par Werner Braeuner, dit " Aidos "

Ma position politique connaît trois pôles qui sont définis par les noms suivants : Erich Neumann, Max Weber, Friedrich Nietzsche.

I- ERICH NEUMANN (1905-1960)

Erich Neumann a publié " Ursprungsgeschichte des Bewusstseins "(" Histoire de l’origine de la conscience ") en 1948. Ce travail contient les lignes de base d’une psychologie universelle de l’espèce humaine, qui est capable de montrer le rôle de l’image et du mythe (comme agglomération d’images) dans le développement de la conscience. Neumann était citoyen allemand de religion juive ; il émigra en Israël en 1934. De son point de vue particulier, il a utilisé sa psychologie pour concevoir l’essence du national-socialisme. Il l’a trouvée dans le phénomène d’uniformisation d’un grand nombre de personnes (en allemand " Vermassung "), une foule qui est en train de de désindividualiser, de s’égaliser avec le temps, c’est à dire de perdre la multitude des modes de vie et des identités. Tout ça provoquerait une réaction physique, la " recollectivisation ". Cette recollectivisation est une psychose, une rechute dans des mondes d’images, d’impressions - en bref, dans un monde archaïque ; il s’en suit que l’intelligence et le sentiment moral de l’être social sont gravement endommagés ; en résultent des éruptions collectives suicidaires, presque à la manière de l’extase. De ce point de vue tous les mouvements politiques traditionnels de masse se valent, notamment les mouvements bruns et verts. Ce n’est pas par hasard que la propagande du mouvement écologiste défend depuis trois décennies la réalisation d’une politique élitiste et antisociale dont le but est l’appauvrissement continu de la plus grande partie des hommes sur cette planète. Le maître d’œuvre des projets politiques du gouvernement américain, Zbigniew Brzezinski, avait prôné en 1970 dans une publication " Between two ages - America’s role in the technotronic era " (" Entre deux âges - Le rôle de l’Amérique dans l’ère technotronique "), de faire avancer l’idée de la protection de l’environnement sur une échelle internationale. La partie allemande de ce mouvement obtint un appui logistique massif de la part de la mafia pétrolière internationale et notamment de la part d’une des structures contrôlées par cette mafia, la CIA (Georges Bush). Cette mafia s’est maintenant diversifiée dans le triptyque pétrole-armes-drogues.

II MAX WEBER (1864-1920)

Max Weber était à son époque à la tête de la sociologie bourgeoise allemande. Il a publié en 1905 " L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme ". Weber soutenait la thèse selon laquelle le capitalisme comme système économique était l’expression d’un état d’esprit religieux, à savoir le protestantisme. Par la suite, des " marxistes " lui ont reproché d’idéaliser l’Histoire d’une manière inadmissible (finalement une dispute niaise pour tous ceux qui agréent que l’être et la conscience entretiennent un rapport dialectique !). En le regardant sur le fond de la psychologie de Neumann, ce travail de Weber prend plus d’importance ; car l’appauvrissement de l’âme humaine, la recollectivisation de Neumann, se réfèrent à la pauvreté des mythes et des images dans le portrait du protestantisme fait par Weber. De même qu’il n’y a pas une religion plus apte que le protestantisme pour ennoblir de travail collectif abrutissant ! Car outre sa pauvreté intérieure, le protestantisme se distingue par l’idolâtrie du travail. " La gauche " n’a pas encore réussi à s’en libérer ; alors qu’au contraire l’idolâtrie du travail à réussi à s’ouvrir comme un piège mortel suicidaire : bien que l’offre de travail s’effondre sans cesse (ce dont on devrait se féliciter !), la gauche n’ose pas exiger un revenu garanti sans contrepartie (quelconque). Il en résulte qu’un certain nombre d’hommes et de femmes vivent une misère sociale qui s’aggrave toujours et toujours. Quant à la description du protestantisme, Weber montre la source qui met à la libre disposition une énergie carrément criminelle en vertu de laquelle la culture protestante arrive à ses bêtes fins d’une manière ferme et fanatique sans qu’il y ait d’égard à la raison modératrice et à la sympathie humaine : le protestantisme est un culte de la conscience, culte de la conscience au mépris du " simple humain ", mépris de ce que Paulus, l’apôtre préféré du protestantisme, avait appelé -dans un sens péjoratif- " l’homme naturel " ! C’est seulement en comprenant cette dynamique que ce potentiel antihumain et destructif de la culture protestante saute aux yeux. Erich Neumann avait voulu vaincre cette éthique meurtrière qui de temps à autre mène à de sanglantes orgies totalitaires. Neumann avait esquissé une " nouvelle éthique " (voir " Tiefenpsychologie und neue Ethik " (" Psychologie analytique et nouvelle éthique "), 1970). Il s’agit d’un brouillon émancipateur, à la différence des brouillons élitistes comme celui d’Antje Vollmer, publié en 1996 dans son livre " Heisser Frieden " (" Paix chaude "), " panem et circencis " (Zbigniew Brzezinski recommande le " tittitainment " !).

III FRIEDRICH NIETZSCHE (1844-1900)

Friedrich Nietzsche a traité de sujets identiques à ceux de Neumann et Weber. Le champ d’activité de Neumann l’avait porté jusqu’à la préhistoire, tandis que Nietzsche s’est borné à l’antiquité méditerranéenne. Mais ils partageaient le même leitmotiv, la psychologie humaine, qui pour Nietzsche était " la reine des sciences ". Un autre thème dominant de Nietzsche le lie à Max Weber, c’est la critique du christianisme. Dans ce domaine sensible Nietzsche n’a jamais marché doucement, il aimait grossir, d’où l’origine de sympathies imméritées, notamment celles de la droite. Mais en le lisant attentivement, Nietzsche ira approfondir et différencier ses thèses pour faire mesurer leur poids ! " Le christianisme est une religion d’esclaves ! " Le christianisme moderne, c’est à dire le protestantisme, était pour lui " la domination de la canaille sur la canaille " (il avait notamment à sa tête la social-démocratie !) ! Tout d’abord cela a l’air brutal, dégoûtant. Mais revues en détail, ses critiques du christianisme et de " la canaille " servirent principalement de leçon pour avertir du danger de totalitarisme et de massacre (Nietzsche avait été infirmier aux hôpitaux militaires durant la guerre de 1870 ; d’où la similarité de la pensée de Nietzsche et de Gustave Le Bon, chef des hôpitaux militaires français, auteur de " La Psychologie des foules ", Paris, 1905). Une bonne partie de " Au delà du bon et du mal " fait penser aux hordes brunes d’Hitler ou à cet illustre " Neue Mitte ", le " Nouveau Centre " du Chancelier néolibérale social-démocrate Gerhard Schröder ! Nietzsche dépouille efficacement le protestantisme, il met à jour sa descendance politique fantomatique : le mythe de l’expulsion du paradis est seulement pour lui le cadre d’action pour jouer le propre noyeau dur de la morale des esclaves, à savoir le mythe de la détresse comme soi-disant état " naturel " de l’existence humaine ! Qui doutera que toutes ces soi-disant " causes objectives " pour légitimer la misère et la détresse sociale sur cette planète se fondent toutes sur ce mythe biblique qui n’est jamais cité ouvertement, parce qu’il a la permission de se cacher au demi-jour de " l’évidence " feinte par l’habitude : " Tu auras la sueur au front quand tu... " (un propos qui est principalement valable pour le christianisme qui est plus hostile à la (bonne) vie que les deux autres grandes religions bibliques). Mais comment les dominants déclinent-ils cette illustre phrase " transpirante " ? Il y a deux variantes :

A/ Tu auras la sueur à ton front quand tu t’abrutis en travaillant.

B/ Tu auras la sueur à ton front quand tu t’abrutis en mendiant.

Le travail et la pauvreté sont donc tous les deux des techniques de domination. La domination s’appuie sur un principe simple : moins les sujets abrutis discutent la morale et mieux ils obéissent. Mais il n’y a pas que les anarchistes qui savent tout cela, il y a aussi bien sûr les " Herrenmenschen ", les seigneurs, ceux qui dominent ! Ceux-là, Nietzsche les considérait comme des sots alors qu’il se considérait lui-même comme intelligent : on doit donc en conclure que Nietzsche était un anarchiste !

Pour terminer : je connais Nietzsche depuis novembre/décembre 1997. Puisqu’il a fortement influencé ma pensée, j’ai précisé " depuis décembre 1997 " dans le titre de ce texte. Quant à Erich Neumann, je le connais depuis 1995, Max Weber depuis 1996. Avant 1995, ma pensée était internationaliste-solidaire, mais au fond elle était protestanto-gauchiste/productiviste. Si je devais me classer aujourd’hui dans les catégories politiques ordinaires, je me définirais comme un anti-idéologiste anarchiste (et bien sûr un antireligieux, cela va de soi). De plus, je milite pour l’auto-organisation économique et sociale. Il est donc clair que je milite pour un revenu garanti sans contrepartie, quelle qu’elle soit (environ 1000 Euros par mois). D’autre part, je ne souhaite pas la suppression de la propriété privée ou de l’argent ; le pouvoir politique n’est pas une question de système politique mais de pouvoir politique (tautologie intentionnelle) ! Une propriété socialisée conduirait à l’érection de structures bureaucratiques. Ce sont des organismes inacceptables qui sentent le soufre, l’assujettissement, le totalitarisme, le centralisme, la hiérarchie, la domination.

Quoi d’autre : je ne refuse pas l’énergie nucléaire en général. Je sais qu’il y existe des centrales très dangereuses, de même que des centrales très sûres. Je pense le savoir car j’ai étudié l’ingénierie mécanique et nucléaire.

VIVE LA NOBLESSE ANARCHISTE !

Aidos, le 19 mai 2001, à la prison de Verden.