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Kurdistan Nord / Kurdistan de Turquie

Kurdistan Nord (Infokurd)

Le traité de Lausanne de 1923, qui consacre la fondation de l’état turc moderne, comportait un certain nombre de clauses sur la « protection des minorités » (section III, art. 37 - 44) : « Il ne sera édicté aucune restriction contre le libre usage par tout ressortissant turc d’une langue quelconque, soit dans les relations privées ou de commerce, soit en matière de religion, de presse ou de publications, soit dans les réunions publiques.

Nonobstant l’existence de la langue officielle, les facultés appropriées seront données aux ressortissants turcs de langue autre que le turc pour l’usage oral de leur langue devant les tribunaux » (art. 39).

Et, en vertu de l’article 37, « la Turquie s’engage à ce que les stipulations contenues dans les articles 38 et 44 soient reconnues comme lois fondamentales, à ce qu’aucune loi, aucun règlement ni aucune action officielle ne prévalent contre elles ».

Le gouvernement turc qui, pendant la guerre de libération d’Anatolie, avait promis une large autonomie aux Kurdes et obtenu l’appui de la majorité d’entre eux, se présenta à la conférence de Lausanne en affirmant parler au nom des peuples turc et kurde, maîtres de la nouvelles république. Déjà, 75 députés du Kurdistan siégeaient ès qualités à la Grande Assemblée nationale d’Ankara.

Moins d’un an après la signature de ce traité qui proclamait l’indépendance de la Turquie, le gouvernement turc décide de mettre en application une politique de « turquification » du Kurdistan, reniant ainsi les stipulations du traité de Lausanne et toutes les promesses faite aux Kurdes, pour réaliser un rêve nationaliste consistant à faire de la Turquie une nation, une et indivisible, parlant une seule langue, pratiquant une seule culture. Dès lors, l’Assemblée nationale fut dissoute et les députés kurdes renvoyés. Un décret-loi interdit les écoles, association et publications kurdes.

Une nouvelles constitution promulguée en 1924 consacre les orientations nationalistes du nouveau régime. Cette idéologie nationaliste, appelée kémalisme, du nom de son inspirateur Mustafa Kemal Atatürk, devient une sorte de religion d’état dont nul ne peut mettre en question les dogmes. L’armée est chargée de la fonction de gardienne du temple kémaliste et depuis 1924 la Constitution et les lois interdisent formellement toute critique d’Atatürk, de sa pensée, de son ?uvre ainsi que des forces armées.

L’un des dogmes fondamentaux du kémalisme est précisément que tous les habitants de la République de Turquie sont des Turcs, même si près d’un tiers d’entre eux sont Kurdes d’une langue et d’une culture différentes. Il n’y a donc pas de Kurdes en Turquie, mais seulement « des Turcs montagnards » ; prétendre le contraire, parler de l’existence d’un peuple, d’une culture, d’une langue kurdes, c’est « saper l’unité nationale en créant des minorités, par des considérations de race, de langue, de religion », « porter gravement atteinte à l’indivisibilité du territoire et de la nation de l’Etat » et c’est même « faire du racisme ».

Dès février 1925, les Kurdes se soulèvent pour contester cette idéologie nationaliste turque et refusent qu’on efface d’un trait de plume leur existence plusieurs fois millénaire sur ces terres. La répression est brutale et fait des dizaines de milliers de morts. Des villages kurdes sont incendiés et leur population déportée. Les dirigeants du soulèvement seront exécutés en août 1925. La France aura sa part de responsabilité dans ces massacres en facilitant le passage de l’armée turque par la Syrie, placée alors sous son mandat.

Mais la résistance kurde se réorganise rapidement. Deux ans après le début de ce soulèvement, le parti kurde Khoybûn (l’indépendance), décide de reprendre la lutte et met en place une armée de libération nationale. Beaucoup de Kurdes d’Iran, d’Irak et de Syrie rejoignent rapidement la résistance. Ihsan Noury Pacha, brillant officier d’état-major dans l’armée ottomane, est nommé à la tête des forces kurdes. Celles-ci résistent pendant près d’un an aux attaques coordonnées des forces turques et iraniennes. Encerclée de toutes parts et sans aucune aide extérieure, l’armée kurde capitule finalement en 1932.

Aussitôt après des dispositions sont prises pour détruire la société kurde traditionnelle et accélérer le processus d’assimilation. Toute l’administration civile et militaire du Kurdistan sera placée sous le contrôle d’un « inspecteur général de l’Est ». Une loi de déportation sera promulguée en vertu de laquelle plusieurs centaines de milliers de Kurdes, des intellectuels et chefs tribaux opposés à cette politique d’assimilation forcée seront déportés en Anatolie centrale et occidentale. Tous les noms kurdes seront rebaptisés.

En 1937, la Turquie, l’Irak et l’Afghanistan concluent le pacte Saabadad, dont l’action des signataires est leur lutte commune contre la subversion, en particulier kurde. Dans les années qui suivirent, les armées turque, iranienne et irakienne n’ont pas hésité à réunir leurs forces pour mater ensemble des révoltes kurdes qui ont éclaté à l’intérieur de leurs frontières en concluant, notamment en 1956 le Pacte de Bagdad (remplacé plus tard par celui de C.E.N.T.O.) sous l’égide de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. L’une des clauses de ce pacte prévoit la répression coordonnée des révoltes qui viendraient à éclater sur le territoire de l’un de ces Etats. Elle trouvera une application immédiate lors de la révolte des Kurdes de la province de Djouanroj (Kurdistan iranien), réprimée par les forces irako-iraniennes.

En 1938, un autre soulèvement éclate dans la région de Dersim et va tenir tête à l’armée turque pendant plus d’un an. Il sera finalement noyé dans le sang. Cette révolte qui fera des dizaines de milliers de morts, massacres collectifs de villageois et déportations en masse de la population sera aussi la dernière tentée par les Kurdes de Turquie. La lutte armée ne reprendra qu’un demi siècle plus tard, en août 1984, à l’instigation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Ainsi, depuis sa création en 1923 jusqu’en 1938, le gouvernement turc est obligé de faire face, en tout, à dix-huit révoltes kurdes revendiquant la reconnaissance de leurs droits nationaux.

Depuis la dernière révolte de Dersim, la lutte des Kurdes en Turquie sera essentiellement politique. Après la fin du pouvoir du parti unique e 1946. La Turquie elle-même entrera dans une longue période d’instabilité politique, jalonnée de coups d’Etat. Le 27 mai 1960, des jeunes officiers renversent le gouvernement. Le Premier ministre sera pendu. Une nouvelle constitution sera élaborée. Quelques mois plus tard, un certain nombre de chefs traditionnels kurdes déjà en exil sont arrêtés. En guise de protestation contre les procès intentés à quarante-neuf intellectuels kurdes emprisonnés depuis un an, des manifestations se déroulent le 8 mai 1961 dans plusieurs villes du Kurdistan. Des banderoles proclament : « Nous ne sommes pas Turcs, mais Kurdes ; le gouvernement doit reconnaître nos droits nationaux ». La police ouvre le feu. Selon une estimation, il y aurait eu à Mardin 121 tués et 354 blessés et à Diyarbakir 194 tués et 400 blessés. Vers le fin des années soixante, la jeunesse intellectuelle kurde s’organise et crée des associations culturelles. La misère et l’oppression de la population de l’Est (l’utilisation des mots « kurde » et « Kurdistan » étant strictement bannie) restent le thème majeur de leurs activités. Un nouveau coup d’Etat, mars 1971,intersira toutes ces associations et dissoudra le Parti Ouvrier de Turquie qui comptait 15 députés à l’Assemblée nationale et avait osé mentionner l’existence des Kurdes en Turquie. Plusieurs milliers de Kurdes emprisonnés ne seront libérés qu’à la faveur d’une amnistie décrétée en 1974.

Mais aucune interdiction, ni intervention armée ne pourra plus arrêter l’expansion du mouvement nationaliste kurde. Des dizaines d’associations et partis politiques travaillent d’abord dans la clandestinité ensuite plus ouvertement pour avancer et politiser la cause kurde. La réponse à cette question viendra par un coup d’Etat militaire supplémentaire en septembre 1980, mais beaucoup plus répressif que les précédents avec un bilan accablant en matière de droits de l’homme. Selon un journal turc qui publie, dans l’un de ses numéros de décembre 1989, le bilan des années 80 pour l’ensemble de la Turquie : 650 000 personnes sont gardées à vue, 350 000 personnes interdites de quitter le territoire national, 50 000 employés, enseignants et magistrats licenciés, 250 000 livres brûlés ou mis au pilon, 937 films de cinéma interdits, réquisition de la peine de mort pour 6 400 inculpés dont 50 ont été exécutés, plus de 500 personnes à la suite des grèves de la faim. 30 000 personnes ont quitté le pays pour des raisons politiques et 14 000 d’entre elles ont été déchus de leur nationalité.

Ces chiffres qui concernent les dix premières années qui ont suivi le coup d’Etat ne comprennent naturellement pas le bilan spécifique encore plus catastrophique du gouvernement turc dans le Kurdistan qui est gouverné depuis presque 20 ans sous un régime d’exception où tous les pouvoirs politiques et civiles sont concentrés dans les mains des militaires : 3 000 villages détruits et leur population évacuée, 2.5 millions de Kurdes déportés ou contraintes de quitter la région, assassinat pur et simple ( attribué généralement à des mystérieux escadrons de la mort encadrés par des militaires de haut rang) de plusieurs centaines d’intellectuels kurdes, emprisonnement de plus de 30 000 militants politiques souvent pour délit d’opinion, y compris des députés d’origines kurde pour lesquels l’immunité parlementaire ne pouvait être valable, incendie de la végétation et des forêts, destruction de toute vie économique, sociale et culturelle. Enfin la liste est longue. Tous les rapports publiés depuis ces 15 dernières années par des ONG et des institutions étatiques dont au moins une centaines du Parlement européen et du Département d’Etat américain montrent clairement l’étendue des dégâts causés à l’existence des 15 millions de Kurdes de Turquie.

Aucune pression internationale, ni même la résistance armée que livrent, depuis 1984, les Kurdes de Turquie n’ont pu infléchir la politique du gouvernement turc qui consacre tous les ans près d’un tiers de son budget dans sa guerre contre les Kurdes. Les constitutions et lois turques adoptées depuis 1924 sont toutes imprégnées d’une idéologie ultranationaliste. Les interdictions frappent la langue et la culture kurdes n’ont pas été modifiées, quelque soit leur coloration politique, par aucun gouvernement turc au cours de ces soixante-dix dernières années. Suivant les périodes, le contexte local et international, le législateur s’est contenté d’alléger ou d’aggraver les peines encourues par ceux qui contreviennent à ces interdictions permanentes, véritables « invariables historiques » de la République turque. Au c ?ur de ce dispositif juridique, les articles 141 et 142 du code pénal, adopté en 1926, interdisent aux Kurdes toute expression de leur identité et le droit de créer leurs propres associations et partis. Politiques interdit aux formations politiques turques d’affirmer l’existence des kurdes de Turquie et de préconiser la protection et la diffusion de leur culture. Les généraux arrivés au pouvoir à la suite du coup d’Etat du 12 septembre 1980 ont innové en promulguant une « loi des langues interdites » ( la loi n° 2392) dont les dispositions s’étendent à tout le champ de la vie culturelle, artistique, scientifique et politique. La constitution qu’ils ont imposée au pays interdit dans ses articles 26 et 28 l’usage d’une langue prohibée dans l’expression et la diffusion des opinions.

Cette politique turque, qui nie l’existence politique et culturelle de plus d’un quart de sa population, explique le nombre impressionnant de Kurdes de Turquie qui ont quitté le pays et se sont dispersés à travers le monde depuis la fondation de la République turque. L’immense majorité des Kurdes se trouvant en Occident est constituée, en effet, des Kurdes de Turquie. En France, ils doivent représenter plus de 90% de tous les kurdes immigrés ou réfugiés.


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