FERMONS LES ANPE, LES ASSEDIC, ET TOUT LE BAZAR !
Le 6 février dernier, Werner Braeuner, chômeur allemand, tue le directeur de l’ ANPE de Verden (Basse-Saxe), qui lui avait supprimé ses allocations, son unique source de revenus. Le 13 août, il est condamné à douze ans de prison, après avoir été présenté par une partie des médias comme un forcené assoiffé de sang décidé à relancer la lutte armée. Le procédé est classique : il s’agit de transformer le pétage de plomb d’un précaire qui n’a plus supporté les humiliations quotidiennes en un acte inexplicable qui ne peut être que l’œuvre d’un monstre isolé du reste de l’humanité.
Pourtant, les rubriques faits divers des journaux de toute l’europe sont là pour nous montrer que les soi-disant cas isolés sont de plus en plus nombreux : c’est un père de famille algérien qui tire sur un commissaire venu lui signifier son expulsion, c’est un chômeur excédé qui met le feu à un huissier venu le saisir, c’est un jeune d’origine immigré qui décide d’aller à la mort en faisant sauter quelques flics et hommes politiques. Le discours dominant peut bien présenter ces actes comme n’ayant aucune explication sociale, chaque précaire harcelé par son assistante sociale, insulté quotidiennement par des sales gueules de flics ou d’huissier, condamné à crever au boulot par son patron comprend fort bien le cheminement de misère qui conduit à risquer vingt ans de prison ou une balle du GIPN pour au moins une fois ne plus subir en silence.
XVIe ARRONDISSEMENT
Si nous ne pleurons pas la mort des flics sociaux victimes à leur tour de la violence qu’ils exercent chaque jour contre les pauvres, nous savons bien que seule l’organisation collective de nos attaques et la solidarité au quotidien peut nous permettre de lutter sur la durée contre nos exploiteurs sans finir directement en prison ou au cimetière. Précaires regroupés en collectif, il était pour nous nécessaire de faire savoir à l’Etat allemand que nous ne laisserons pas Werner Braeuner seul face à la répression. Pour cette raison, nous avons occupé le 9 juillet le Centre d’Information et de Documentation de l’ambassade d’Allemagne (CIDAL), situé rue Marbeau dans le 16e arrondissement de Paris, à l’intérieur de l’enceinte du consulat, et donc légalement en territoire allemand .
Les flics du 16e n’appréciant apparemment pas qu’une action de chômeurs ait lieu dans un arrondissement aussi friqué sont venus suite à cela jusque dans le 19e pour perquisitionner par deux fois le domicile de l’un d’entre nous pour l’enmener en garde à vue au commissariat de la rue de la Faisanderie (à 900 mètres du consulat), avant de l’inculper de « violence volontaire sur diplomate », accusation dont il doit répondre aujourd’hui à 13H30 devant la 14ème chambre du Tribunal de Grande Instance, au Palais de justice, sur l’île de la cité.
C’est pourquoi nous sommes revenus aujourd’hui dans le 16e arrondissement pour en occuper l’ANPE. Cette ANPE remplit le même rôle que toutes les ANPE de France, d’Allemagne, ou d’autres pays : nous faire perdre notre temps à nous apprendre à être dociles avec les patrons et pas trop regardants sur le boulot et le salaire, nous ficher, nous fliquer, pour en fin de compte faire baisser les chiffres du chômage en nous laissant le choix entre un boulot de merde payé des miettes et voir ses allocations supprimer. Cette véritable lutte contre les chômeurs prend aujourd’hui la forme d’une offensive sans précédent avec la mise en place en France du PARE ou de ce que les autorités allemandes appellent « le Contrat de Réintégration » : en cas de refus d’une offre d’emploi, les chômeurs allemands se verront supprimer leurs allocations pour une durée de trois mois, ce qui aggravera encore plus le flicage déjà en place et dont a été victime Werner Braeuner pour avoir oser interrompre la formation bidon que le directeur de l’ANPE de Verden lui avait imposé.
Reprenons tous le mot d’ordre de Werner Braeuner :
Fermons les ANPE !
résistons au travail forcé !