions dévoyées des droits ou des revendications du peuple sous quelque forme que ce soit.

Le rôle proéminent joué par Hekmat dans le champ de la lutte armée peut ne pas avoir été clair pour les lecteurs de ses travaux. Il a produit une profonde critique des traditions nationalistes de lutte armée au Kurdistan. Sa stratégie de guerre révolutionnaire allait de pair avec l’organisation des luttes de travailleurs dans les villes, partie intégrante d’une stratégie du parti tout entier. Il avait reconnu les forces Pishmarga comme l’aile militaire du mouvement ouvrier au Kurdistan, et les fit connaître de cette façon. Dans de nombreux cas, où les méthodes traditionnelles de luttes avaient abouti à une impasse, ses conceptions ouvraient une nouvelle voie et se montraient particulièrement efficaces. Ce fut le cas fut la ligne qu’il présenta au cinquième congrès de Komala en 1985. Alors que le champ de la lutte armée avait été sérieusement contraint et que l’emploi des méthodes traditionnelles menait à l’aventurisme ou au pacifisme, sa ligne arma Komala d’une stratégie militaire réaliste, viable et progressiste.

Une autre dimension du personnage d’Hekmat qui ne laisse pas deviner dans ses écrits est son naturel profondément humain et progressiste. Les conditions ouvertes, non-clandestines de la lutte au Kurdistan donnaient à un grand nombre de Pishmargas et de membres du parti de le connaître de près. Celui que tous appelaient affectueusement, après l’adoption du pseudonyme de Mansoor Hekmat, Nader ou Kaak (frère) Nader, était un personnage approchable, humble et sincère. Il détestait la hiérarchie, les titres, la flatterie et tout cela. En dépit de ses capacités exceptionnelles, il n’y avait pas un iota de vanité ou de suffisance en lui. Il voyait tout le monde comme son égal et le traitait comme tel. Il était plein d’humour, spirituel, amical avec tout le monde, aimait les plaisanteries. Dans les meetings et les rencontres, il présentait ses arguments avec aisance, sans condescendance. Il ne voyait comme le mentor ou le grand-frère de personne. Il n’était méprisant avec personne, mais incisif et sans compromis : il fallait soit le convaincre, soit être convaincu par lui. Il avait soin de tous le, se sentait concerné par les conditions de vie dans tel ou tel village, les centre de soin de jour pour les enfants dans les camps de Komala, la santé et l’habillement des Pishmaragas, la situation des femmes dans l’organisation et ainsi de suite. Il réfléchissait et cherchait des solutions à chaque problème. Le respect pour la vie et l’humanité faisaient partie de lui, de façon visible dans ses manières personnelles, dans son caractère et dans ses conceptions politiques.

Dès le début de la fondation du parti, transformer celui-ci en parti ouvrier de masse fut la principale préoccupation de Mansoor Hekmat. Ses écrits de cette période, ses articles d’agitation pour les travailleurs, les cercles ouvriers et les leaders syndicaux, notre activité organisationnelle au sein du monde ouvrier, l’appartenance ouvrière, traitaient des mécanismes d’organisation et de lutte des militants syndicaux et leur relation avec le parti. Ils préfiguraient les discussions approfondies qu’Hekmat appela plus tard « communisme ouvrier » et qui, sous une forme plus profonde et plus développée, fournirent les bases théoriques de la fondation du Parti communiste-ouvrier.

Le communisme ouvrier et le nationalisme kurde

Avant la formation du Parti communiste d’Iran,Komala non seulement ne critiquait pas le nationalisme kurde, mais agissait dans la tradition de ce dernier. Le populisme de Komala était en fait l’aile gauche d’un mouvement dont l’aile droite était formée par le Parti Démocratique Kurde d’Iran (PDKI). Il était lourdement imbu de traditions nationalistes arriérées dans la lutte armée, dans l’activité politique dans le travail dans les zones libérées du Kurdistan, dans son attitude envers les paysans, dans son approche de la religion et sur la question des femmes et même dans les relations organisationnelles. Dès le départ, et même avant la formation du parti, Hekmat était un critique implacable de toutes ces arriérations.

Les traditions arriérées et nationalistes commencèrent à reculer dans l’organisation kurde du parti. Pas à pas, ses tendances nationalistes battaient en retraite face aux critiques sur la religion, les mentalités arriérées, le statut des femmes, le travail au sein du peuple, la publicité du parti t les traditions de lutte des forces Pishmargas. Mais en dehors du parti, la tendance nationaliste ne pouvait tolérer de tels changements dans le mouvement, qui était traditionnellement considéré comme le sien. Pour le PDKI, l’agitation communiste de Komala était trop dure et une « insulte aux choses sacrées ». L’influence communiste croissante de Komala au Kurdistan constituait une menace sérieuse pour le PDKI. Durant l’été 1984, les forces Pishmargas de ce dernier lancèrent une attaque contre celles de Komala, dans la région d’Oraman, débutant une guerre de trois ans.

Les nationalistes au sein de Komala virent cette guerre comme deux forces rivales au sein du mouvement national. La vérité, cependant, est que le KPDI ne pouvait tolérer Komala comme organisation kurde du Parti communiste défendant les idées communistes au sein du peuple. C’est ainsi qu’Hekmat compris la guerre. Il expliquait que la guerre entait une lutte entre la classe ouvrière Kurde et la bourgeoisie pour la liberté d’expression et d’activité communiste. En effet, pour la première fois, le communisme apparaissait avec une telle clarté et une telle radicalité que même la bourgeoisie dans l’opposition ne pouvait le tolérer. La guerre fut menée jusqu’au bout, unilatéralement par Komala, sur le plan et l’initiative d’Hekmat, après qu’il devint clair que le PDKI ne pouvait défaire Komala ou même restreindre son activité communiste. Dans sa première rencontre avec la bourgeoisie locale, l’organisation kurde du parti s’en était sortie honorablement.

Néanmoins, dans le système de pensée marxiste-révolutionnaire, la critique du nationalisme ne pouvait pas aller beaucoup plus loin que la critique des idées et des politiques ou, au mieux, de la méthode pratique et du style de travail. Pour la direction de Komala, qui était venue au marxisme révolutionnaire après la voix sans issue de son populisme, même cette critique du nationalisme par le marxisme révolutionnaire était difficile à prendre en compte. Elle était considérée comme extrême et excessive. Pour Hekmat, au contraire, cette critique n’était pas assez profonde, pas assez radicale ni complète. C’est avec la discussion sur le « communisme ouvrier » qu’Hekmat développa sur cette question une critique marxiste et une analyse des mouvements sociaux plus complète et profonde, incluant la critique du nationalisme. Selon lui, les disputes reposaient en fait des différences de mouvements sociaux, ayant des perspectives de classe différente. La critique du nationalisme n’était pas seulement une critique des idées et de la politique ou même des traditions et des pratiques. Le nationalisme ne pouvait pas être intégré au marxisme.

Naturellement, ces discussions n’étaient pas acceptables pour la tendance nationaliste dans Komala. Silencieuse, avait toléré le marxisme révolutionnaire et la formation du parti. Maintenant, elle commençait à s’exprimer et à opposer une résistance. A ce moment là, Hekmat, qui était en Europe avec le reste de la direction, publia ses conceptions dans le parti, à la fois par écrit et verbalement.

Certains cadres et leaders de Komala commencèrent à attaquer Hekmat avec les méthodes les plus dénuées de principes. De vives discussions fusèrent dans le parti. Bien que les nationalistes soient en minorité, Hekmat, qui ne voulait pas que sa position organisationnelle et son autorité aient un impact sur la présentation de ses conceptions, quitta le comité central pour former le Centre communiste-ouvrier et la fraction communiste-ouvrière. Il mit sur papier ses conceptions et les élabora dans des séminaires spéciaux. Les nationalistes tentèrent de mener la résistance avec les méthodes les plus arriérées. Une large majorité des cadres et des membres rejoignirent la fraction communiste-ouvrière. Finalement, à la 16e rencontre plénière du comité central en 1989, la direction de la tendance nationaliste concéda sa défaite et accepta les critiques. Hekmat fut unanimement élu comme membre du bureau politique et président du comité central.

Organisationnellement, la dispute avait terminé à l’avantage du communisme ouvrier, mais Hekmat savait que politiquement et socialement, le problème subsistait. Il voulait que le Parti communiste d’Iran soit la section organisée du mouvement communiste ouvrier, ou, comme il disait un parti communiste-ouvrier « sur un seul fil », mais il savait que ce n’était pas ce parti. La tendance nationaliste était restée silencieuse et se tenait tranquille, mais elle vivait en son sein. La guerre du Golfe en 199 servit de décor pour la résurgence du nationalisme. Avec l’attaque des USA et de ses alliés en Irak, les forces nationalistes Kurdes virent une opportunité de se rapprocher des USA contre le régime irakien. Les nationalistes dans Komala se montraient également remuants.

Abdulah Mohtadi, du comité central, mis en avant une proposition de résolution au bureau politique, appelant à al solidarité avec les nationalistes kurdes irakiens et, plus spécialement, ’Union patriotique du Kurdistan. Dans un article, Hekmat montra la nature nationaliste et anti-ouvrière de la résolution. Une fois de plus, le débat s’enflamma entre les nationalistes et les communistes-ouvriers, cette fois sur la question de la guerre du golfe.

Les documents de discussion de cette période, publiée dans la collection sur la Guerre du golfe, et en particulier le long article d’Hekmat intitulé « Juste deux pas en arrière », donne une image claire des débats de ce moment. Ils révèlent la clarté et la cohérence de pensée d’Hekmat, sa lucidité politique et ses hauts principes moraux dans les débats politiques avec ses opposants dans le parti. Dans le cours des débats, il devint clair pour Hekmat que le parti existant n’était pas un parti ouvrier homogène ; que l’existence d’une forte tendance nationaliste kurde en son sein, même si elle avait fait des concessions à la tendance communiste-ouvrière, était une barrière sérieuse pour fonder le parti sur des bases clairement communistes-ouvrières face à cette situation, Hekmat choisi une solution imaginative, surprenant et sans-précédent : il démissionna du parti, un parti dans lequel la majorité du comité central, des cadres et des membres soutenaient ses vues et le regardaient comme le leader, où même la tendance nationaliste avait acquiescé organisationnellement. Le futur allait montrer que cette démission, d’une position de force, qui semblait étrange et inexplicable même à ses plus proches camarades était la route la plus dégagée et la plus claire pour renforcer et pousser en avant le communisme ouvrier.

La formation du Parti communiste-ouvrier

Avec la démission d’Hekmat, la majorité de la direction, des cadres et des membres, qui soutenaient ses conceptions, démissionnèrent également du part et joignirent le Parti communiste-ouvrier que lui et d’autres membres du centre communiste ouvrier avaient appelé de leurs vœux. Hekmat avait quitté un parti dont il était le leader, emmenant selon ses propres mots « seulement son stylo », laissant derrière lui le nom du parti et ses ressources pour ceux qui restaient. Par n’importe quel standard politique ou constitutionnel la tendance communiste-ouvrière avait le droit de rester dans le parti et d’exclure les nationalistes. Hekmat laissa ses droits de manière à bloquer toute tentative des nationalistes kurdes de prendre avantage et de provoquer un conflit. Au-delà des droits et des principes organisationnels, il savait que dans le monde post-soviétique, à la fois dans la région et dans le monde, avoir une suprématie intellectuelle et politique communiste-ouvrière et le soutien de la majorité du parti n’était pas assez. Tant que le communisme serait sous l’attaque des forces réactionnaires, le communisme ouvrier ne serait pas en position de se débarrasser du nationalisme sans une confrontation avec les mouvements nationalistes, ce qui dans une organisation armée pouvait aisément mener à un conflit armé. Il démissionna simplement et n’appela même pas ses partisans à en faire autant. Ses partisans le suivirent en démissionnant individuellement du parti et en rejoignant le Parti communiste-ouvrier. C’était la forme la plus civilisée et la moins problématique de détacher le communisme ouvrier du nationalisme kurde. Les cadres restants de la direction du parti communiste-ouvrier dirent à Mansoor Hekmat qu’ils souhaitaient poursuivre sa ligne, et il accepta. Une telle scission était sans précédent dans l’histoire de la gauche et, plus généralement, dans celle de l’histoire des partis autour du monde. Deux ans après la formation du Parti communiste-ouvrier d’Iran, le Parti communiste-ouvrier d’Iraq était fondé. Les écrits Hekmat avaient été traduits en arabe et en kurde depuis déjà longtemps, influençant la gauche irakienne. Des centaines d’activistes de gauche et de leaders dans le Kurdistan irakien avaient appris à lire le farsi pour lire ses écrits. En particulier, les analyses d’Hekmat sur la guerre du Golfe et ses positions contre elles avaient été bien reçues dans la gauche irakienne. Le parti communiste-ouvrier d’Irak était le produit de la croissance et de l’influence sociale des conceptions d’Hekmat au Kurdistan irakien. C’était le seul parti qui se tenait contre les partis nationalistes kurdes réactionnaires, qui avaient pris du pouvoir avec l’extension de la guerre du golfe au Kurdistan, défiant le poids de la religion et des mentalités arriérées. Hekmat était en contact régulier avec la direction de ce parti. Les membres des directions de l’un et l’autre partis rencontrèrent le comité central de l’autre.

Le parti communiste-ouvrier s’était formé à al suite d’une période de lutte politique et théorique contre l nationalisme kurde. Le communisme ouvrier n’était pas, cependant, l’antithèse du nationalisme. La signification de la formation ne résidait pas non plus dans son triomphe sur le nationalisme kurde. Il naissait en opposition aux communismes existants autour du monde. Il était, dans son essence, un mouvement différent. Hekmat représentait le communisme de Marx comme distinct des mouvements des autres classes, qui se réclamaient aussi de Marx. C’était un tournant dans l’histoire du communisme contemporain autour du monde.

Le communisme ouvrier, distinct des autres communismes

Le communisme ouvrier était basé sur la notion fondamentale que le communisme n’était pas seulement un système de pensée, ni même un parti ou une lutte e parti. C’était, avant tout, un mouvement social. C’était le mouvement de la classe ouvrière contre le capitalisme qui existait indépendamment et avant le marxisme et les partis politiques.

Dans ses évaluations et ses critiques des théories et des organisations, le communisme-ouvrier se réfère à la base sociale à laquelle elles appartiennent, Cela explique leurs différences et leurs disputes. Ainsi, ce qui était vu du point de vue du marxisme révolutionnaire comme une « déviation de la théorie de Marx » ou une « révision du marxisme » était considéré par le communisme ouvrier comme une appropriation de Marx par d’autres mouvements sociaux. Ce n’est pas une question d’incompréhension théorique, de confusion ou de disputes au sein du « camp marxiste », mais plutôt des différences entre des mouvements sociaux et des perspectives politico-sociales totalement différentes. Le point de vue communiste-ouvrier, élaboré dans « Nos différences », un des textes les plus profonds et les plus clairs d’Hekmat, identifiait comme un mouvement social non-ouvrier ce que traditionnellement la gauche considérait comme des « déviations du marxisme », comme le maoïsme, le communisme russe, la social-démocratie et la nouvelle gauche européenne. Le populisme iranien n’était pas considéré comme une « déviation du mouvement ouvrier », mais comme l’aile gauche du mouvement national réformiste iranien. Dans son article « anatomie du libéralisme de gauche » une brillante analyse de la révolution et de la théorie marxiste de la révolution, Hekmat critiquait les conceptions de l’organisation de l’unité communiste comme l’aile gauche du Front national iranien [le parti bourgeois nationaliste et réformiste]. Il utilisa la même méthode, plus tard, dans son analyse des forces politiques en Iran.

Mais la meilleure application des théories du communisme-ouvrier peut être trouvée dans l’analyse de l’expérience de la révolution ouvrière en union soviétique, publiée comme une série de débats dans plusieurs numéros du bulletin Le Marxisme et la question de l’union soviétique, de 1986 à 1888 ? Le marxisme révolutionnaire n’offrait pas, ne pouvait pas offrir, une solution théorique à ce problème de base de la gauche internationale ; pas plus que ne le faisaient ou ne pouvaient le faire d’autres tendances qui, à l’échelle internationale, étaient critiques sur l’Union soviétique, comme le trotskisme, le maoïsme ou la nouvelle gauche. Dans des discussions approfondies dans ce bulletin, Mansoor Hekmat expliquait la cause de la défaite de la révolution d’octobre 1917, en dernière analyse, par la défaite du mouvement ouvrier et des bolcheviks par le mouvement national réformiste russe, qui s’efforçait d’industrialiser la Russie. Le nationalisme russe, qui critiquait également le tsarisme à cause de l’arriération du capitalisme russe, fut finalement capable, à la fin des années 1920, de triompher sur le bolchevisme. Il fut capable de prendre le parti et l’état nouvellement formé de la classe ouvrière russe et d’organiser le capitalisme d’état sous le nom de socialisme. L’analyse d’Hekmat de la révolution d’octobre et d’Union soviétique était la critique la plus claire, la plus large et la plus consistante de l’expérience soviétique jamais présentée à la gauche mondiale. C’était sur la base de cette critique que le communisme ouvrier pouvait se tenir honorablement et défier le monde unipolaire qui résultait de la désagrégation de l’union soviétique. Hekmat lui-même disait que le communisme-ouvrier n’était rien d’autre que le communisme de Marx dans les conditions d’aujourd’hui. Les théoriciens et les champions du marxisme de note époque avaient un monde complet devant eux a critiquer et à changer.

La signification internationale de la formation du Parti communiste-ouvrier

Le Parti communiste-ouvrier d’Iran fut fondé en 1991, après la polémique détaillée d’Hekmat et les discussions exposant les idées du communisme ouvrier et après sa démission et celle de ses partisans du parti communiste. La formation du parti était une réponse aux besoins d’un mouvement communiste indépendant et avait besoin de donner à ce mouvement une dimension organisationnelle distincte des partis existants de la gauche, qui représentaient en réalité d’autre mouvements sociaux. Les circonstances et le monde dans lequel le parti était formé reflétaient cette réalité : les forces communistes existantes étaient en retrait ; avec le mur de Berlin, la gauche non-ouvrière s’était effondrée ; la bourgeoisie célébrait ce qu’elle considérait comme la fin du marxisme ; les partis communistes pro-soviétiques et ce qui étaient critiques, soient se dissolvaient, soit changeaient de nom ; l’économie de marché et la sauvagerie capitaliste avaient le champ libre ; et, avec les statues de Lénine, toute idée ou cause humaniste ou égalitaire étaient mise à bas.

Dans ses conditions, Mansoor Hekmat fondait un parti qui avait non seulement à relever la cause socialiste et les idées humanistes de Marx, mais aussi à réaffirmer et à mettre l’accent sur la justesse du marxisme et sa pertinence, avec une clarté et une pureté sans précédent dans l’histoire de la gauche contemporaine. Le Parti communiste d’Iran était la réponse d’Hekmat à l’attaque de la république islamique. Le Parti communiste-ouvrier était sa réponse à l’assaut anticommuniste du monde capitaliste.

Les attaques sur Marx et sur le communisme avaient en fait commencé bien avant la chute du mur de Berlin, avec le Tatchersisme et le Reaganisme dans les années 1980. Le tatcherisme attaquait tout signe d’humanisme, d’égalitarisme et de liberté, le remplaçant dans tous les champs, du politique à l’art et à la culture, avec la sauvagerie nue du marché capitaliste. Comme si la bourgeoisie occidentale était en train de prendre sa revanche du monde gauchiste des années 1960. Les communismes existants, la gauche russe et chinoise, la social-démocratie, le trotskisme et la nouvelle gauche, étaient incapables de résister à cette énorme attaque de la réaction mondiale. En fait, ces tendances sans rapport avec le communisme de Marx, était l’un des facteurs qui facilitait la montée des factions et des représentants les plus droitières et réactionnaires de la bourgeoisie en occident et internationalement. Le tatcherisme ramenait à la surface, avec cela, tout le limon sale de l’histoire. La religion, le nationalisme, le racisme et l’ethnicisme étaient ramené à la surface. Ils jettaient leur ombre menaçante non seulement sur la politique, mais aussi sur la culture, l’art et la philosophie La dissolution de l’URSS accéléra ce processus de régression. Avec la fin de la guerre froide, le monde unipolaire devint une étape pour tous les alliés intoxiqués de la bourgeoisie.

Mansoor Hekmat partait en guerre contre ce monde sombre, avec ses écrits, ses idées profondément humanistes et radicales et avec son parti. Ses écrits de cette période, « L’aube sanglante du nouvel ordre mondial », écrit à l’origine en anglais, traitaient de la guerre du golfe et de sa place dans la consolidation du Nouvel ordre mondial. La série d’articles dans le journal International, critique de la démocratie, du nationalisme et de l’islam politique et, finalement, sons analyse et son point de vue sur le 11 septembre et ses suites, tout cela formait une déclaration et le chef d’inculpation du communisme ouvrier contre le sinistre monde de l’après guerre froide.

Dans « Nos différences », Hekmat attirait l’attention sur le fait que le communisme devait cesser de polémiquer avec lui-même et combattre les idées bourgeoises dans la société ; comme Marx, nous devrions détruire les penseurs bourgeois sur la base de leurs contradictions. Lui-même n’a fait que ça. Les articles « Démocratie : Interprétation et réalité » et « Nation, nationalité et le programme du parti communiste-ouvrier » sont des exemples brillants de ce retour à Marx dans le champ des luttes théoriques. Ce n’était pas juste une répétition et un revival de Marx, mais plutôt, son extension et son approfondissement appliquée aux problèmes mondiaux de la fin du XXe siècle et du début du XXIe.

Les derniers écrits d’Hekmat, une série d’articles sur le 11septembre, qui furent publiés dans les quatre numéros de The International, étaient en fait un manifeste du monde civilisé à la fois contre le terrorisme islamique et le terrorisme d’état occidental. Le 11 septembre, l’OTAN et son islam politique domestique se trouvaient face à sa face. Dans son attitude face à cet événement, la ligne d’Hekmat, qui avait toujours été critique à la fois du nouvel ordre mondial et de l’islam politiquement pouvait être le cri d’une humanité prise entre deux camps réactionnaires. Sans un troisième drapeau, le monde de l’après onze septembre promettait d’être bien sombre.

Le Parti communiste-ouvrier entama une campagne internationale massive autour de ces vues. Les forces actives de ces luttes étaient les organisations à l’étranger du Parti communiste-ouvrier et les nombreuses campagnes ou projets organisées directement ou indirectement par le parti dans différents pays. Défendre les droits des femmes ou des réfugiés, s’opposer au racisme, défendre les droits des enfants au cœur de l’Europe occidentale à un moment ou ces états avaient débuté une attaque massive contre le droit des migrants et des réfugiés, s’opposer à l’islam politique et à l’influence croissante de la religion dans les sociétés occidentales s’opposer aux idées du relativisme culturel et révéler sa nature inhumaine et réactionnaire, en un mot, ouvrir un front de bataille dans chaque champ où le Nouvel ordre mondial s’attaquait aux droits et à la dignité des personnes. Tout cela formait les parties d’une lutte incessante initiée par le Parti communiste-ouvrier. Une lutte à une échelle sans précède dans l’histoire de la gauche, non seulement en Iran mais internationalement. Dans tous les pays où il a des membres et des organisations, le Parti communiste-ouvrier est un parti d’action et d’intervention dans la société. Cela contraste totalement avec les traditions existantes de la gauche, à la fois en Iran et dans le reste du monde, où le maximum du radicalisme a été de lutter en exil contre son propre gouvernement, le type de lutte menée par exemple par la Confédération des étudiants iraniens à l’époque du Shah, ou la gauche sud-africaine et/ ou l’ANC contre le régime de l’apartheid, ou encore les méthodes actuelles de lutte de l’opposition iranienne, même celles qui veulent renverser le gouvernement iranien.

Ce ne sont pas les traditions du parti communiste-ouvrier. Le mouvement communiste-ouvrier d’Hekmat n’est pas juste une force en exil qui lutte contre son propre gouvernement. C’est un mouvement qui défie tout ce qui est réactionnaire et arriéré, et partout où il le peut, se bat pour améliorer les conditions de vie des gens. Le communisme ouvrier, en opposition et en exil, est un parti qui change effectivement la société, la vie des gens. C’est la qualité essentielle donnée à son parti par un leader unique en son genre.

Le communisme ouvrier dans la politique iranienne Mansoor Hekmat prenait position contre la république islamique et ses fractions, ainsi que ses supporters dans l’opposition, comme le représentant et l’exemple de la liberté et de l’émancipation. Sa critique incisive et radicale de l’islam politique et de la république islamique, son analyse profonde de la nature des forces du « deuxième Khordad » (pro-Khatami) dans l’opposition, non seulement faisaient la lumière sur la lutte des partis et de leurs activistes, mais se transformait aussi en l’espoir de tous ceux dont les coeurs battaient pour l’humanisme et l’émancipation. Ses écrits politiques de cette période, publiés dans the International, des articles comme « La crise finale », « Les rêves prohibés des Mujahidins », « Rh-e-Kargar’s Hejab-Gate », « L’histoire de ceux qui n’ont pas été vaincus », « Plastic Al-Ahmads » et de nombreux autres, transformèrent le parti communiste-ouvrier en seul champion de la laïcité, du modernisme, de l’humanisme, et de la liberté, et le véritable représentant du mouvement qui essaie de mettre à bas la république islamique.

Au second congrès du parti, Hekmat introduit une nouvelle discussion hors des sentiers battus, sur la relation entre le parti et le pouvoir politique et la place du parti dans la société. Il voulait rendre le parti approchable, connu et accessible aux gens. Il voulait que les cadres et les leaders soient des personnes connues dans la politique iranienne. Il voulait porter le parti au centre de la politique iranienne et à la tempête du mouvement pour abattre la république islamique. A son discours au troisième congrès du parti, il expliqua que pour faire des changements durables dans la vie des gens, il fallait prendre le pouvoir politique. Ses efforts dans le temps étaient destinés à préparer le parti pour le pouvoir politique. Ses discussions sur le parti et la société et le parti et le pouvoir politique étaient innovantes, sans-précédent et libératrices. Son ingéniosité et sa créativité n’avaient pas de limites.

Durant cette période, le parti ouvrit de nombreux fronts de lutte contre le régime islamique. Hekmat était directement impliqué dans la préparation et la mise en œuvre de la plupart d’entre eux. Ils visaient notamment à empêcher le régime de la république islamique de se donner une bonne opinion publique à l’étranger et auprès des gouvernements occidentaux. Le point culminant fut la campagne victorieuse du parti contre la conférence de Berlin par le mouvement du Deuxième Khorbad. Il y avait aussi la campagne contre la lapidation, contre le voile obligatoire et contre l’apartheid sexuel en Iran, la campagne pour soutenir les travailleurs du pétrole, la campagne victorieuse pour la libération du militant syndical Mahmoud Salehi, la fondation de l’organisation Children first, la construction de l’organisation de la jeunesse communiste et la campagne pour remplacer l’écriture farsi par l’eurofarsi - une écriture créée par et développée par Hekmat lui-même - dans ce qui était son propre projet. Cela fut une lutte incessante du parti d’Hekmat et du mouvement contre la république islamique et, de manière générale, contre la réaction et le traditionalisme dans la société iranienne. L’opposition à Khatami et à la faction du deuxième Khorbad, dès le départ et contre la politique des forces pro-Khatami dans l’opposition furent un champ continuel de bataille durant cette période. Dans la résolution « L’Election de Khatami et la résurgence de l’opposition pro-régime », et dans la série d’articles intitulée « Le dernier acte », Hekmat identifiait les trois mouvements sociaux dans la politique iranienne actuelle : le mouvement monarchiste, ou nationalisme iranien pro-occidental ; le mouvement national-religieux, dont le courant principal actuel est le Deuxième Khorbad. Le mouvement de gauche et communiste, qui est représenté par le parti communiste-ouvrier. Ici, les partis politiques et les organisations sont évaluées selon leurs positions sociales et le mouvement auquel ils appartiennent. Dans cette application du point de vue communiste-ouvrier à la situation politique actuelle en Iran, Hekmat montrait que les organisations et personnalités comme le Parti Tudeh, Aksariyyat, le Front de la liberté, l’Organisation des mujahidin de la révolution islamique, Khatami, Soroush, Khakali and Hajjirain appartenaient tous au même mouvement politique et à la même perspective, et devaient être évaluées critiquement et identifiés comme tels. La signification de cette critique sociale des partis politiques va au-delà d’une simple évaluation de la situation politique actuelle et éclaire l’histoire des vingt-cinq dernières années en Iran et celle des partis et la politique contemporaine de l’Iran contemporain. « Le dernier acte » et « l’histoire de ceux qui n’ont pas été vaincus » d’Hekmat, écrit selon la même méthode, fournissent une image large et vivante des alignements politiques en Iran durant les des dernières décennies. Sans Mansoor Hekmat et le parti communiste-ouvrier, la gauche, l’humanisme et l’amour de la liberté ne seraient pas représentés dans la politique iranienne et l’initiative tomberaient totalement aux mains des partisans du régime actuel ou ceux de l’ancien régime monarchique. Le parti de Mansoor Hekmat aujourd’hui est la force principale de la scène politique d’Iran et du mouvement pour mettre à bas la république islamique.

Le legs de Mansoor Hekmat

Vingt ans de lutte infatigable dans le champ de la théorie et de l’organisation politique et la direction du mouvement qui a répandu ces idées, produit des centaines d’articles théoriques et d’essais, des commentaires politiques, des résolutions tactiques, et des plans d’actions organisées, le programme du parti communiste-ouvrier, « Un monde meilleur » des centaines de discours et de séminaires, de nombreuses organisations, projets et publications dans de champs variés, et par-dessous tout, les deux partis communistes-ouvriers d’Iran et d’Irak. L’immense lutte organisée dans sa diversité et sa large pratique, comme dans sa profondeur théorique et dans sa clarté, est sans parallèle dans l’histoire de la gauche en Iran et dans le monde contemporain, sont un legs inestimables pour tous ceux qui luttent pour le bonheur et la liberté humaine.

La biographie de Zhoobin Razani termine avec sa mort prématurée le 4 juillet 2002, mais la vie de Mansoor Hekmat n’est pas terminée. L’histoire de notre mouvement restera toujours l’histoire de Mansoor Hekmat. L’impact du legs immense qu’il nous a laissé ne restera pas confiné à notre temps et à notre génération ? Aussi longtemps qu’il y aura de l’injustice, de l’inégalité, de la pauvreté et de l’exploitation dans le monde, Mansoor Hekmat et le mouvement communiste-ouvrier, dont il a levé le drapeau, continueront à vivre.


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