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Lettre de Regis Schleicher (17 mars 2005)

Vingt et un : le nombre des hivers interminables de l’acharnement. Vingt et une années d’humiliation. Vingt et une années rythmées par l’arbitraire pénitentiaire. Vingt et une années de misère sociale et affective.

Dans le courant des dix-huit dernières, Nathalie est devenue hémiplégique, Georges a souffert de graves troubles mentaux, Joëlle dut être opérée de métastases au cerveau et un cancer du poumon a été diagnostiqué chez Jean-Marc. Quant à moi, depuis deux ans on me maintient dans l’environnement délétère d’un quartier d’isolement, entouré d’une population de psychotiques, afin que les démonstrations intempestives de leur mal-être qui perturbent mes nuits et mes jours finissent par avoir raison de mon équilibre psychique.

Vingt et une années de pression psychologique tendant à me faire abandonner l’étendard de la lutte et à me pousser à fouler le paillasson du reniement.

Vingt et une années de résistance aussi, qui n’aurait pas été possible sans l’affection et la solidarité de mes proches et des camarades, connu(e)s et inconnu(e)s.

Six : ce sont les ans écoulés depuis l’expiration de la période de sûreté attachée à la peine de réclusion à perpétuité que les Sections spéciales m’infligèrent pour mon engagement au sein du mouvement révolutionnaire.

Je continue de penser qu’on ne peut se satisfaire d’un monde en qui chaque jour quinze mille enfants meurent de faim, de soif et des conséquences de la malnutrition.

Je continue de penser qu’on ne peut adhérer à un système où la loi du profit conduit par millions les sidéens africains et asiatiques à l’hécatombe.

Je continue de penser qu’on ne peut consentir à un ordre mondial en qui l’on pille comme on massacre, en qui l’on méprise comme on exploite, en qui l’on exclut comme on licencie.

"Je continue de penser qu’on ne peut accepter une planification économique en qui la bestialité, l’absence de vergogne et le défaut d’états d’âme sont les règles de base de la réussite

Je continue de penser que l’avenir est au genre humain, à l’harmonie, à la xénophilie, au respect des individus et des différences, non pas à la barbarie, à la concurrence, au chauvinisme ou au sexisme.

En clair, je continue de penser qu’un autre monde est possible, et pas un instant je ne regrette d’avoir lutté ni ne renie l’idéal communiste.

Cela étant, et pour éviter les polémiques récurrentes, je reconnais à notre lutte les limites qui furent les siennes. Pareillement je nous reconnais une part de la responsabilité collective dans les errances de l’agir révolutionnaire pendant la période qui s’est ensuivie, avec les conséquences que cela a impliquées pour le mouvement social.

Cinq : comme autant de demandes de libération conditionnelle et autant de rejets. La dernière au motif que mon désir de liberté « pousse le tribunal de l’application des peines à s’interroger sur la volonté de réinsertion du condamné, son respect des normes et des valeurs régissant la vie sociale ». A leur décharge, au bout de dix-neuf ans, lassé de payer la facture de l’après-11 septembre et de faire les frais de la propagande du tout sécuritaire, las qu’on me volât ma vie, j’avais choisi de booster le destin et d’aller quérir la liberté par d’autres voies...

« Étrangement », on n’a pas eu la moindre hésitation quant à « la volonté de réinsertion » et quant au « respect des normes et des valeurs régissant la vie sociale » des tueurs du SAC (l’officine de basse besogne qui opérait pour le compte du RPR) et des sicaires du GAL (qui œuvraient à la solde de l’État espagnol, avec la complicité des polices hispanique et française) lorsqu’il s ’est agi de leur accorder une libération conditionnelle.

Au bout de vingt et un ans d’enfermement, six années après l’expiration de la période de sûreté attachée à la condamnation qu’ils m’infligèrent, ma cinquième demande de libération conditionnelle a donc été rejetée parce que je suis « toujours susceptible d’être renvoyé devant le tribunal correctionnel pour [...] tentative d’évasion ».

« Bizarrement », on a fait montre de beaucoup moins de pudibonderie juridique dès lors qu’il a été question d’aménager les peines des condamnés de l’affaire Elf et de celle des frégates de Taiwan, dont « la situation pénale [était] susceptible d’évolution » elle aussi.

Le 20 janvier 05, lors de l’audience du tribunal de l’application des peines, le procureur de la République ne manqua pas d’affirmer « que [je serai] lourdement condamné » pour ces faits. Une prescience qui pourrait se comprendre s’il ne s’agissait du procureur de la République de Troyes... alors que je dois comparaître à Paris ! Ce qui en dit long sur le caractère équitable du procès qui m’attend, pour ceux qui auraient encore des illusions sur l’avenir que l’on réserve aux militants révolutionnaires emprisonnés...

Durant la longue traversée du désert des années 1990, les classes populaires et les exclus de toute nature, précaires, femmes, immigrés, sans-papiers et sans-abri, jeunes, etc., ont dû faire face à la montée en puissance d’une offensive dévastatrice contre des conditions de vie et de travail déjà problématiques.

Cette mise à mal s’est traduite par une atomisation accentuée des liens sociétaux et la généralisation d’un statut unifiant de déshérités, imputable au rognage des acquis historiques du mouvement ouvrier (Sécurité sociale, retraites, assurance chômage, droit d’asile, etc.).

Aujourd’hui la recomposition vivifiante du mouvement social et des réseaux antagonistes inquiète les tenants du libéralisme et du tout répressif.

Dès lors, la néantisation du patrimoine d’expérience que nous, prisonniers révolutionnaires représentons devient un objectif stratégique pour les zélateurs locaux du nouvel ordre mondial. Inversement, la préservation de cette mémoire de lutte, sa valorisation à travers la mise en évidence des limites et des erreurs de la pratique militante que nous avons promue constitue un terrain possible de diffusion de la conscience collective.

Pour cette raison, la dialectique : acharnement de leur part/résistance de la nôtre devient un terrain de cristallisation des tensions, comme en témoigne le rejet de ma cinquième demande de libération conditionnelle, six ans après l’expiration de la période de sûreté attachée à ma peine, au terme de vingt et une années d’enfermement, et, plus dramatiquement, la tentative de faire rimer acharnement et anéantissement dans les cas de Joëlle, Nathalie, Jean-Marc et Georges...

La vigueur de la mobilisation en faveur de notre libération prouve la lucidité et la maturité « des forces militantes qui la font vivre ainsi que leur compréhension de l’importance de cet enjeu.

Je tiens à remercier avec la plus grande chaleur, humainement et politiquement, tous ceux et celles qui y prennent part et qui ainsi perpétuent l’espoir.

Clairvaux, le 17 mars 05

Régis SCHLEICHER


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