Interview de Revolutionärer Aufbau avec un membre du FPLP, en janvier 2002
- Raconte nous de la situation actuelle en Palestine.
Il s’agit d’une situation explosive, caractérisée par deux phénomènes : le premier concerne une extrême tension entre les deux parties présentes - deux volontés contradictoires qui s’opposent, celle du peuple palestinien qui aspire à sa liberté et son indépendance totale, et celle d’un gouvernement extrémiste d’occupation dirigé par un criminel de guerre Ariel SHARON, dont la politique vise à maintenir coûte que coûte une situation d’occupation. Le deuxième phénomène c’est l’affrontement généralisé dans l’ensemble des territoires occupés. Israel, dirigé par une coalition d’extrême droite, cherche à réaliser deux objectifs : mettre fin par la force et la violence à l’Intifada palestinienne et éliminer physiquement l’existence même de l’autorité palestinienne. Sharon a reçu le feux vert de l’impérialisme USA pour actionner son plan qui vise à la réalisation de ces deux objectifs. Il faut dire aussi que Sharon bénéficie d’une attitude européenne (UE) caractérisée par un manque total d’action. L’EE laisse faire Sharon dans sa politique extrémiste de répression alors que l’UE est le premier partenaire commerciale d’Israel. L’UE ne manque donc pas de cartes à utiliser face à une politique destructive de Sharon. Quant au monde arabe, il est dans une période d’impuissance totale ; il ne fait que regarder les événements comme s’ils se déroulaient sur une autre planète.
Quelle est l’analyse du FPLP par rapport à l’action contre le ministre Zevi ?
Cette action légitime du FPLP contre un ministre extrémiste du gouvernement de Sharon, s’inscrit dans une légitime défense d’un peuple sous une occupation militaire qui n’a que l’objectif que de le chasser de sa terre. D’abord, cette action remarquable du FPLP s’est réalisée dans un hôtel se trouvant dans la partie de Jerusalemme occupée en 1967 (donc dans les territoires occupés). Ensuite c’est une action qui a visée un des trois piliers de la politique d’occupation sioniste. Les trois piliers sont l’armée occupante, les colons sionistes installés dans les colonies et les hauts responsables qui conduisent et planifient l’ensemble de la politique d’occupation. À cela il faut ajouter que cette action du FPLP est une réaction légitime à l’assassinat du 27 août 2001 du secrétaire générale du FPLP, le camarade Abu Ali Mustapha. Cet assassinat était ordonné par le gouvernement israélien auquel appartenait Zevi, donc il était responsable de celui-ci.
Quelle a été la réaction du gouvernement sioniste à l’action ?
La réaction sioniste a été très violente. L’armée a attaqué plusieurs villes et localités palestiniennes, elle a procédé à l’arrestation de dizaines de nos camarades comme l’exemple du médecin Ahmed Maslaman. En suite, le gouvernement de Sharon a exigé l’arrestation des autres et même de notre nouveau secrétaire général, le camarade Ahmed Saadat.
Quelle a été la réaction des autorités palestiniennes ?
L’autorité palestinienne d’Arafat a condamné l’action comme d’habitude et sous les pressions israéliennes et américaines elle a procédée dernièrement à l’arrestation de notre secrétaire général Ahmed Saadat et de plus de 40 autres camarades. L’acte de l’arrestation du secrétaire générale du FPLP est très grave, il met en danger l’unité nationale du peuple palestinien, il brise également les relations déjà fragiles entre les organisations palestiniennes avec l’autorité palestinienne. Le FPLP avec les 14 organisations palestiniennes de l’Intifada actuelle ont exigé la libération immédiate du secrétaire générale du FPLP mais également des détenus palestiniens arrêtés par l’autorité palestinienne.
Et quelle a été la réaction des mouvements et des organisations palestiniens ?
Toutes les forces palestiniennes (14 organisations) ont signé un communiqué commun qui exige la libération du secrétaire général du FPLP suite à l’élimination de Zevi et elles ont soutenu l’action du FPLP en déclarant que celle-ci est légitime et héroïque. Quant aux masses palestiniennes, leur réaction était d’admiration totale pour l’action du FPLP.
Explique nous les différentes stratégies politiques-militaires entre les organisations.
Les 14 organisations palestiniennes n’ont pas la même stratégie politique et militaire. Nous du FPLP, nous partageons avec les 14 organisations les mêmes objectifs de l’Infifada, à savoir la liberté et l’indépendance . Pour nous celle-là est une étape dans la lutte palestinienne puisque nous pensons que ce conflit historique qui dure depuis un siècle, ne peut être définitivement résolu que par la création d’un seul Etat démocratique et laïque sur la totalité de la terre de la Palestine - un Etat où tout le monde a les mêmes droits et les mêmes devoirs et cela indépendamment de la religion. Cette stratégie du FPLP n’est pas partagée par tout le monde. Parmi les organisations palestiniennes (islamistes) il y a celles qui pensent à la création d’un Etat islamique, ce n’est pas notre avis. Cela serait dangereux pour le peuple palestinien. Quant aux stratégies militaires, la aussi, les palestiniens ne sont pas unanime sur la méthode à suivre. Nous, dans le FPLP, nous disons très clairement que notre stratégie vise les trois piliers de la politique d’occupation sioniste c’est à dire l’armée, les colons et les dirigeants de cette politique.. D’autres organisations pratiquent la stratégie des Kamikazes. C’est une stratégie qui peut être utilisée contre la lutte du peuple palestinien. Nous ne partageons pas cette stratégie.
Raconte-nous du rôle de la section armée du FPLP sur le terrain et de ses actions
Nos camarades membres des Brigades d’Abu Ali Mustapha (section armée du FPLP) sont très présents sur le terrain. Ils sont actifs, visent les militaires et les collons. Nous avons beaucoup de martyres. Les médias d’ici ne parlent que des grandes actions dans le cadre de la lutte armée qui visent les occupants. N’oublions pas que nous sommes un peuple sous une occupation ; nous avons le droit de résister et de lutter afin de libérer nos territoires et pour créer un propre Etat indépendant.
Quel est le rôle des jeunes dans l’Intifada ?
La jeunesse palestinienne est très présente dans la lutte palestinienne. Les jeunes palestiniens participent massivement à l’Intifada, soit au niveau de l’affrontement avec l’armée et les collons que sur le plan de mise en place de la stratégie de la lutte armée. Un quart des 1000 martyres palestiniens sont des jeunes. Il y a 350 prisonniers qui ont moins de 18 ans et des milliers de blessés qui sont jeunes. Il ne faut pas oublier que 60% du peuple palestinien dans les territoires occupés ont moins de 25 ans. On peut ajouter un autre élément qui est en faveur de la participation des jeunes palestiniens dans la lutte : le niveau élevé de la politisation. La politique de l’occupation sioniste qui vise à chasser le peuple palestinien de sa terre ne laisse personne dans l’indifférence. Tout le monde est visé par cette politique. L’humiliation quotidienne due à cette politique pousse les palestiniens et les palestiniennes, m^mes les jeunes, à réagir.
Quelle est la situation des prisonniers politique ?
Avant l’Intifada actuelle, il y avait presque 2000 prisonniers dans les prisons israéliennes. Il s’agit de détenus politiques. Depuis le 28 septembre 2000 d’autres prisonniers se sont ajoutés. Actuellement on estime que le nombre des prisonniers palestiniens s’élève à 3000. Parmi eux il y a 350 enfants palestiniens, ce qui viole les conventions internationales. Nous estimons qu’il y a une urgence de mener une campagne internationale pour libérer ces enfants prisonniers. De plus Israel pratique la torture de manière systématique contre les détenus et cela représente une autre violation des droits internationales. Enfin il ne faut jamais oublier que l’autorité palestinienne a arrêter presque 200 palestiniens dont 40 membres du FPLP (aussi le secrétaire générale de notre organisation). Cette attitude de l’autorité palestinienne est tout simplement inacceptable et condamnable.