A la fin du mois d’octobre 2000, les prisonniers politiques révolutionnaires en Turquie ont commencé une lutte de la plus grande importance. Des centaines d’entre eux se sont mis en grève de la faim pour revendiquer la suppression des prisons de type "F", l’abolition des lois dites "antiterroristes", la dissolution de la Cour de sûreté de l’État, et la condamnation des responsables des massacres dans les prisons.
L’année 2002 s’achève et cette terrible lutte se poursuit. Elle a déjà coûté la vie à 98 camarades. Certains sont mort d’épuisement, d’autre sous la torture, d’autre encore ont été abattus et même brûlés vifs lors d’assauts policiers contre les dortoirs des prisons. Tous ont fait le sacrifice de leur existence pour la cause des peuples de Turquie, la cause révolutionnaire dans leur pays. En même temps, par l’objet de leur lutte, par leur abnégation et leur héroïsme, tous ont servi la cause des peuple du monde entier.
L’isolement, la torture et la liquidation des prisonniers politiques révolutionnaires sont des projets concrets, plus ou moins avancés, dans tous les pays impérialistes. La Turquie est l’avant-poste de cette barbarie fasciste. Les États européens dits "démocratiques" s’y préparent avec discrétion en vue des affrontement de classe inévitables auxquels la crise historique du capitalisme conduit. Le jeûne à la mort que poursuivent les prisonniers en Turquie nous défend aussi, nous tous prisonniers politiques, d’aujourd’hui ou de demain, en Belgique, en France, en Espagne, en Allemagne et ailleurs.
Pour la troisième fois depuis le début de l’affrontement dans les geôles turques, les prisonniers révolutionnaires, anti-impérialistes, anarchistes ou communistes rassemblés dans la Plate-forme du 19 juin 1999, veulent adresser un témoignage de solidarité, de reconnaissance et fraternité aux camarades qui poursuivent là-bas le jeûne à la mort. Nous serons en grève de la faim la semaine du 16 au 22 décembre.
Nos pensées durant cette modeste action iront à ceux qui ont tout donné dans l’affrontement, à ceux, très nombreux, qui ont perdu la santé, la vuen, la raison face aux bourreaux. Elles iront aussi à ceux qui, sur place, sont férocement réprimés parce qu’ils refusent de se taire devant le crime, d’être les complices, fût-ce silencieux ou fuyants, des assassins.
Nos camarades sont en droit d’attendre en Europe une mobilisation et une solidarité autrement plus large, ferme et radicale. Ceux qui revendiquent la responsabilité de révolutionnaires, ou seulement de démocrates sincères, ne peuvent plus tergiverser. Ce sont les charniers de l’avenir que l’on creuse à présent en Turquie.
La solidarité est une arme !
A bas le fascisme de l’État turc !
Vive la résistance des prisonni(è)res révolutionnaires en Turquie !
Vive l’internationalisme prolétarien !
Nous vaincrons !
Prison de Leuven, le 16 décembre 2002,
au nom des signataires de la Plate-forme du 19 juin 1999,
Pierre Carette.