C’est le 8 novembre 2002 qu’a commencé le procès en appel " Marini ", dans lequel beaucoup de camarades sont inculpés pour divers motifs : organisation subversive, bande armée, braquages et autres crimes spécifiques qualifiés " terroristes ". Tout a commencé en 1995, par une grande action policière suivie de nombreuses perquisitions par les ROS (Groupe d’Intervention Spéciale) chez un grand nombre de camarades dans toute l’Italie ; d’où l’arrestation de 13 inculpés (alors qu’il y avait 26 mandats) après une année (novembre 96) d’investigations. Au premier stade du procès, tous étaient acquittés pour le motif d’organisation subversive, alors que 13 autres personnes étaient condamnées pour les autres accusations citées plus haut.
Depuis le début, le procès a eu la très nette caractéristique d’un procès d’opinion envers les anarchistes ; en effet, pour pouvoir emprisonner les ennemis de l’Etat et de l’Autorité, le juge Marini inventa l’existence d’une organisation armée nommée ORAI qui, selon lui, aurait effectué cambriolages et autres délits de différente nature, structurée en deux niveaux : un " ouvert " comprenant les personnes qui revendiquent ces délits par la propagande, l’autre " clandestin " comprenant les personnes qui effectuent les délits.
Pour renforcer une accusation aussi fragile, et assez invraisemblable, (certains des inculpés ne se connaissent même pas), le juge décida d’utiliser les services de 2 " collaborateurs ". L’un d’entre eux est Mojideh Namsetchi qui, très bien renseignée par les ROS sur ce qu ’elle avait à déclarer, s’est contredite d’une manière flagrante durant son témoignage à propos des braquages auxquels elle aurait participé. Ainsi, elle démontra le but de Marini et autres esclaves de l’Etat (les ROS) qu’il fallait condamner les inculpés coûte que coûte.
Marini trouva l’autre " collaborateur " dans une famille d’informateurs très connue : la famille Sforza.
Au début de l’année 2002, quelques semaines avant la deuxième partie du procès, Giovanni Barcia, détenu à Madrid où il purge une peine de 72 années de prison, a été subitement transféré en Italie, sans que ses proches ou son amie n’en soient informés, procédure pourtant " normale " quand on veut aller rendre visite à son ami. Ce n’est qu’après quelques jours que ce transfert apparût temporaire et lié au procès Marini. En effet, Marini avait maintes fois essayé d’obtenir ce transfert, sans succès car l’Espagne s’y opposait. Mais la raison du transfert a été encore plus claire lors d’une des premières séances, quand Marini a dit que Barcia aurait des choses importantes à déclarer, et ce, en rapport avec le procès. Mais Giovanni a tout de suite fait connaître son intention de ne pas assister aux audiences et de ne pas répondre aux questions, montrant ainsi sa volonté de retourner en Espagne, le 21 novembre.
Pendant les audiences, nous pouvions revoir le même scénario que pendant la première partie du procès. Marini essayait de gagner les faveurs du jury en énumérant les faits de manière très confuse et mentionnant même des faits complètement étrangers à ce procès. Il faisait tout ça pour impressionner le jury et le convaincre de " l’extrême dangerosité " des prévenus, avec sans cesse des allusions sur " le danger d’un retour vers les années noires du terrorisme ".
Pendant ces audiences, beaucoup de camarades présents dans la salle ont laissé éclater leur colère et leur haine quand ils ont entendu Marini parler de " l’infidélité envers l’idée anarchiste " de certains prévenus ; car, selon Marini, l’anarchie est synonyme d’égalité et de liberté, mais que cela n’a rien à voir avec la violence. Une interprétation de la pensée anarchiste plutôt pratique pour les flics, maîtres et serviteurs de tous les Etats, comme Marini. C’est l’émergence de la distinction entre le " bien " et le " mal ", ou plutôt entre celui qui " exprime pacifiquement ses propres idées en respectant la légalité démocratique ", (qui se trouve dans la cage des lois), et celui qui veut plutôt détruire toutes les cages. Plus l’Etat apprécie et applaudie le premier, plus il criminalise le second. C’est la logique suivie par Marini qui, depuis le procès, a toujours fait cette opposition bien/mal, bon/mauvais, pour démontrer que son procès n’est pas un procès d’opinion, car en fait toute personne qui s’adapte aux limites définies par les lois d’Etat est libre de penser ce qu’il veut et peut donc se déclarer anarchiste si bon lui semble, et sans conséquences. En même temps, celui qui ne s’adapte pas à ces limites et les transgresse, subit la réponse de l’Etat qui, dans ce cas, a prévu une farce gigantesque dans le but de touche tous ses ennemis d’un seul coup.
[texte reçu le 9 mars 2003]
Compte rendu par la Croce Nera Anarchica (ABC) - Italie
Source : http://toutmondehors.free.fr/italie/marinicnaappel.html