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Ca sert à quoi la prison ? (Octobre 2000)

Ca sert à quoi la prison ?

« La liberté, c’est toute l’existence. Mais les humains ont crée les prisons, Les règlements, les lois, les convenances et les travaux, les bureaux, les patrons. »

René Clair

La première fois que je me suis retrouvé dans un préau de prison - j’avais 42 ans, un casier judiciaire vierge, et n’avais jamais imaginé une seconde aboutir un jour en prison - j’ai regardé autour de moi et me suis dit « ben elle est forte celle là, me voilà maintenant avec les bandits et les assassins ! »

Aujourd’hui, j’ai 9 ans de détention et 3 ans de cavale, j’ai connu quatre prisons différentes en Belgique, fréquenté quantité de détenus (dont certains avaient connu des prisons françaises, allemandes, hollandaises), correspondu avec des détenus à l’étranger.

Aussi, plutôt que de décrire mes propres conditions de détention, voudrais-je d’abord faire remarquer que ces conditions peuvent être très différentes selon
- que l’on se trouve dans une maison d’arrêt, une maison de peine ou une prison de transit, une prison moderne ou archaïque
- que l’on a un travail ou une activité qui permet de quitter sa cellule quelques heures par jour, ou au contraire qu’on y est enfermé 24h sur 24
- que l’on est prévenu ou condamné
- que l’on effectue une courte peine, où dès la sortie on retrouve famille, logement et emploi, ou au contraire une très longue peine où on se rend compte qu’on a tout perdu et qu’il n’y a plus grand chose à espérer de la vie.

Pourtant, aussi diverses que soient les conditions d’incarcération, il y a une constante ; la prison, c’est surtout se faire chier, encore se faire chier, toujours se faire chier.

Avec comme ennemis le temps qui ne passe pas mais vous vole votre vie, et cette sensation perpétuelle d’enfermement dans un monde d’exclusion.

Alors, ça sert à quoi la prison ?

Le point de vue juridique

La prison n’est pas une punition, c’est seulement une privation de liberté, disent les juristes. Difficile d’être plus hypocrite !

C’est comme si un père disait à son enfant : « puisque tu n’as pas été sage, tu seras privé de dessert, mais attention, ce n’est pas une punition, c’est seulement une privation de dessert. »

Personnellement, à part la torture, je ne vois pas ce que l’on pourrait infliger de plus terrible à un homme comme punition.

Le point de vue des spécialistes.

« Les prisons sont des pourrissoirs dont on sort plus dangereux pour la sécurité publique qu’on y est entré. »(Ph. Toussaint, rédacteur en chef du Journal des procès). « ... l’emprisonnement, paradoxalement, n’est pas un mode de lutte contre le crime, mais contribue à le propager ». (G. Kellens, juriste, dans Journal des Tribunaux n° 5888).

Le point de vue du détenu

« Putain de justice », c’est certainement l’expression que j’aurai le plus entendu en prison.

Dans ce monde de non-droit qu’est aussi la prison, tout détenu apprend à ses dépens qu’il a principalement deux droits : celui de se faire chier et celui de fermer sa gueule, sous peine d’être mis au cachot.

Un long enfermement détruit le détenu à petit feu, à commencer par ses capacité de concentration, de mémoire et de décision, puis sa condition physique (on fume souvent comme un turc pour tuer l’ennui), ses sentiments, sa sexualité ... et provoque un repli sur soi et une coupure de la réalité.

Pour expliquer cette lente auto-destruction à vous qui êtes dehors, disons qu’en prison on ne décide jamais de rien : on ne décide ni de ce qu’on mange ni de l’heure à laquelle on mange, ni de l’heure ni du jour où l’on prend sa douche, ni de l’heure à laquelle on allume la lumière le matin ou éteint le soir, ni de quand on change la literie, ni même des vêtements qu’on porte. Ce sont les règlements (restrictifs, punitifs, brimants, chiants, infantilisants, crétinisants ...) ou les matons ou la direction qui décident pour vous.

A devoir tuer le temps pendant des minutes, des heures, des jours, des mois, des années, dans ce monde borné éternellement par quatre murs de 2 m sur 4, où il ne se passe jamais rien d’agréable, où on ne retrouve pas la fine fleur de l’humanité et où la drogue sévit, le détenu finit par n’être plus tout à fait normal.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que la plupart des détenus sortent de prison plus dangereux pour la sécurité publique qu’ils n’y sont entrés. On a beau me parler de « réinsertion sociale, aide et reclassement, cours de formation aux détenus, service psycho-social, groupes de parole, assistance de probation, justice, droits de l’homme, démocratie et état de droit » (et blablabla et blablabla), j’ai surtout constaté que tout était fait pour « casser » le détenu, avec comme résultat, d’en faire un récidiviste en puissance, qu’il soit désabusé, révolté ou meurtri. Finalement, j’ai conclu de tout cela que la prison c’est

La négation de la vie.

Je ne parle pas de la vie végétative et biologique, mais de la vie humaine, de tous les plaisirs de la vie.

Par exemple, je pense que le plus grand plaisir de la vie, c’est la femme, le sexe, l’amour, la tendresse.

Cela n’existe pas en prison.

Le deuxième plaisir de la vie, c’est sans doute la gastronomie. Or, en prison on mange mal. Le vin et la bière n’existent pas. On ne reçois pas de boissons au repas de midi. On distribue bien du café le matin et le soir, mais pour moi, il est imbuvable.

Des plaisirs tout simples comme voir un oiseau sur une branche, admirer un coucher de soleil, se promener dans un parc, cela n’existe pas en prison.

Personnellement, je ne vais jamais au préau : s’y faire chier à tourner en rond en regardant des murs de 10m de haut, surmontés de barbelés est pire pour moi que de se faire chier en cellule à zapper devant la télé ou à faire des réussites.

Les relations humaines dignes de ce nom n’existent pas en prison : apercevoir un copain à la terrasse d’un café et aller prendre un verre avec lui, oublions cela ! On est même privé de projets de vie : pas question de projeter une journée à la mer, une séance au cinéma ou une soirée chez des amis.

Pour certains, la prison c’est même privé d’espoir : quand on en sortira, ce sera sans rien : plus de maison, plus de meubles, plus de voiture, plus d’argent, plus de travail, plus de femme, mais des millions dettes (frais de justice, parties civiles, amendes...) et ce n’est pas avec un gros casier judiciaire qu’on a les meilleures chances de trouver un travail bien rémunéré.

Avez-vous compris pourquoi la plupart des détenus risquent de sortir plus dangereux pour la sécurité publique qu’ils ne sont entrés ?

André Malraux a écrit : « Quand les hommes sortent de prison, leur regard ne se pose plus. Ils ne regardent plus comme des hommes. »

Un monde sans prison ?

Et alors ça sert à quoi la prison, si on en sort plus dangereux ?

La prison (avec les lois répressives, les tribunaux et les flics), sert principalement à protéger les biens des riches contre l’envie des pauvres.

Ca sert à maintenir l’ordre, l’état de droit, comme ils disent.

Mais quel ordre, quel droit ?

Le droit pour le riche propriétaire de toucher un loyer, pour le pauvre locataire de payer un loyer.

Le droit pour le riche de placer son argent en banque et de toucher des intérêts, pour le pauvre (à condition qu’il ne le soit pas trop) d’emprunter de l’argent et de payer des intérêts, et pour le braqueur de banque, le droit ... d’avoir un procès équitable conformément à la convention européenne des droits de l’homme.

Le droit pour le patron de rouler en mercedes, pour l’ouvrier de fabriquer des mercedes.

Le droit pour le patron et les actionnaires d’accaparer les millions de bénéfices, pour les travailleurs, de contribuer à les produire.

Dans ces conditions, faut-il militer pour la suppression des prisons ?

Et d’abord, un monde sans prison est-il possible ?

Si vous croyez que non, voyez les peuplades les plus primitives : les indiens d’Amazonie, les pygmées d’Afrique, les aborigènes d’Australie ...

Le mot prison n’existe même pas dans leur vocabulaire, et pourtant, depuis des millénaires, ils ne se volent pas, ne s’escroquent pas, ne se cambriolent pas l’un l’autre. Mais évidemment, il n’y a pas non plus de fossé entre les riches et les pauvres chez eux !

Par contre, à l’autre bout de l’échelle, aux Etats-Unis, pays le plus capitaliste au monde, où donc le fossé est le plus grand entre les riches et les pauvres, il y a près de deux millions ( !) de personnes emprisonnées, et pourtant ... la plus forte criminalité au monde.

En Belgique, il y a des dizaines de milliers de cambriolages. En 9 ans de prison, j’ai donc fréquenté quantité de cambrioleurs, pourtant, à ce jour, je n’ai pas encore rencontré un ministre, un banquier, un capitaine d’industrie, un riche propriétaire ou un riche actionnaire, condamné pour cambriolage !

Avec un porte-feuille bien rempli, on n’est pas sujet à la tentation d’aller cambrioler.

Il y a donc un lien évident de cause à effet entre criminalité et pauvreté.

Qu’il y ait dans notre société crimes et délits est un fait, mais voir les faits sans voir les causes, c’est voir l’arbre sans la forêt.

Militer uniquement pour la suppression des prisons, ce serait s’attaquer au mal sans s’attaquer à ses causes, ce serait mettre la charrue avant les bœufs.

Il faut donc militer contre les causes de l’enfermement, c’est à dire premièrement contre le capitalisme, machiavélique système d’exploitation de l’homme par l’homme à l’échelle planétaire, créateur de misère, d’exclusion, de guerres, de répression, de fossé grandissant entre les plus riches et les plus pauvres.

Dans une organisation économique libertaire et égalitaire, qui pratiquerait la justice sociale (répartir justement le travail productif, les richesses et les logements entre tous) au lieu de la justice répressive, vous verriez les prisons commencer à se vider, alors qu’actuellement elles sont pleines à craquer.

Jean-Paul Depouhon, Octobre 2000


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